Accueil ACTUALITÉ TUNISIE : Kaïs Saïd rejette le diktat du FMI

TUNISIE : Kaïs Saïd rejette le diktat du FMI

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Pressée tel un citron par les exigences du Fonds monétaire international (FMI) qui octroie des crédits financiers aux pays en proie à des crises économiques aigües, la Tunisie a décidé de tirer un trait sur ses négociations avec cette institution financière internationale.
Engagée depuis six mois pour l’obtention d’un prêt à hauteur de 1,9 milliard de dollars, les négociations ont abouti à un accord préliminaire signé en octobre 2022, mais le décaissement de la 1ère tranche de ce prêt n’a pas encore eu lieu, car le gouvernement tunisien ne s’est pas engagé dans les réformes exigées par le FMI notamment les réformes d’assainissement des finances publiques et le rétablissement de la stabilité macroéconomique. Des réformes qui généraient des licenciements massifs de travailleurs de la fonction publique et la suppression des subventions de l’État. L’annonce a été faite, jeudi soir, par le président de la Tunisie, Kaïs Saïed, lors d’une cérémonie marquant le 23ème anniversaire du décès du père de l’indépendance tunisienne, Habib Bourguiba pour dire non au diktat de cette institution monétaire. « En ce qui concerne le FMI, les diktats provenant de l’étranger, et qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement, sont inacceptables » a déclaré le chef de l’État tunisien, assurant que le pays est tout à fait capable de surmonter la crise en comptant sur ses moyens propres.
Le Président tunisien a signé ainsi la fin des tractations avec le FMI et le maintien, par la même, des subventions et autres compensations octroyées aux Tunisiens. Mais comment faire alors pour sortir de la crise ? Le Président tunisien a sa propre feuille et des alternatives afin de sortir de l’ornière. Il s’agit entre autres de la récupération des biens détournés, qu’ils soient en Tunisie ou dans les banques étrangères. « Pour quelle raison l’étranger refuse de nous restituer notre argent? Il s’agit des biens du peuple tunisien… Le monde et les entités financières, telles que le Fonds monétaire international, doivent comprendre que l’être humain n’est pas un simple chiffre… Nous exigeons le respect de la volonté du peuple… Il y a un axe humain de notre travail», a affirmé Kaïs Saïed. Mais si l’espoir du Président tunisien pour redresser son économie moribonde repose sur la restitution de l’argent volé et placé ailleurs à l’étranger, les Tunisiens sont-ils en mesurent d’attendre sachant que ce processus est très long et parsemé d’embuches ?

Un prêt insuffisant de 1,9 milliard de dollars
Il faut savoir que les besoins réels de la Tunisie pour couvrir ces besoins financiers sont estimés à 5 milliards de dollars pour l’année en cours, et par conséquent, les 1,9 milliard de dollars attendus ne sont guère suffisants, mais ils sont une garantie préalable à l’obtention de crédits alloués par d’autres bailleurs de fonds, comme la Banque mondiale. D’où les pressions exercées contre la Tunisie pour adhérer à d’autres préalables. La décision du Président tunisien laisse tout de même pantois sachant qu’aucun pays à travers le monde n’a eu à recourir au FMI par gaieté de cœur si ce n’est par obligation dictée par les crises intenables comme ce fut le cas de l’Algérie qui est déjà passée sous les fourches caudines de cette institution impitoyable en conditions dans les années 90 et donc mieux placer pour comprendre les magouilles de cette institution financière internationale. Les pratiques du FMI tout comme la Banque mondiale, tous deux un pur produits des Occidentaux, sert à obliger les pays à perdre une partie de leur indépendance et de leur décision politique à travers des ingérences internes et autres pressions. Il est ainsi à se demander si la Tunisie, à travers sa décision, n’a pas eu de garantie de la part de pays amis dont l’Algérie pour lui « passer » de l’argent avec des exigences sûrement souples. Dans sa récente déclaration, le Président avait affirmé soutenir le pays voisin dans ses négociations avec le FMI qui peinaient à se concrétiser sur le terrain. On peut ainsi avancer sans risque de se tromper que cela sous-entend un soutien financier qui ne dit pas son nom. L’Algérie qui respire mieux à présent sur le plan économique, de plus un pays riche en ressources énergétiques, pourrait sauver la Tunisie. De plus que le pays entretient d’excellentes relations avec la majorité des pays à travers le monde en raison notamment de sa politique étrangère respectueuse des affaires internes de pays souverains. Via cette posture, l’Algérie pourrait prendre la tête d’une initiative financière en direction de la Tunisie où d’autres pays pourraient contribuer. Ou peut-être que c’est déjà fait. En effet, l’Agence italienne « Nova » a déjà révélé, dans ce cadre, l’existence d’intenses contacts entre l’Algérie et l’Italie pour dégager une initiative commune en vue d’apporter une assistance à la Tunisie qui fait face à une crise économique et sociale grave. Selon le journal londonien «Elarab », cette initiative commune pourrait consister à des aides financières et autres facilités économiques et commerciales qui pourraient appuyer les efforts de l’État tunisien pour sortir de cette crise inédite. Il est certes que la Tunisie est un pays touristique avec des recettes touristiques cumulées qui dépasse 1 milliard de dinars tunisiens, durant le premier trimestre 2023, ce qui représente une évolution positive de 64%, par rapport à la même période de l’année dernière, d’après des données publiées vendredi, par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) et dispose d’une stabilité institutionnelle et sécuritaire qui encouragent le tourisme, mais il reste que si la Tunisie a décidé de fermer les portes du FMI, c’est que d’autres portes s’étaient déjà ouvertes quelques part, ailleurs, loin de cette institution financière internationale.
Brahim O.

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