Il y a quarante ans, le Maroc organisait depuis le Sud marocain une véritable «marche des gueux» pompeusement appelée «marche verte» par les communicants parisiens du palais royal, pour masquer l’occupation militaire du Sahara occidental, territoire non autonome colonisé par l’Espagne qui s’apprêtait à se retirer du pays, mais s’engageait à organiser un référendum d’autodétermination des Sahraouis. Une décision prise sous la pression des patriotes sahraouis qui avait fondé un mouvement de libération nationale, et attaquait les garnisons espagnoles. La «marche verte» de Hassan II, et que son héritier va «célébrer» le 6 novembre à El-Ayoun occupée, bouclée militairement sous très haute surveillance, était en réalité un écran de fumée pour cacher l’entrée des troupes marocaines au Sahara occidental où, aussitôt, elles commencèrent à massacrer les populations comme l’attesteront plus tard les nombreux charniers découverts. Débouté par la Cour internationale de justice (CIJ), le diabolique souverain marocain, un machiavel accompli, achète les consciences en Espagne, où Franco qui ne l’aimait pas beaucoup est à l’agonie, et fait appel aux monarchies du Golfe, au Soudan du dictateur Noumeiri, à l’Irakien Saddam Hussein, qui enverra des milliers de têtes de moutons pour les marcheurs affamés et sans logistique, mais aussi à la Syrie de Haffad El-Assad pour appuyer son projet. Le roi du Maroc avait surtout demandé une aide militaire et une protection armée craignant une riposte militaire de l’Algérie. Avant le début de la marche, d’intenses médiations diplomatiques sont menées entre les deux capitales par Washington, alors que la France de Giscard, le «copain» comme le qualifiât le roi, apportait son soutien inconditionné, et ira jusqu’à intervenir militairement contre les Sahraouis, lors des attaques victorieuses contre Zouerate des combattants de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS). Face a cette sainte alliance, l’Algérie n’interviendra pas militairement, mais lance une intense campagne diplomatique et humanitaire pour venir en aide aux populations sahraouies sans défense, dont une grande partie trouve refuge dans la région de Tindouf .
Le coup de bluff de Hassan II réussit
Il s’attelera un mois plus tard à pousser l’Espagne et la Mauritanie de Ould-Daddah, dont le pays était porté à bout de bras par l’Algérie, à signer les honteux accords tripartites de Madrid. Fort de cette argutie, le Maroc occupe militairement le Sud du Maroc, et notamment les villes de El-Ayoun, la capitale S’mara, la ville sainte et Mahbes non loin de la frontière algéro-sahraouie. Mais paradoxalement, l’accord tripartite de Madrid sans cesse dénoncé par les Sahraouis montre bien que le Maroc n’est pas dans son «Sahara» comme les propagandistes zélés du Makhzen le disent, puisqu’il accepte le partage du territoire avec la Mauritanie de Ould-Daddah. D’ailleurs, sous les coups de boutoir du Front Polisario et l’ALPS menée par le Chahid Mustapha Sayed El-Ouali, qui assiégera Nouakchott, dont il occupera la périphérie, la Mauritanie se retire de la partie du Sahara occidental qu’elle occupe, et sera remplacée par l’armée marocaine.
Le Polisario se tourne alors contre l’occupant marocain, combat militairement son impressionnante armée chassée de plusieurs villes. Il appellera, alors, au secours les stratèges israéliens qui le poussent à construire «le Mur de la Honte» sous le modèle de la ligne Bar Lev. Une ligne de défense censée protéger le Sahara utile, mais qui sera défoncée à plusieurs reprises par L’ALPS, à sa tête Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du Front Polisario à la mort d’El-Ouali au champ d’honneur puis Président de la Rasd. Défait militairement, Hassan II accepte de recevoir une délégation du Polisario, comprenant notamment Brahim Ghali, premier secrétaire général du Polisario, chef militaire et actuel ambassadeur de la Rasd à Alger, et Bachir-Mustapha Sayed, l’un des dirigeants du Polisario, frère d’El-Ouali. En grand manœuvrier, Hassan II promet l’indépendance et affirme, selon l’un des présents, que ni le «Maroc ne pourra digérer les Sahraouis et vice versa». Au Sommet historique de l’OUA à Naïrobi, il accepte le référendum d’autodétermination puis adhère au plan “Baker” qui en fixe les modalités d’organisations. En fait, tout comme son successeur, il cherchera à gagner du temps des enquêtes secrètes menées sur tout le territoire du Sahara occidental montrent que les Sahraouis et les milliers de colons marocains transférés sur le territoire opteront pour l’indépendance. Depuis, et alors que le combat libérateur des Sahraouis, même s’ils observent un cessez-le-feu, connaît un rayonnement mondial, ainsi que l’atteste les multiples reconnaissance de la Rasd membre actif de l’Union africaine, qui fait du dossier une priorité. Au grand dam du Maroc et de sa propagande mensongère comme l’a montré l’isolement de M6 au Sommet de New Delhi, avec sa cour de “00” personnes boycottant les séances plénières alors que le sommet, en sa résolution finale, réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Mokhtar Bendib