Le 3 mai dernier, Hillary Clinton avait refusé de dire clairement si elle pensait que Donald Trump avait les qualifications nécessaires pour exercer les fonctions de président des Etats-Unis. Jeudi, elle a livré une réponse plus directe: «non».
La candidate démocrate à la Maison-Blanche n’a jamais caché son mépris pour le milliardaire populiste mais, rompant avec les réponses alambiquées et désireuse de se jeter pleinement dans le match de la présidentielle, elle l’a qualifié lors d’une interview d’homme incontrôlable et n’ayant pas la stature requise pour le poste de commandant en chef. «Donald Trump représente une menace spectaculaire pour notre pays, notre démocratie et notre économie», a-t-elle déclaré sur CNN. «Il a attaqué notre allié le plus proche, le Royaume-Uni, salué le dangereux dictateur nord-coréen, proposé de quitter l’Otan, notre alliance militaire la plus forte, de laisser d’autres pays acquérir des armes nucléaires…», a-t-elle énuméré, qualifiant ses positions de «dangereuses». «Quand on est candidat à la présidence des Etats-Unis, le monde entier regarde et écoute», a-t-elle dit, en reprochant à Donald Trump d’avoir proposé de fermer les frontières aux musulmans. «Nous avons désormais la preuve que Donald Trump est de facto devenu un outil de recrutement pour la cause du terrorisme». Comme elle le fait régulièrement dans ses discours, l’épouse de l’ancien président Bill Clinton et l’ex-secrétaire d’Etat de Barack Obama a martelé qu’elle connaissait la difficulté du «job» de président.
Elle a par exemple mis en doute la capacité de Donald Trump à trancher des décisions aussi sensibles que celle de déclencher ou non l’opération commando contre Oussama ben Laden, à laquelle elle-même fut étroitement associée en 2011. Le 3 mai, une journaliste de MSNBC lui avait posé la même question sur les compétences de Donald Trump. «Il n’a donné aucun élément montrant qu’il comprenait la gravité des responsabilités de commandant en chef», avait-elle alors répondu.
Ces critiques faisaient déjà partie de l’arsenal du camp Clinton mais l’évolution sémantique est notable et illustre sa volonté de se projeter dans l’après-primaires, alors que le sénateur du Vermont Bernie Sanders, largement distancé dans la course à l’investiture démocrate, refuse de jeter l’éponge tant que les primaires ne sont pas terminées.
Clinton proche de l’investiture
«Je serai la candidate de mon parti», a-t-elle dit. «C’est déjà fait, de fait. Il est impossible que je ne le sois pas».
«J’ai reçu trois millions de voix de plus que lui, j’ai une avance insurmontable en nombre de délégués», a-t-elle justifié, en rappelant qu’elle-même s’était inclinée face au sénateur Barack Obama en juin 2008, mais sans dire qu’elle avait attendu plusieurs jours après la dernière primaire pour concéder la défaite.
«Lorsque je me suis retirée et que je me suis ralliée au sénateur Obama, environ 40% de mes partisans disaient qu’ils ne pourraient jamais voter pour lui. J’ai donc travaillé dur pour l’aider, et je suis sûre que le sénateur Sanders fera de même», a-t-elle ajouté, en exhortant Bernie Sanders à tenir sa parole de faire tout son possible pour vaincre Donald Trump en novembre. Elle a mis le sénateur du Vermont au défi de travailler à l’unification du parti, tout en reconnaissant que les débats seraient vraisemblablement «vigoureux» sur le fond du programme que les démocrates adopteront à la convention d’investiture de Philadelphie, du 25 au 28 juillet.
Afin d’unifier le parti, envisage-t-elle de nommer son rival colistier? «Je ne répondrai pas à cette question. Bien essayé», a-t-elle dit. Il reste quatre journées de primaires au calendrier démocrate, jusqu’au 14 juin, mais un tournant devrait être franchi le 7 juin, quand la Californie et cinq autres Etats voteront, avec près de 700 délégués en jeu.