Depuis le début de l’année en cours, les différents services de sécurité ont signalé le démantèlement de plusieurs réseaux criminels, notamment dans des affaires de contrebande et de trafic de stupéfiants et de substances psychotropes, actifs dans plusieurs wilayas du pays.
Pas plus loin que vendredi dernier, la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a indiqué dans un communiqué que ses services avaient saisi à la veille du mois de Ramadhan plus de 1.600.000 capsules de psychotropes dans les régions d’Annaba, Oran, Ouargla et Alger. « Il s’agit de l’une des plus importantes opérations de saisie dans l’histoire de la Sûreté nationale », a affirmé la DGSN. Selon elle, « Plus de 1.200.000 de ces capsules ont été saisies en une seule opération ». La DGSN a affirmé que ces opérations avaient conduit au démantèlement d’un « réseau criminel » de trafic de drogue dont le cerveau, le dénommé (CH. Chouaib) dit « Zkaboudj » ou « El Hadj est en fuite en France et fait l’objet de 5 mandats d’arrêt internationaux. Outre cette dernière saisie historique, les chiffres officiels ont révélé que les autorités ont saisi 96 000 comprimés psychotropes au cours de diverses opérations au cours des dix premiers jours de l’année 2023, et ont également saisi 54 000 de ces mêmes comprimés au cours de la dernière semaine de l’année 2022, sachant que le nombre total de saisies au cours de l’année écoulée s’élève à plus de trois millions de comprimés. Concernant le cannabis, les services de l’ANP ont annoncé avoir déjoué les tentatives de faire passer 2,3 tonnes à travers les frontières depuis le début de cette année, en plus des 1,2 tonne saisies au cours de la dernière semaine de décembre dernier. Ils ont également arrêté, en coordination avec les services de sécurité, 75 membres de réseaux de contrebande et de trafic de drogue.
Pour ce qui est de la cocaïne, un rapport du ministère de la Défense a révélé début janvier que les unités de l’armée stationnées aux frontières et les équipes des garde-côtes ont réussi à déjouer les tentatives de contrebande d’environ 60 tonnes de drogue et 500 kilogrammes de cocaïne au cours de l’année 2021, et lors de ces opérations, 1 645 personnes actives dans des réseaux de contrebande et de trafic ont été arrêtées, dont certaines étrangères. Au cours de la même année, les unités de la Gendarmerie nationale ont pu arrêter 4 885 personnes et saisir
2 364 342 comprimés psychotropes, en plus de saisir 592,52 tonnes de kif traité, 658 491 kg de cocaïne, ainsi que 492 buissons de cannabis. On se rappelle également qu’au lendemain du nouvel an 2023, le Service central de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants (SCLTIS) avait réussi à démanteler un réseau criminel organisé, composé de huit individus, dont une femme, spécialisé dans le trafic de cocaïne, activant dans le territoire de la wilaya d’Alger et dans certaines wilayas côtières de l’est du pays, dont Annaba. L’opération s’était soldée par la saisie de 3,40 kilogrammes de cocaïne, 600 millions de centimes en liquide, cinq véhicules touristiques et un motocycle (scooter).
L’Etat déploie les grands moyens
Face à ce fléau, les autorités du pays ont placé la lutte contre le trafic de drogue parmi leurs priorités en matière de sécurité nationale. A cet effet, le Conseil des ministres du 24 janvier dernier, avait approuvé le projet de loi portant prévention des stupéfiants et substances psychotropes et prévention de leur usage illicite et de leur trafic, dans le but d’immuniser la société, notamment les jeunes, contre ce fléau. Ces mesures interviennent après que l’Algérie a enregistré un lourd bilan dans le domaine du trafic de drogue et de pilules psychotropes en 2022. Fin février dernier, le président Tebboune avait décidé de renforcer l’arsenal juridique afin de lutter davantage et plus efficacement contre cette gangrène qui ronge la société. Un projet de loi a été préparé dans ce sens par le gouvernement et est passé par la commission parlementaire qui a sollicité des experts sur ce fléau pour élaborer et enrichir des lois. Des textes qui prévoient des sanctions plus sévères pour les trafiquants de drogue. Même au niveau de la coopération, la lutte est de mise, à l’instar de la réunion qui s’est tenue du 14 au 15 février 2023, entre des experts militaires de l`Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, au siège de l’état-major des armées du Niger, en vue de renforcer leur collaboration dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée transfrontalière. En outre, l’armée a déployé des efforts continus et déterminés pour sécuriser les frontières nationales et lutter contre les gangs de trafiquants de drogue, grâce à une stratégie globale adaptée et des opérations qualitatives.
Énième complot contre l’Algérie ?
Les importantes quantités de drogue saisies au cours des derniers mois à travers les frontières, à l’ouest du pays notamment, soulèvent de nombreuses questions, au point au point où l’on reconnaît hors de tout doute l’existence d’un véritable complot contre l’Algérie. Un phénomène qui confirme l’existence d’intentions cachées, dont le but est d’inonder l’Algérie de ces toxines, qui ont connu une escalade dangereuse ces dernières années, et à y faire proliférer la criminalité liée à la toxicomanie et d’y augmenter la consommation de drogues, entre autres. Une menace qui va à l’opposé des efforts consentis par l’Algérie pour dépasser les divergences et, partant, réfléchir à l’avenir du pays, en vue de parachever l’édification d’une nouvelle Algérie forte, solidaire et unifiée, à même de réaliser les aspirations d’unité de son peuple. Les dangers du micro-terrorisme résident dans les liens existant entre les groupes terroristes et les narcotrafiquants et dans le fait de fermer les yeux sur les activités de ces groupes au service d’objectifs vils qui ne servent d’aucune manière la paix et la stabilité dans la région. « L’Algérie est exposée à un danger systématique dans le domaine du trafic de drogue, et nous avons des données et des statistiques confirmant que nous subissons une tentative de déversement de tonnes de drogue, et cette situation nécessite d’adapter les moyens de contrôle, et nous avons des mesures préventives et des solutions dissuasives », avait déclaré le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabbi, lors d’une session au Parlement. Et d’ajouter : « le gouvernement a décidé de durcir les peines pour les organisations criminelles ».
Quand le Makhzen inonde l’Algérie avec des tonnes de cannabis
L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a, pour sa part, précisé récemment que le Maroc reste une région privilégiée pour la production et l’exportation de cannabis, car le régime marocain utilise tous les moyens pour promouvoir ses toxines et les commercialiser hors des frontières au détriment de la sécurité et de la stabilité des pays voisins. Un rapport des Nations unies publié en août 2020 a également averti que la production et le flux réguliers et stables de cannabis et de haschich du Maroc vers les pays voisins et le Sahel contribuent au financement de groupes armés actifs et menacent de déstabiliser la région, les groupes terroristes fournissant une couverture de sécurité aux passeurs en échange d’une part des revenus du trafic de drogue. En effet, le cannabis marocain est devenu une réelle menace pour la santé publique dans la région, mais pas que, puisque le Maroc est une plaque tournante mondiale, mais également le plus gros producteur dans le monde, sans oublier la panoplie de produits illicites que ce pays fournit aux réseaux du narcotrafic. Voulant dissimuler ses échecs économiques et les tensions sociales au Maroc, le makhzen dissimule les crimes de ses contrebandiers et de leurs pratiques. La pauvreté s’étend au Maroc et le chômage se répand parmi les jeunes. C’est pourquoi le régime marocain tolère la contrebande et le trafic de drogue, tout en encourageant ses agents déployés aux frontières à faciliter le passage de tonnes de drogue vers l’Algérie. Une arme fatale utilisée par le Maroc contre les capacités humaines de l’Algérie, notamment sa jeunesse, en plus de l’argent sale de ce commerce illicite qui porte atteinte à l’économie nationale. Mais heureusement que la mobilisation, l’anticipation et l’engagement soutenu des différents services dans leur lutte continuent de porter des coups durs à ces réseaux mafieux, devant l’insistance du Makhzen à ne pas assumer sa responsabilité.
Une consommation généralisée inquiétante
Dans une déclaration à la presse durant le mois de janvier dernier, la directrice de la prévention au niveau de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), Ghania Mokdache, avait annoncé une augmentation de plus de 200% de la consommation de la cocaïne et de 100% pour les autres drogues durant les 10 premiers mois de 2022 comparée à la même période en 2021. Ainsi, la société algérienne est de plus en plus préoccupée par le phénomène de consommation généralisée, de psychotropes en particulier, chez les jeunes, dans les écoles et les universités, en raison de leur facilité d’accès et de leur faible coût par rapport à la rareté et au coût élevé du cannabis. Un commerce lié à un taux de criminalité élevé dans les quartiers populaires des villes algériennes, alors que les experts attribuent la propagation de la criminalité à la propagation dangereuse de ces pilules. De nombreuses associations de la société civile ont lancé des initiatives pour lutter contre l’addiction, en misant sur plusieurs axes dont le plus important est la prise en charge à distance de l’enfant et de la jeunesse dépendants qui refusent ou ont honte de se rendre dans les cliniques de traitement. Lutter contre ce phénomène nécessitera de multiplier les centres de traitement des addictions, de sensibiliser les familles et de surveiller les écoles. A noter que la propagation des psychotropes dans la société algérienne a commencé en 2014, avec les flux migratoires. Par ailleurs, il est utile de rappeler que plus tôt, en octobre 2018, l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie avait affirmé dans un rapport l’augmentation préoccupante du trafic et de l’usage de toutes sortes de drogues en Afrique. Notamment en Algérie, plus vaste pays d’Afrique, et située entre deux grandes zones de production et de consommation de cannabis, eu égard aux connexions avérées entre réseaux criminels et crimes transnationaux organisés (terrorisme, trafic d’armes, drogues, contrebande,…).
Hamid Si Ahmed