L’information a beaucoup surpris aux Nations unies et ceux qui suivent attentivement le processus de règlement de la question du Sahara occidental. En effet, le représentant du SG de l’ONU pour le Sahara occidental , l’ancien président allemand, Horst Köhler, a décidé de renoncer à sa mission après vingt mois d’une médiation soutenue au cours de laquelle il a su insuffler une nouvelle dynamique au processus de paix de l’ONU pour le règlement du conflit opposant le Maroc au Front Polisario.
Sa démission serait motivée par des raisons de santé et sa décision est prise après un échange avec le secrétaire général Antonio Guterres. Mais selon des sources diplomatiques à l’ONU, le départ de l’ancien président allemand, 76 ans, était en fait prévisible : » il ne s’est pas en fait retrouvé dans une situation confortable et ce n’est pas son style « , de subir ou de céder aux pressions .En réalité cette démission justifiée par des soucis de santé ne s’explique pas dans la mesure où quelques jours auparavant il a eu une activité diplomatique normale s’impliquant dans la vie politique de son pays. Mais Horst Köhler, homme de principe et de grande rigueur, s’est trouvé au centre du double jeu du Maroc, couvert par son éternel protecteur français, dont le seul souci pour ne pas mettre fin à son occupation coloniale du Sahara occidental est le maintien du statue quo, au détriment du droit des sahraouis à l’autodétermination et à l’indépendance. Pour preuve, la réaction officielle de Rabat , après un «regret» tout en hypocrisie, a mis en avant sa «solution»: la pseudo «autonomie» dans le pur style colonial. Une solution inspirée de longue date par Paris mais qu’elle ne propose pas en nouvelle Calédonie où elle a déjà organisé un référendum d’autodétermination qu’elle dénie aux sahraouis. Avec le départ de Köhler, le Sahara occidental aura consommé quatre médiateurs après les deux américains James Baker et Christopher Ross et le hollandais Peter Van Walssun. Sa nomination, faut-il le souligner, est intervenue dans un contexte difficile, caractérisé par le blocage du processus onusien qu’il a essayé de relancer. Conforté par une expérience de plus de 35 ans au sein de son gouvernement et d’organisations internationales, l’envoyé personnel de Guterres a réussi le premier pari, celui de remettre le processus de négociations sur les rails après six ans de blocage du fait de l’intransigeance du Maroc et de son sponsor au Conseil de sécurité. Köhler a organisé en décembre dernier une première table ronde à Genève à laquelle il a convié les deux parties au conflit et les deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie. Cette réunion initiale a été suivie d’une seconde table ronde, tenue toujours en Suisse, sous l’égide des Nations unies. L’objectif étant de « consolider la dynamique positive créée par la première réunion et de commencer à aborder les questions les plus substantielles ». Politicien avisé, l’ancien émissaire onusien a reconnu, à l’issue de cette deuxième réunion, que la tâche n’était pas facile et qu’il ne fallait pas « s’attendre à un résultat rapide car les positions divergeaient toujours fondamentalement ». Dans le même temps, il a estimé que des « efforts réels » de la part des deux protagonistes étaient nécessaires pour créer la confiance qui manque à la progression des négociations. Sur ce volet, le Maroc ne s’est pas montré coopératif, rejetant les mesures de confiance sur lesquelles a insisté l’émissaire Horst Köhler, en particulier celles portant sur le déminage et la reprise des visites entre familles sahraouies. Après Genève, Köhler a voulu observer une halte avant de lancer un troisième round de discussions. Köhler qui a évoqué des « solutions innovantes » au conflit, lors de son dernier briefing au Conseil de sécurité, prévoyait de tenir la troisième réunion en septembre. Au demeurant, l’ancien président allemand n’a pas échappé aux obstacles imposés par le Maroc à son prédécesseur, Christopher Ross, qui l’ont empêché de conforter sa mission de médiation. Entravé dans sa liberté de mouvement, il s’est vu refuser l’accès aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires illégalement occupés par le Maroc. Le secrétaire général n’a pas manqué de souligner ces obstacles dans son dernier rapport sur le Sahara occidental, déplorant le fait que la Minurso soit empêchée de « s’acquitter de cette partie de son mandat qui consiste à prêter assistance à son envoyé personnel ». Le Maroc a eu déjà à saborder les efforts d’un autre émissaire américain en 2004 lorsqu’il a rejeté le plan de paix proposé par James Baker, qui maintenait le principe d’autodétermination en exigeant la tenue d’un référendum au terme de cinq années de sa mise en œuvre. Mercredi soir, le Front Polisario a fait part de sa tristesse suite à cette démission, exhortant « le secrétaire général des Nations unies à agir rapidement pour désigner un nouvel envoyé personnel, qui partage la conviction, la stature et la détermination du président Köhler « . Une nomination d’autant plus urgente qu’elle devra avoir l’aval des deux parties au conflit afin d’avancer concrètement d’ici fin octobre date de renouvellement du mandat de six mois de la Minurso.
Mokhtar Bendib
Le Front Polisario attristé
Le Front Polisario s’est dit « profondément attristé » par la démission de l’émissaire de l’ONU, Horst Köhler, louant ses efforts pour « parvenir à une solution juste et durable pourvoyant à l’autodétermination du peuple sahraoui. » »Le Front Polisario est profondément attristé d’apprendre la démission de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, l’ancien président allemand Horst Köhler », a écrit le Front Polisario dans un communiqué. »Au cours de son mandat d’envoyé personnel, le président Köhler était déterminé dans sa recherche d’une solution juste et durable permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental « , ajoute le communiqué. Le Front Polisario a remercié l’ancien président Köhler pour « les efforts dynamiques » qu’il a déployés pour relancer le processus de paix onusien au Sahara occidental en lui souhaitant « bonne santé et plein succès dans toutes ses entreprises ». »Le Front Polisario reste pleinement attaché au processus politique dirigé par l’ONU et à la réalisation du droit inaliénable de notre peuple à l’autodétermination et à l’indépendance », réaffirme la partie sahraouie dans le même communiqué. »Il est impératif que le départ de l’envoyé personnel ne soit pas utilisé comme une excuse pour retarder ou enrayer les progrès accomplis depuis la première table ronde sur le Sahara occidental organisée par l’ONU en décembre 2018″, a-t-il poursuivi. »Nous exhortons donc le secrétaire général des Nations unies à agir rapidement pour désigner un nouvel envoyé personnel, qui partage la conviction, la stature et la détermination du président Köhler « , a indiqué le Front Polisario. »Nous continuons de croire qu’avec la volonté politique et la détermination du Conseil de sécurité des Nations unies, une solution juste et durable permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental est à notre portée « , a-t-il conclu.
M. B.
L’Algérie regrette la démission de Köhler
L’Algérie a regretté la démission de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies (Onu) pour le Sahara occidental, Horst Köhler, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. »C’est avec un profond regret que l’Algérie a appris la nouvelle de la démission de M. Horst Köhler de ses fonctions d’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, » a indiqué le MAE. Suite à cette décision du responsable onusien, l’Algérie a rendu un « hommage bien mérité à Köhler pour l’engagement et la détermination dont il a fait montre pour la relance du processus de règlement du conflit du Sahara occidental depuis trop longtemps à l’arrêt. », a ajouté le ministère. L’Algérie, en sa qualité d’État voisin, n’a pas manqué d’apporter tout son soutien aux efforts de l’Envoyé personnel du secrétaire général tout au long du processus conduit par M. Köhler visant à amener les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, à « négocier, de bonne foi et sans conditions préalables, une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du Sahara occidental », a souligné le communiqué.
L’Algérie « reste convaincue que la solution de la question du Sahara occidental est celle qui permet au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination, conformément à la légalité internationale et à la doctrine et la pratique des Nations unies en matière de décolonisation », lit-on, en outre, dans le même document. L’ancien président allemand, Horst Köhler, s’est retiré mercredi de son rôle d’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental. « Le Secrétaire général de l’Onu a échangé avec l’ancien président allemand, Horst Köhler, qui l’a informé de sa décision de se retirer de son rôle pour des raisons de santé », a annoncé l’Onu. « Le secrétaire général a profondément regretté la démission, mais a déclaré comprendre parfaitement la décision « en présentant ses meilleurs vœux à l’Envoyé personnel », a ajouté la même source.
M. B.