L’eau se vend mal en Algérie, ou disons le : pas trop bien ; en tous cas, pas au rythme rentable recherché par les producteurs des marques d’eau minérales (et non les producteurs d’eau, car l’eau est un don du ciel que personne ne produit).
Aussi, les soupçons sur la source infectée restant insaisissables, où chacun y va de sa version pour commenter, extrapoler, décoder et trouver le fin fond de l’énigme, a été un pain béni pour les producteurs, les vendeurs et les revendeurs. Les consommateurs, mal informés, comme toujours, adoptent des comportements « de la survie » : se rationner en eau minérale et éviter les fruits, les légumes et tout ce qui sonne suspect. Au final, les nombreuses fausses informations lues ici et là et relayées créent une pénurie encourageant la spéculation. Le fardeau vendu jusqu’à peu 150 dinars (pour six bouteilles de 1,5 litre d’eau) a vu son prix grimper à 180 et même 200 dinars. Dans les bus et trains, en ces périodes de grosses chaleurs et de grosses craintes aussi liées au choléra, la petite bouteille, qui se vendait à 15 ou 20 dinars au plus, se donne à 40 et 50 dinars.
Comme le pain, en manque depuis l’avant Aïd El-Adha, qui se vend sur les trottoirs (car on le trouve pas ailleurs que chez les «informels) à 20 dinars la baguette, alors qu’en temps normal, la baguette fait 10 dinars pour le pain ordinaire et 15 dinars pour la baguette «améliorée».
Que faire ? Dire que toutes les rumeurs qui circulent pour créer une spéculation sont aléatoires et être pris pour un niais ? Ou pointer le doigt sur une conspiration des «ventrus» et devenir partisan de la théorie du complot ?
Imad Mohamed Amine
