Le Syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO) appelle à la mise en place urgente du fichier national numérique des ordonnances de psychotropes et de stupéfiants, prévu par la loi depuis plus de deux ans mais toujours absent.
Selon son représentant, Abdelkrim Merghemi, cette mesure est essentielle pour endiguer la falsification et le vol d’ordonnances, pratiques qui alimentent un trafic illégal et exposent les pharmaciens à des poursuites judiciaires et à des agressions. Selon lui, ce phénomène prend de l’ampleur; des ordonnances falsifiées, souvent munies de cachets médicaux reproduits à l’identique, circulent sur le marché. Incapables de les distinguer des documents authentiques, de nombreux pharmaciens refusent désormais de délivrer les traitements dès qu’ils ont un doute, ce qui les expose à des conflits et parfois à des violences, comme ce fut le cas lors de l’agression d’une officine à Bab Ezzouar durant l’été 2024. D’autres, au contraire, choisissent de délivrer les médicaments par crainte de priver un patient de son traitement, au risque d’être poursuivis si l’ordonnance s’avère frauduleuse.
Un outil prévu par la loi mais toujours en attente
Pour le SNAPO, la solution se trouve dans la numérisation des ordonnances. La loi 04/18, modifiée en 2022, a déjà prévu la création d’un registre électronique national sous la supervision des professionnels de santé, du ministère de la Santé, de la Justice, des services de sécurité et des Douanes. Cet outil permettrait de relier médecins et pharmaciens à travers une plateforme numérique, chaque ordonnance devant être enregistrée par le prescripteur avant sa délivrance. Le pharmacien pourrait ainsi vérifier en temps réel sa validité, tandis que les documents falsifiés seraient automatiquement détectés et signalés aux autorités. Au-delà de la protection des pharmaciens, ce registre contribuerait à freiner l’action des réseaux criminels qui ciblent particulièrement les jeunes en les poussant vers l’addiction. Il fournirait également à l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie des données précises sur la consommation de psychotropes, utiles pour orienter les politiques publiques.
Sanctions renforcées contre les agressions
En parallèle, le ministère de la Justice a rappelé que les pharmaciens d’officine bénéficient de la protection du Code pénal en tant que professionnels de santé. Les agressions contre eux peuvent être punies de lourdes peines allant jusqu’à 20 ans de prison en cas de blessures graves ou d’infirmité, notamment lorsqu’elles sont commises avec des armes. Pour le SNAPO, il n’y a plus de temps à perdre ; la mise en œuvre effective de ce registre numérique représente à la fois une garantie de sécurité pour les pharmaciens, un rempart contre le trafic illicite de psychotropes et une meilleure protection de la santé publique.
Sarah O.
Accueil À LA UNE SÉCURITÉ DES ORDONNANCES DE PSYCHOTROPES : Les pharmaciens réclament un registre numérique