Les prix de la banane en Algérie ont connu, ces derniers jours, une hausse imaginaire que beaucoup d’associations et économistes ont qualifié d’injustifiée. Un fruit devenu inaccessible pour les consommateurs algériens à faible bourse, qui s’ajoute à la folie des prix de plusieurs produits alimentaires, durant un mois de Ramadhan des plus difficiles pour les ménages.
Dépassant parfois les 700 DA le kilogramme, le prix de la banane n’a pourtant connu aucune augmentation de son prix sur le marché mondial, ni des prix de son transport. En effet, les experts estiment que le marché boursier de la banane est globalement stable, et ses coûts sont connus. Parmi les approches les plus plausibles, il s’agirait d’un probable accord entre tous les importateurs et les détenteurs de ce fruit pour augmenter son prix. Un acte commercial considéré comme une forme de spéculation illégale, d’où la nécessité pour les pouvoirs publics et services de sécurité de briser ce cycle par des moyens légaux, en recourant aux mécanismes de la loi anti-spéculation. Une situation qui a poussé le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, à intervenir, lors d’une séance de travail au siège du ministère, en compagnie d’un certain nombre d’opérateurs qui activent dans l’importation de bananes. Une réunion consacrée à « la réorganisation du marché de bananes en Algérie à travers l’encadrement de l’importation de ce produit, suite à la flambée de ses prix sur le marché national », et durant laquelle le MC a ordonné, afin de remettre de l’ordre dans ce marché, « l’application de la loi de lutte de contre la spéculation contre toute personne impliquée dans le stockage des bananes ». Dans ladite intervention, Zitouni a affirmé que l’octroi du document de domiciliation bancaire d’importation de bananes s’effectuera « conformément à un nouveau cahier de charge », et ce en vue de « faire baisser le prix et assurer la disponibilité de ce produit sur toute l’année ».
Saisie de 1243 tonnes au mois d’avril 2022
Début décembre 2022, les mêmes services avaient ouvert une enquête approfondie pour connaître les raisons qui avaient conduit au prix élevé des bananes sur les marchés nationaux, du temps du désormais ex-ministre du commerce, Kamel Rezig. Rezig avait indiqué que « le quota autorisé dans l’importation des bananes pour l’année 2022 s’élevait à « 159 mille tonnes sur la base des licences accordées à 181 importateurs, avec une étude des dossiers selon des critères prédéterminés ». Durant l’année 2022, la mobilisation de l’Etat avait mené à des saisies record, suite à des contrôles inopinés au niveau des chambres froides et des entrepôts. Les services de la Sûreté nationale avaient mis la main, au niveau de la capitale et de plusieurs wilayas, Blida, Boumerdès et Chlef, entre autres, une quantité de 1243 tonnes de bananes destinées à la spéculation. Des dossiers judiciaires avaient été élaborés contre sept 7 contrevenants, avant leur présentation aux juridictions territorialement compétentes. Outre ces mesures incitatives, le consommateur n’en est pas moins inactif, puisqu’il a appelé au boycott sur les réseaux sociaux du fruit de la banane, sous le slogan « laisser là pourrir ». Dans cet ordre d’idée, on se rappelle que l’Algérie avait connu au cours du même mois d’avril de l’année dernière une campagne interactive de ce genre, après que les prix aient atteint 800 dinars le kg, avant de chuter à environ 380 dinars.
Hamid Si Ahmed