Le porte-parole du parti du Rassemblement national démocratique (RND), Seddik Chihab, a affirmé hier que «des acteurs et mouvements extrémistes sont impliqués dans les évènements qu’a vécus la wilaya de Béjaia, lundi passé».
Le responsable du bureau du RND, de la wilaya d’Alger, a appelé à «l’application rigoureuse des lois de la République dans ce cas de figure». Sans le respect et l’application de loi, «nous irons nulle part» avertit Seddik Chihab dans l’entretien qui suit.
Le Courrier d’Algérie : -Quel est votre lecture des événements de Béjaïa, et qui a été derrière l’appel anonyme à la grève des commerçants, à l’origine des émeutes survenues dans cette ville ?
Seddik Chihab : -Bon, il est clair que dans de telles perturbations il y a une arrière-pensée politique, et par conséquent cela peut venir de n’importe qui.
Chose qui n’est ni dans l’intérêt des commerçants, ni des citoyens et de surcroît ni dans l’intérêt du pays. Il y a des organes et des cadres bien définis et connus de tous, pour permettre des concertations entre les acteurs concernés, en vue de la prise en charge de ce genre de revendications, dont celles relatives aux commerçants et consommateurs. Il est temps pour nous d’apprendre à faire fonctionner ces organes, en plus d’ouvrir largement les canaux des concertations.
Maintenant, en ce qui concerne ce qui s’est produit et ce qu’ont engendré ces évènements, comme dérapages, ceci peut se produire n’importe où et à n’importe quel moment.
Je vous rappelle que même les mouvements pacifiques ne peuvent être à l’abri de certains exclus, ce qu’on appelle, par ailleurs, les cache-nœuds, qui infiltrent ces mouvements pour des objectifs autres que de son mot d’ordre.
Je pense qu’il faut faire attention et demeurer vigilant pour ne pas entretenir la confusion, une posture à même de barrer la route à la manipulation et ne pas donner suite aux appels anonymes ou de ceux émanant de parties inconnues.
-Qui sont ces parties, selon vous?
-Cela peut être n’importe qui, et nous ne sommes pas là pour jeter la pierre sur tel où tel autre.
Ce qui est clair, c’est cette façon d’opérer qui ne détrompe pas sur son arrière-pensée, laquelle est négative.
Je m’explique, un appel anonyme comme celui qui a été lancé, outre qu’il entretient la confusion, il sème le trouble et accentue, par ailleurs, le désarroi.
Pour ma part, je pense que ceux qui ont été à l’origine, ce sont des personnes profitant d’une période et conjoncture difficiles sur le plan socio-économique, cherchent et manœuvrent pour faire sombrer le pays dans le désordre et le chaos, en vue de le faire revenir aux années dures que l’Algérie a vécues, dans un passé non lointain.
-Vous parlez d’un plan qui vise à plonger le pays dans un chaos, est-il possible ?
– Du fait que l’appel anonyme en question n’a pas été suivi massivement, en dehors de quelques petits mouvements qui n’ont pas pris l’ampleur d’un mouvement de contestation réel, et donc il n’a pas eu l’écho espéré, auprès de la majorité de nos commerçants, prouve qu’il est très difficile de voir réussir ce genre de plan, destructeur pour notre pays.
Ceux qui sont à l’origine ont réussi d’avoir un écho auprès de quelques uns. Maintenant, il est clair qu’il faut faire attention, en faisant preuve de beaucoup de vigilance, mais également d’une prise de conscience généralisée, pour faire échec à tout plan de cette nature.
-Les symboles de l’État et des biens privés ont été la cible des émeutiers, qu’en est-il du rôle de l’État, notamment dans l’application de la loi de la République, dans ce cas de figure?
-Le maintien de l’ordre public relève du rôle des institutions de l’État et la Loi doit être appliquée, en tout moment et en tout lieu.
C’est par l’application rigoureuse et le respect des Lois de la République, mission régalienne de l’État, que nous réussirons à édifier un État de Droit, et sans cela nous n’irons nulle part.
-Qu’en est-il du rôle de la classe politique, qui semble être inexistant, dans l’encadrement des citoyens et leur accompagnement dans l’expression de leurs aspirations, ou revendications?
-Je ne pense pas que la classe politique était absente, si c’était le cas, peut-être que l’ampleur du mouvement aurait été plus importante et des dégâts plus grands encore. Donc je pense que les partis politiques et, notamment, certaines associations, dont celle des commerçants, ont fait un travail de sensibilisation, en amont pour éviter l’irréparable.
Il y a des aventuriers qui ont exploité cette situation et saisi cette occasion en s’attaquant aux biens privés et publics.
Ce qui dénote de la nature des objectifs de ceux qui ont été à l’origine de l’appel anonyme en question à cette grève. Les quelques acteurs et mouvements extrémistes se sont impliqués pour donner à ces évènements cette tournure déplorable.
Entretien réalisé par Karima Bennour
