Face à la dégradation du pouvoir d’achat des Algériens, l’Intersyndicale de la Fonction publique a remis une profonde analyse quant à la politique sociale de l’Algérie.
Considérant qu’il est impératif de préserver les acquis de l’État social, l’intersyndicale a signalé que ces derniers sont remis en cause en raison de la politique d’austérité. À travers son étude, l’entité syndicale a affirmé qu’«on assiste, depuis quelques années, à une remise en cause graduelle mais systématique de la politique de protection sociale». Selon elle, «les budgets affectés au logement social, à la promotion de l’emploi, à l’éducation et aux subventions sont revus à la baisse». Chiffres à l’appui, l’Intersyndicale a révélé que «les salaires sont très bas et ne représentent que 28% du PIB, contre 50% voire 75% dans les pays développées ». Également, elle rappelle que « l’impôt sur le revenu des salariés a, depuis 2011, dépassé l’impôt sur les sociétés et en représente 170 % aujourd’hui ». Plus loin, l’intersyndicale a rappelé la volonté de s’orienter vers le ciblage des subventions, qui risque de mener à la «pauvreté extrême». «On annonce une politique de ciblage vers l’extrême pauvreté des subventions dont la finalité est de les amoindrir en volume au profit des entrepreneurs. Pourtant, la totalité des dépenses des transferts sociaux et de la sécurité sociale représentent à peine 14 % du PIB contre plus de 22 % en moyenne dans les pays de l’OCDE», écrit l’intersyndicale dans son étude. Pis encore, l’étude a signalé que l’État algérien « se prépare à supprimer le soutien aux produits alimentaires de large consommation qui représente à peine 0,88 % du PIB, contre 1,9 % en Tunisie». Face à cette situation, l’entité syndicale a rappelé que « le montant annuel des surfacturations des importations a été évalué, par un ministre en fonction à 18 milliards de $ ; ce qui représente, à lui seul, 8 fois le montant des subventions et si l’on ajoute les RAR, c’est-à-dire les impôts non recouvrés estimés par la Cour des comptes à 120 milliards de $, on aura avec les économies d’une année de quoi financer plus de 60 ans de subventions alimentaires ».
Pour ce qui est du déséquilibre financier de la Caisse des retraites (CNR), la même source a précisé que de nombreux facteurs ont mené à cette situation, dont les créances non recouvrés par la sécurité sociale.
«L’augmentation de l’emploi dans le secteur privé ne s’est guère traduite par une évolution correspondante du nombre d’affiliés à la sécurité sociale», écrit-on dans l’étude, en précisant que les créances détenues par la sécurité sociale sur les entreprises privées et sur l’Etat dépassent les 300 milliards de DA, au 31/10/2017.
Pour ce qui est de l’informel, l’étude a noté qu’ «en 2017, sur une population occupée de 10.5 millions, 4.7 millions de travailleurs ne sont pas affiliés, dont deux millions de salariés du secteur privé formel».
Également, l’étude a révélé que durant le même exercice «36 % des salariés déclarés à la CNAS exercent dans le privé, mais n’ont généré que 23 % des recettes de cotisations de la sécurité sociale».
Donnant plus de détails à ce sujet, l’étude a précisé que le salaire annuel moyen déclaré par le privé s’élève à 360 000 DA contre 507 000 pour le secteur public économique et 639 000 DA pour les administrations publiques.
Lamia Boufassa