On compte aujourd’hui trois pôles qui activent sur la scène nationale pour trouver des solutions à la crise qui mine le pays depuis le 22 février. Il s’agit de la société civile qui a réussi à dégager sa feuille de route, et la classe politique de l’opposition scindée entre «l’alliance des démocrates» qui s’entend sur une transition démocratiques et «Les forces du changement» qui optent pour une présidentielle comme première étape de sortie de crise. En effet, entre ces trois grandes tendances il y a un point en commun. Elles se focalisent toutes sur «une transition» démocratique avant de trancher l’avenir du pays et d’aller soit vers une «Assemblée nationale constituante ou une élection présidentielle».
La Société civile «montre le chemin»
Après des semaines de débat, les acteurs de la société civile ont réussi à élaborer une feuille de route commune, le 15 juin passé. L’initiative consiste, en effet, en la nécessité de l’accélération d’une transition démocratique «sereine conformément à un processus électoral» concrétisant «la rupture avec les systèmes de tyrannie et de corruption et garantissant l’édification d’institutions légitimes et crédibles», pouvait-on lire sur une résolution finale dégagée à l’issue des travaux de cette rencontre.
Les participants, issus de diverses associations de la société civile et autres organisations socioprofessionnelles, optent pour une période de transition allant de six mois à une année. Les participants suggèrent l’installation d’une instance présidentielle ou d’une personnalité consensuelle pour gérer la transition et la constitution d’un gouvernement de compétences nationales pour gérer les affaires courantes. Ce gouvernement sera suivi par la mise en place d’une commission indépendante d’organisation des élections et de proclamation des résultats. À cela s’ajoute l’ouverture d’un dialogue national global avec la classe politique, de la société civile, des personnalités nationales et des activistes du mouvement populaire. Un dialogue qui se veut «un prélude à une conférence nationale pour amorcer une transition démocratique apaisée et pacifique sur la base d’un processus électoral qui consacrera la rupture avec le système en place». La réussite d’un tel processus exige, souligne la société civile, « la préparation d’un climat favorable, à travers le respect des libertés individuelles et collectives et la libre pratique des droits de l’Homme».
Le départ des « 3 B» comme préalable au dialogue
«Les Forces du changement pour le triomphe du choix du peuple », qui regroupent plusieurs personnalités et partis politiques se réclamant de l’opposition, n’ont pas encore dégagé une feuille de route définitive afin de de la présenter au peuple et au pouvoir.
Mais ce bloc politique a déjà proposé une feuille de route qui demeure sur «le brouillant» dont les axes seront débattus lors d’une prochaine conférence élargie, prévue en fin de ce mois. Cette conférence «définira les modalités pratiques de la proposition de sortie de crise», surtout en ce qui concerne l’instance d’organisation des élections, ses membres, ses prérogatives et les révisions à apporter à la loi électorale. En effet, les forces du changement plaident pour une période de transition, ensuite la désignation d’une personnalité consensuelle ou un groupe de personnalités nationales, crédibles et intègres afin d’assumer la période de transition qui ne devra pas, selon eux, dépasser une année. Ensuite la formation d’un nouveau gouvernement et la révision des lois électorales et la mise en place de l’instance de l’organisation des élections, avant d’aller vers une présidentielle. Autre chose, les membres de ce bloc ont conditionné leur participation au dialogue lancé par le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, par le départ des «3B » (Bedoui, Bensalah et Bouchareb) qui représentent les symboles du système.
L’Alliance des démocrates appelle à une transition «démocratique»
De son côté, l’Alliance des démocrates, regroupant sept partis politiques, notamment le FFS, le RCD, le PT, le PST, le MDS, l’UCP (Union pour le changement et le progrès, de Zoubida Assoul), le PLD (Parti pour la laïcité et la démocratie) et l’aile LADDH dirigée par Noureddine Benissad, a fait appel aux forces vives de la Nation qui se réclament du courant démocratique pour se réunir autour de l’initiative d’une « transition démocratique» comme «nécessité» et non pas un «choix». Selon cette coalition, aujourd’hui, l’urgence est d’élaborer une solution politique ambitieuse, raisonnable et réalisable, loin des règlements de comptes et des calculs étroits. Elle soutient ainsi « qu’il est vain de croire à l’existence d’une issue positive à ce conflit dans le cadre de l’ordre actuel. Ni le pouvoir ni ses diverses excroissances ne sont en mesure de constituer un recours». À cet effet, l’Alliance des démocrates a appelé d’autres acteurs politiques, syndicats autonomes, mouvement associatif, ainsi que des personnalités nationales indépendantes et même la communauté algérienne à l’étranger, à se joindre à cette initiative de concertation et de dialogue sans préalable».
Cependant, selon l’alliance, «l’heure est à la concertation et au dialogue des forces progressistes, afin de construire un pacte politique consensuel qui définira, par la suite, les contours du processus de transition démocratique dans notre pays». Contacté auparavant, par nos soins, pour connaître plus de détails sur cette initiative, le premier secrétaire du FFS, qui a dirigé les pourparlers entre les membres de cette coalition, nous a déclaré que le plus important «c’est qu’on est pour la transition, c’est notre point de départ», a-t-il affirmé.
Sarah Oubraham