Au lendemain de la publication d’une enquête par l’agence américaine Associated Press, accusant l’Algérie de maltraiter les migrants subsahariens et de les abandonner au désert, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) prend position et défend les autorités algériennes. Alors que l’agence américaine Associated Press a affirmé, dans son enquête, que les expulsions sont estimées à plus de 13 000 cas sur les 14 derniers mois, la Ligue répond et accuse l’agence de publier des «faux rapports». «Le Bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme a été surpris par le contenu du rapport de l’Associated Press of America dans une longue enquête, publiée lundi 25 juin 2018, où il affirme que l’Algérie a abandonné plus de 13 mille migrants sur les 14 derniers mois, dans le désert près du Niger et du Mali», écrit l’ONG à travers un communiqué de presse rendu public hier. À cet égard, le bureau national de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme considère que ce rapport «n’est pas objectif, et vise des fins non-innocentes». Plus loin encore, l’ONG accuse les réalisateurs de l’enquête de vouloir exercer des pressions sur l’Algérie afin «d’établir une base militaire en Algérie», et, en second lieu, de «vouloir obliger l’Algérie à conclure un accord avec l’Union européenne sur les réfugiés illégaux, qui sera obligée de recevoir de l’Union européenne, comme fut le cas avec l’accord signé il y a deux ans avec la Turquie». En conséquence, l’ONG a souligné que «ce rapport ne repose pas sur des informations précises ni même sur des critères scientifiques dans son évaluation», estimant que «l’agence américaine «Associated Press» ne se donne pas de réaliser des enquêtes sur le terrain et se limite à fonder son approche sur des opinions personnels».
Tout en rappelant que le désert du «Ténéré», qui se situe entre la wilaya de Tamanrasset et le Niger, est l’une des régions les plus difficiles surtout durant l’été, l’ONG affirme que plusieurs candidats à l’émigration clandestine se retrouvent morts dans cette région. Véritable cimetière à ciel ouvert, le bilan annuel est macabre. Selon la LADDH, au moins 150 à 300 personnes perdent annuellement la vie dans cette région. En ce sens, le communiqué de la Ligue affirme que les candidats à l’émigration sont souvent abandonnés à leur sort dans cette région par les transporteurs qui sont souvent des trafiquants. Également, elle rappellera que les candidats à l’immigration clandestine déboursent des sommes colossales d’argent pour pouvoir atteindre le territoire algérien. «Les candidats à l’immigration déboursent entre 1 100 pour pouvoir traverser le désert et 1 500 euros pour pouvoir atteindre la région de Tamanrasset», affirme l’ONG qui précise que les trafiquants voient leur affaires fleurir, malgré la fermeture des frontières, et ce, grâce aux multiples guerres qui se sont déclenchées dans la région. Ainsi, pour l’ONG, la traite des personnes dans cette région est induite par le climat de tension que vivent les pays de la région. Accusant ces trafiquants de travailler au profit des armées qui sont derrière ces conflits, la ligue se contente de qualifier l’enquête d’Associated Press d’erronée. Pis encore, l’ONG rappelle les importantes découvertes d’armes par l’Algérie dans la région frontalière avec le Mali, notamment à Bordj Badji Mokhtar, ou encore à In Guezzam, près de la frontière avec le Niger.
«La taille de ces armes, qui sont périodiquement découvertes, soulève des questions urgentes quant aux raisons de leur existence sur le territoire algérien», rajoute le communiqué.
Lamia Boufassa