Trois sénateurs français pointent, dans un rapport publié, alors que la France achevait, le 31 janvier dernier, son énième retrait militaire, d’un autre pays africain, le Tchad, « les échecs» et « les déconvenues » de la politique étrangère du président Emmanuel Macron, en Afrique, ainsi que ses «conséquences négatives» sur l’image de la France et le déclin de son rôle sur fond du recul de ce dernier, en Afrique non sans impact sur son rôle et sa place au sein de l’Otan et l’Union européenne.
En France, un rapport rendu public par le Sénat a estimé que l’expulsion successive des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso, du Niger et dernièrement du Tchad représentait un échec majeur de la politique étrangère du président Emmanuel Macron, marqué par le «déclin vertigineux» de la présence française sur le continent africain, mais aussi par la «dégradation» générale de l’image de la France et de sa relation avec certains pays et leurs populations au cours des dernières années. Les rédacteurs de ce texte, trois sénateurs de mouvances politiques différentes, à savoir Ronan Le Gleut membre des Républicains (LR), Marie-Arlette Carlotti du Parti socialiste (PS) et François Bonneau de l’Union centriste, attribuent notamment cet échec aux «méthodes» adoptées par le président français et à son «manque d’analyse des causes profondes» qui ont engendré des renversements de plusieurs régimes autrefois partenaires de la France. Le rapport s’est attardé sur les causes profondes de cette défaite stratégique et ses conséquences négatives. «Plusieurs décisions et déclarations officielles ont été considérées comme arrogantes et condescendantes envers les dirigeants ou les peuples africains», peut-on notamment lire dans ce texte qui relate également comment l’échec de la politique française en Afrique, non sans impacts, faut-il le noter, sur le rôle de la France au titre d’allié des États-Unis , a permis à d’autres «compétiteurs stratégiques» comme la Russie, la Chine, la Turquie et les Émirats arabes unis de se faire une présence sur le terrain et nouer leurs relations avec plusieurs pays du continent. La publication de ce rapport intervient alors que la France vient d’achever, le 31 janvier, son retrait militaire du Tchad, les autorités locales ayant annoncé, fin novembre, leur «décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense» avec la France datant de 1966 et jugé «obsolète» et «suranné» par le président, Mahamat Idriss Déby. Sur les traces du Tchad, le Sénégal a appelé à son tour au retrait des bases militaires françaises du Sénégal «d’ici la fin de 2025» alors que le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a, de son côté, annoncé que la base militaire française dans son pays allait passer sous commandement ivoirien.
Parallèlement, la présence militaire de Paris au Gabon « est réduite », conformément à un plan de restructuration de la présence française en Afrique de l’Ouest et centrale. Ces évolutions, qui s’ajoutent aux retraits militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger à la suite des coups d’État survenus dans ces trois pays au cours des dernières années, marquent « un changement fondamental » dans les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique parallèlement à la montée en puissance de dirigeants locaux souverainistes et le retour en force des valeurs et principes du panafricanisme, notamment chez la jeunesse africaine.
K.B./Agences