Une première réunion a eu lieu vendredi, entre les 5 membres permanents, autour d’un projet de résolution proposé par la France et centré autour d’Alep.
Les cinq grandes puissances ont eu, vendredi, une première discussion sur un projet de résolution française sur la Syrie et vont continuer de négocier entre experts, selon des diplomates. La France espère présenter lundi son projet, centré sur la situation dramatique à Alep, à l’ensemble des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Lors de la première réunion entre ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine), la Russie n’a pas rejeté a priori le texte, demandant du temps pour l’examiner en détail. « Il n’y a pas eu d’opposition d’emblée des Russes », a affirmé un diplomate. Le projet français est centré sur la situation à Alep (nord de la Syrie), bombardé sans relâche par les forces syriennes et russes depuis l’écroulement d’une trêve parrainée par Washington et Moscou.
Le texte appelle à rétablir un cessez-le-feu, conformément à l’accord américano-russe du 9 septembre, afin de permettre un accès humanitaire sans entraves à la population assiégée des quartiers rebelles d’Alep, et à interrompre les survols de la ville par des appareils militaires. Un «mécanisme de supervision » de la trêve est aussi prévu, auquel participeraient des experts venus de plusieurs des pays membres du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS). Le GISS est né à l’automne 2015 à Vienne et se compose de 17 pays et trois organisations multilatérales, soutiens de l’opposition syrienne et du régime de Damas. Ce groupe est co-présidé par les États-Unis et la Russie et comprend aussi l’Iran, l’Arabie saoudite et les puissances européennes.
Sortir de l’impasse
L’idée française « n’est pas de pousser la Russie à mettre son veto (à une résolution), mais d’essayer de sortir de l’impasse et des accusations mutuelles », a expliqué un diplomate. « Ce ne sera pas facile », a-t-il cependant ajouté. La Russie a été mise en accusation au Conseil de sécurité pour sa participation au bombardement d’Alep et les relations entre Américains et Russes, qui se rejettent mutuellement la responsabilité de l’échec de la trêve, se sont nettement détériorées. Après avoir menacé toute la semaine de rompre le dialogue diplomatique avec la Russie sur la Syrie, les États-Unis ont assuré vendredi que les discussions restaient en « soins intensifs » et qu’elles n’étaient pas encore mortes. Le secrétaire d’État, John Kerry, a pour le troisième jour d’affilée eu au téléphone son homologue russe Sergueï Lavrov, sans que ce dernier lui annonce que le déluge de feu sur Alep (nord) allait s’arrêter.
Le plus grand hôpital d’Alep-Est à nouveau bombardé
Cet hôpital est le plus grand de la partie rebelle de la ville. Il a déjà été la cible de bombardements avec un autre établissement médical mercredi.
Le plus grand hôpital des quartiers rebelles d’Alep, déjà bombardé mercredi, a été samedi la cible d’au moins deux barils d’explosifs, a rapporté la Syrian American Medical Society (Sams). « Deux barils d’explosifs ont frappé l’hôpital M10 et il y a des informations sur l’utilisation d’une bombe à fragmentation », d’après Adham Sahloul, de Sams, l’ONG basée aux États-Unis qui gère cet hôpital. Cet établissement hospitalier, ainsi qu’un autre, avait déjà été visé mercredi par des bombardements. Au moins deux patients avaient été tués et deux membres du personnel soignant blessés dans ces attaques, selon Médecins sans frontières (MSF). Les deux hôpitaux avaient été contraints de suspendre leurs activités et seuls six établissements sont encore en activité dans les quartiers est d’Alep, contrôlés par les rebelles, selon Sams. Après ces bombardements, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait dénoncé des « crimes de guerre ». L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a également fait état samedi d’une frappe aérienne contre un hôpital de campagne dans le quartier rebelle de Sakhour. « Une personne a été tuée et l’hôpital est hors service », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, sans pouvoir préciser dans l’immédiat si la victime faisait partie des patients ou du personnel médical.
Ces bombardements interviennent en pleine offensive des troupes loyales au régime de Bachar el-Assad qui cherchent à reprendre la totalité d’Alep, deuxième ville du pays divisée depuis 2012 et devenue le principal front de la guerre en Syrie. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Syrie est le pays le plus dangereux pour les personnels soignants avec 135 attaques contre des centres médicaux en 2015. Le conflit syrien a fait plus de 300 000 morts en 5 ans et engendré la plus grande crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.