Suivre et évaluer la maturation des études des grands projets, dont le montant dépasse les 20 milliards de dinars, assurer le conseil et l’assistance technique aux institutions publiques, chargées de l’exécution des grands projets structurants. Tel est en gros le rôle majeur de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (Cned). Or, il s’est avéré que l’institution joue un nouveau rôle, qui se résume à «faire économiser de l’argent à l’État». C’est du moins ce qui ressort de la déclaration du directeur général de la Cned, Amar Grine. Exemples à l’appui, le DG cite plusieurs modèles de projets, où les conseils de la Cned se sont révélés payants. Ainsi, il a évoqué, dans une interview accordée à l’APS, la réalisation du Centre international de conférences de Club des Pins (Alger) pour lequel une enveloppe financière de 62,3 mds de DA a été allouée, le projet de la Mosquée d’Alger (102 mds de DA) ainsi que les cinq (5) projets des villes nouvelles de Boughezoul, Sidi Abdallah, Bouinan, El Ménéa et Hassi Messaoud.Pour ces villes nouvelles, Amar Grine précise que le projet de Hassi Messaoud, placé sous la tutelle du ministère de l’Énergie, a été doté d’une autorisation de programme de 97 mds de DA, alors que les quatre autres projets, relevant du secteur de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, ont bénéficié d’une dotation financière globale de 394 mds de DA.
Le financement par le Trésor public de la réalisation des villes nouvelles touche trois aspects liés à la mise en place de conditions de développement de la ville qui sont la constitution du portefeuille foncier, la réalisation des études et la viabilisation du site. Également, la raréfaction des ressources, suite à la baisse des prix du pétrole et la situation de déficit du Trésor public, ainsi que le recours de plus en plus accru aux avoirs du Fonds de régulation des recettes qui obligent le gouvernement à chercher des substitutifs au budget de l’État pour le financement de l’investissement public ont été abordés par le DG. À ce sujet, Grine fait savoir que les réévaluations ont concerné 42 projets, d’un montant de 641,6 mds de DA, sur les 73 projets dont l’Autorisation de programme est de 5 200 mds de DA, qui font l’objet de suivi par la CNED, soit 6,5% de la totalité du montant global. « La plus grosse part de ces réévaluations sont des réajustements de coût par rapport a ce qui a été octroyé initialement dans l’Autorisation des programmes, c’est-à-dire avant le lancement des appels d’offres relatifs à la réalisation des projets en question », souligne le même responsable, ajoutant que le coût initial du projet est fixé et inscrit à partir du devis quantitatif et du prix unitaire de ce projet. En outre, dans sa recherche de modes de financement alternatif au budget de l’État, notamment dans le cadre du partenariat public-privé national ou étranger (3P), la CNED avait déjà lancé en 2010 une réflexion, dont les résultats ont été présentés en 2014 au ministère des Finances. D’après le responsable, cette réflexion vise à identifier les meilleures voies et moyens à mettre en oeuvre pour promouvoir et développer ce partenariat en Algérie.
La révision du budget de l’autoroute Est-Ouest est technique
Pour ce qui est de la révision du coût de réalisation de l’autoroute Est-Ouest, qui a fait, il faut le dire, couler beaucoup d’encre, le responsable a indiqué que celle-ci est due essentiellement aux modifications techniques introduites dans l’ensemble de cette infrastructure telles que la substitution de la barrière métallique séparant les deux voies de l’autoroute par une autre en béton, l’intégration des échangeurs dans l’ossature du projet ainsi que la mise en place d’un réseau de fibre optique longeant le tracé autoroutier. Selon lui, les les travaux de réalisation de ce projet ont été entamés sur la base de l’Avant -projet sommaire (APS) qui comprend une première estimation financière alors que l’Avant-Projet détaillé (APD) de cette infrastructure routière n’avait pas encore été élaboré. Toutefois, Grine considère qu’il y a eu une amélioration dans la conduite des projets dans la mesure où les maîtres d’ouvrages se sont conformés aux dispositions et prescriptions mises en place par la CNED dans le cadre du guide de management des grands projets d’infrastructures, comme ils ont introduit la notion de la maturation des grands projets en trois phases: l’identification, la faisabilité et la préparation à la réalisation.
Lamia Boufassa