Dans un long entretien à la Télévision nationale, à la veille de la Journée mondiale de la presse, Amar belhimer, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement a indiqué que les réformes du secteur des médias reprendraient dès l’expiration de la période de quarantaine décidée par les plus hautes autorités du pays.
Le ministre a révélé qu' »une fois la période de quarantaine écoulée, un retour aux ateliers de réforme du secteur des médias » annoncé, en janvier dernier, sera entamé. M. Belhimer a expliqué que ces réformes, qui font partie des engagements du président de la République, Abdelmajid Tebboune, interviendront dans le cadre « d’un dialogue participatif et tolérant. » M. Belhimer a déclaré que cette initiative comprend dix ateliers, sachant qu’en février dernier un atelier a été organisé pour le « journalisme électronique ». Le premier atelier, selon le ministre de la Communication, abordera la question de la conciliation de la liberté et de la responsabilité des médias. Sous le titre «Un consensus conceptuel pour un exercice silencieux de la liberté de la presse», cet atelier mettra en évidence la question de «concilier liberté et responsabilité dans la pratique des médias avec le strict respect de l’éthique du travail journalistique». En ce qui concerne les médias alternatifs, ou ce que l’on appelle aujourd’hui le journalisme citoyen, il a souligné que « chaque citoyen est responsable de toute nouvelle qu’il produit » et a rappelé les deux lois récemment adoptées par le Parlement.
Quant au deuxième atelier, il traitera de la question de « garantir le droit à l’information dans un cadre de pluralisme et d’éthique de la pratique journalistique ». Ceci est conforme aux dispositions générales criminalisant les comportements anti-pluralistes et spécifiquement stipulées dans les lois sur la concurrence et les lois pénales. Selon le ministre, cet effort vise à « contrôler les pratiques qui encouragent le pluralisme et les échanges dans une société démocratique et contrecarrent ainsi les pratiques de la pensée monolithique et les déviations néolibérales ». Le troisième atelier sera dédié à la communication et aux médias en général, qui nécessite de « revoir » la réglementation de la presse écrite et électronique, l’activité des chaînes de télévision privées, l’organisation des agences de conseil en communication, ainsi que le contrôle du domaine de la publicité. Concernant la presse écrite, le ministre a indiqué qu’elle sera traitée dans le cadre du «National Press Council» par le biais de trois dispositifs, à savoir le dispositif d’éthique et de médiation, le dispositif de carte professionnelle et le dispositif de mesure d’impact. Un travail sera également effectué pour légaliser et contrôler l’activité des chaînes privées, qui «est devenue une question urgente à la lumière du danger posé par le contenu de certaines de ces chaînes», a-t-il ajouté. Outre l’organisation d’organismes de conseil en communication, le même atelier traitera des activités publicitaires qui se caractérisent – selon le ministre – par la présence de « nombreuses dispositions éparses dans différents textes législatifs et réglementaires », et en conséquence « il est devenu nécessaire de prendre soin de cet aspect et de combler le vide juridique existant ». Le troisième atelier abordera la presse électronique et l’Internet, qui, selon le ministre, sont devenus un «espace ouvert exploité par des acteurs étroits, des attitudes hostiles et des mœurs négatives pour porter atteinte à l’intégrité et à l’honneur de l’autre et à la souveraineté des États en faisant un espace de pratique de la calomnie et de diffusion de fausses informations et d’incitation à la violence et aux attaques de formes variées.
Quant au quatrième atelier, il sera consacré à la communication numérique et à la nécessité d’une transition finale, sachant que l’Union internationale des télécommunications a fixé la date du 17 juin 2020 comme dernière date de transition du système de radiodiffusion analogique au système de radiodiffusion numérique. Le thème de «l’activation de la communication institutionnelle» sera abordé par un atelier.
Alors que le sixième atelier traitera de la question de « l’élargissement du réseau des médias de quartier pour renforcer la démocratie participative », M. Belhimer a estimé que « les médias actuels sont l’un des moyens de communication les plus efficaces pour traiter des affaires locales et rapprocher l’administration des citoyens, en particulier dans les régions intérieures et éloignées » du pays. Les participants au septième atelier aborderont la question du renforcement de la formation et de la qualification.
La question de l’amélioration de l’image de l’Algérie occupera une place importante dans la stratégie de réforme du secteur des médias, compte tenu de son importance, qui sera abordée lors du huitième atelier qui sera organisé sous le thème « Améliorer l’image de l’Algérie à l’étranger pour qu’elle retrouve sa place dans les enceintes internationales ». Quant au neuvième atelier, il abordera le thème de la légalisation de la fonction d’enquête d’opinions et de sondage .Un mécanisme qui « contribuera à l’amélioration de l’ingénierie législative, au premier rang desquels figure la capacité ou la réception de projets juridiques par le citoyen ».Le ministre a également évoqué les problèmes rencontrés par la presse hebdomadaire et spécialisée, qui sont menacés en raison d’obstacles financiers. Une question que les spécialistes discuteront dans le dixième atelier « Reviving Periodicals », compte tenu du rôle et des services qu’ils assurent pour les associations, les laboratoires de recherche et les clubs. Ce qui nécessitera d’accorder toute l’attention nécessaire à ce type de publication, a précisé le ministre.
M. Bendib
Amar Belhimer et la communication de crise
Lors d’un entretien accordé, samedi soir, à la Télévision publique, à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, a expliqué que « dans un contexte de forte tension, c’est la communication de crise qui est de mise afin de répondre au droit du citoyen à l’information ». Soulignant que le plan médiatique institutionnel repose sur quatre (4) axes, il a précisé que le premier concerne « l’organisation d’un point de presse quotidien, à travers lequel est communiqué le bilan épidémiologique des dernières 24h, l’établissement d’une liste nominative des imams et des spécialistes en infectiologie et en virologie disposés à prendre part aux émissions radiophoniques et télévisées, et interventions dans la presse papier et numérique». Le ministre a fait état en outre du « lancement d’une 6e chaîne TV dédiée à la diffusion des programmes et cours pédagogiques au profit des trois paliers d’enseignement, en plus de la mise en ligne de contenus éducatifs interactifs à travers les réseaux sociaux, avec le soutien du ministère de la Poste et des Télécommunications ».
Le ministre a indiqué, à ce propos, que « l’Information, en temps de crise, s’inscrit dans le cadre d’un réseau de commandements bien structuré autour de trois hiérarchies à caractère stratégique, opérationnel ou pratique et tactique ». Il a expliqué que le commandement stratégique « requiert deux niveaux de prise de décision, et ce, sous l’autorité du président de la République, en l’occurrence le Haut conseil de sécurité (HCS) et le gouvernement». Pour Belhimer, il fallait « une intervention du HCS car nous sommes devant ce qui est appelé, en Droit international, le concept de « danger public exceptionnel », qui menace l’existence de la Nation tout entière.
Partant, l’Algérie, à l’instar de tous les autres pays, peut prendre des mesures exceptionnelles, en ce sens que les Pouvoirs publics ne sont pas tenus, dans de telles circonstances (éviter la propagation de la pandémie), de respecter les obligations inhérentes au pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), dont les droits de réunion, de manifestation, de rassemblement et de circulation », a-t-il ajouté . »Nous sommes, donc, devant quelque chose de plus grave qu’un état d’urgence sanitaire », a-t-il soutenu. Et d’ajouter : « il y a une autre Institution au cœur de cette bataille, c’est le gouvernement, et à sa tête le Premier ministre qui a, très tôt c’est-à-dire le 21 janvier dernier, signé une circulaire appelant les services compétents à la vigilance et à la prise de mesures de pré-dépistage ».
Cette circulaire est intervenue plus d’un mois avant l’enregistrement du premier cas d’infection au nouveau Coronavirus, celui d’un ressortissant italien à Hassi Messaoud, a rappelé Belhimer. Évoquant le commandement opérationnel, le ministre a souligné que ce dernier a mobilisé les efforts du ministère de la Santé, notamment le ministre, la cellule logistique, les directeurs de la santé publique et les commissions de wilayas. À cet effet, Belhimer a salué le rôle de la cellule de suivi et d’information la qualifiant de « noyau central » de ce commandement opérationnel, à travers laquelle l’État garantit aux citoyens l’accès juste, équitable et continu à l’information relative aux risques majeurs. « Ce droit à l’information englobe, pour le citoyen, la connaissance des risques et la vulnérabilité de son lieu de résidence et de travail, ainsi que les informations relatives aux dispositifs de prévention en vigueur en son lieu de résidence ou pour ce qui est de ses activités ainsi que les dispositifs de prise en charge en cas de catastrophe, a-t-il conclu.
M. B.