Comme il fallait s’y attendre, le Plan d’action du gouvernement, pour la mise en exécution du programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été adopté à la majorité, dans la soirée de jeudi, par les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), en présence du président de cette Institution, Slimane Chenine, et le Premier ministre Abdelaziz Djerad, ainsi que son staff.
Après trois jours de débat sur le contenu du plan de travail de l’Exécutif, où les élus de la chambre basse du Parlement s’étaient succédés à la tribune pour formuler leurs interrogations et suggérer des amendements à la première mouture du texte, présenté mardi par le Premier ministre, le document a été validé, sans grande surprise.
Le projet en question, adopté récemment en Conseil des ministres, s’articule autour de cinq chapitres dont le premier est axé sur un nombre de lignes directrices, en l’occurrence la refonte du dispositif législatif d’organisation des élections, la moralisation de la vie publique, la refonte de l’organisation et des modes de gestion de l’État et de ses démembrements et un exercice « plein » des droits et libertés.
Le second chapitre traite de la réforme financière et du renouveau économique, notamment la question de la refonte du système fiscal, l’instauration de nouvelles règles de gouvernance budgétaire, la modernisation du système bancaire et financier et de développement de l’information statistique économique et sociale et de la fonction prospective. Le développement humain et la politique sociale figurent dans le troisième chapitre du Plan du gouvernement. Le quatrième chapitre porte sur la politique étrangère devant être «dynamique et proactive», alors que le cinquième est dédié au renforcement de la sécurité et la défense nationale.
Avant l’adoption de la feuille de route gouvernementale, le Premier ministre a eu à répondre aux nombreuses questions des élus du peuple, dont le mandat expire en 2022. C’est ces mêmes députés qui avaient adopté le bilan du gouvernement de l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le mois de mars 2019.
Recouvrer la confiance du citoyen
Passé à la « barre » pour répondre aux questions des députés, avant le passage à l’adoption du Plan d’action du gouvernement, le Premier ministre a affirmé que la validation du document, permettra à son équipe d’investir le terrain pour travailler dans le sens de «recouvrer la confiance des Algériens», précisant que son gouvernement n’est pas un «gouvernement virtuel ou de promesse » mais, a-t-il ajouté, un staff «de terrain, composé de compétences et de patriotes ».
Dans ce sens, le Premier ministre a réaffirmé la détermination du Gouvernement à recouvrer la confiance du citoyen à travers « la revalorisation des valeurs humaines perdues, la consécration de la culture de l’abnégation dans le travail, la reddition de comptes, et la promotion des libertés ainsi que la mise en place des mesures rigoureuses à l’encontre des coupables de défaillance et de manipulation de la loi et des deniers publics ». Cependant, a soutenu M. Djerad, cette même confiance perdue entre les gouvernés et les gouvernants ne peut être «gagnée que par la bonne foi dans la concrétisation de la bonne gouvernance, d’une véritable réforme politique, sociale et économique et du traitement des facteurs de l’ébranlement de cette confiance». À ce sujet, le PM a fait savoir que son gouvernement était « conscient » que pour établir les passerelles de la confiance entre les deux parties, cela nécessite « un réel engagement à faire montre de franchise et de vérité, loin de toute fourberie et fausses promesses » mais, a-t-il tenu à préciser, l’édification d’une Algérie nouvelle à travers la résolution de la crise multiforme que connait le pays «ne sauraient intervenir du jour au lendemain, et que cette entreprise nécessite du temps pour mettre en place les études et les approches de traitement».
M. Djerad a jugé, lors de son intervention, que la stabilité du pays implique l’union de toutes les forces pour passer de la confrontation à la coopération constructive, tout en affirmant que son gouvernement reste «profondément convaincu» que «les aspirations du peuple imposent à toutes les volontés sincères parmi les enfants de la patrie d’unifier leurs efforts pour permettre au pays de relever les défis de cette période sensible de son histoire».
Récupération des fonds détournés
Cheval de bataille du président Tebboune, lors de sa campagne électorale, le PM est revenu sur cette question, où il a dévoilé la procédure à suivre pour atteindre cet objectif, qui a tenu en haleine les Algériens, vu l’importance des sommes dilapidées et le vœu de les restituer pour pouvoir relancer le pays en proie à une crise économique complexe. À ce sujet, le Premier ministre a affirmé que la convention des Nations unies contre la corruption, ratifiée par l’Algérie, était « l’instrument le plus approprié pour fonder l’action de l’État dans le recouvrement des avoirs issus des crimes de corruption».
La Convention onusienne sur la lutte contre la corruption constituait «l’unique instrument juridique qui prévoit la restitution des avoirs et d’autres biens illégaux liés à la corruption», a précisé M. Djerad, tout en avouant «la complexité» de ce processus et le temps nécessaire à sa concrétisation, en citant plusieurs expériences internationales en la matière. Plus explicite, le Premier ministre a fait état de l’existence de trois conditions pour pouvoir lancer le processus de confiscation et de restitution des biens et des avoirs détournés : Apporter la preuve que cet argent ou les biens objets de récupération, provenaient de la corruption, les localiser, «fournir le jugement définitif» et en troisième lieu «l’existence d’accords d’entraide judiciaire comme support pour l’accélération de ce processus».
Il a également rappelé la teneur de l’article 54 de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption qui stipule que « Nonobstant les dispositions du code de procédure pénale, l’action publique et les peines relatives aux infractions prévues par la présente loi sont imprescriptibles dans le cas où le produit du crime aurait été transféré en dehors du territoire national ». S’agissant du volet juridique ou procédural, Djerad a précisé que cette question est du seul ressort du ministère de la Justice qui aura à mettre en place le dispositif nécessaire à l’exécution de ce processus.
Couac : Absence de chiffres et autres délais de réalisation
Sur les questions des députés concernant l’absence de données chiffrées et les délais de réalisation dans le Plan d’action, qui s’apparente, selon ces députés, à un projet d’intention sans mode opératoire, le Premier ministre a affirmé que le Plan est porteur d’objectifs clairs, faciles à suivre et facilement évaluables ce qui donne plus de crédit à une gestion transparente et honnête.
«Le gouvernement a établi à la tête de ses priorités, l’amélioration d’un système national d’information statistique, économique et social en mesure de traduire, dans un proche délai, les chapitres cernés dans le Plan du gouvernement en programme sectoriels inclus dans des délais de réalisation précis», a assuré, à ce sujet, M. Djerad.
Concernant les sources de financement du Plan de travail, l’intervenant a tenu à clarifier que «Le plan en question n’est pas un programme de développement, mais un document de politique générale dans tous les domaines, pour l’exécution du programme du Président durant son mandat de cinq ans». Et par conséquent, ajoute la même source, «le gouvernement s’appuie sur une approche complète et exhaustive sur le court, le moyen et le long terme, fondée sur la rationalisation de la gestion de l’argent public et la réduction des budgets de fonctionnement de l’État en plus de la classification des priorités».
La décentralisation de l’administration
Pour la refonte de l’administration, le Premier ministre a mis en avant la volonté du gouvernement de passer à la politique de « purification» de l’appareil administratif du phénomène de la bureaucratie en adoptant une batterie de mesures qui figure dans le Plan d’action de l’Exécutif, dont notamment le renforcement de la décentralisation dans le seul objectif d’assurer une meilleure performance et prestation dans tous les secteurs. À ce propos, le PM a évoqué une rencontre prochaine avec les walis, sur décision du président de la République, pour déterminer les priorités, traduire les décisions et fixer les délais afin d’appliquer à la lettre le contenu du programme du gouvernement, dont la priorité reste le plan d’urgence pour les régions rurales et montagneuses, et le Sud, à même de minimiser les inégalités dans le développement local entre les régions du pays.
La Santé, l’École et le Logement…
Abordant le volet social, M. Djerad, a tenu à rassurer en évoquant le secteur de la Santé, qui passe dans une zone de turbulence ces derniers jours, notamment avec la grève annoncée des paramédicaux. Le Premier ministre a relevé l’intérêt particulier que porte le gouvernement à ce secteur pour garantir une large zone de couverture équitable et de qualité aux côtés de l’intensification de la santé de proximité. Les centres de soins pour les cancéreux seront également renforcés à travers le territoire national, a assuré M.Djerad, tout en précisant, dans cette optique, que plusieurs centres anti-cancer ont été réceptionnés récemment en citant notamment celui de Tizi-Ouzou et Annaba entres autres, alors que d’autres sont en cours de finalisation et d’autres attendent le lancement, promettant en outre de veiller à la disponibilité des médicaments. S’agissant du système éducatif, M. Djerad, a plaidé pour un enseignement moderne et de qualité où les efforts seront orientés sur la prise en charge également des doléances socioprofessionnelles des enseignants, toute en réaffirmant la démocratisation de l’Éducation et sa gratuité.
Le secteur de l’Habitat était également au centre d’intérêt du gouvernement auquel, affirme le Premier ministre, le gouvernement accorde une priorité, pour la livraison des logements en cours de construction et leur raccordement à toutes les commodités nécessaires en parallèle à la réquisition des moyens nécessaires pour le lancement du fameux programme de réalisation d’un million de logements décidé par le président Tebboune.
Brahim Oubellil
LE P.M. DJERAD SUR LES CAUSES PALESTINIENNE ET SAHRAOUIE
«En faveur des droits des peuples à l’autodétermination»
Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad a réitéré, jeudi soir, la position constante de l’Algérie à l’égard des causes palestinienne et sahraouie, soulignant que «notre pays ne s’ingère pas dans les affaires internes d’autrui, et ne veut pas qu’on porte atteinte à sa souveraineté nationale». Répondant aux préoccupations des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), portant sur les questions, palestinienne et sahraouie, M. Djerad a indiqué que «la Palestine est dans nos cœurs et non pas dans le programme d’un gouvernement ou dans un quelconque document officiel». «La position de l’Algérie est constante à l’égard de la cause sahraouie et de son peuple, car nous sommes en faveur des droits des peuples à l’autodétermination », a-t-il affirmé. Ces positions reflètent les principes de l’Algérie, a rappelé le Premier ministre avant d’ajouter « nous ne voudrions pas s’immiscer dans les affaires internes d’autrui, et nous ne voulons pas qu’on porte atteinte à notre souveraineté nationale ».
R. N.