C’est un véritable rappel de Moscou et de Pretoria au Conseil de sécurité qui, en adoptant une résolution, reconduisant le mandat de la Minurso pour six mois, ne souligne pas suffisamment le droit imprescriptible et inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. En effet, pour Moscou et Pretoria le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est un paramètre de base pour le règlement du conflit du Sahara occidental. Ils ont relevé, à cet égard, la «dilution de ce principe visant à influer sur le processus onusien». Moscou et Pretoria, qui se sont abstenus de voter la résolution prorogeant le mandat de la Minurso de six mois, ont mis en garde le Conseil de sécurité contre la modification de ce principe établi comme «paramètre de base dans le conflit du Sahara occidental». Les deux pays reprochent aux États-Unis d’avoir opté, dans cette résolution, pour un «langage vague et ambigu qui peut être interprété comme une volonté d’influer sur la direction du processus politique». La résolution adoptée par le Conseil de sécurité mentionne le principe de l’autodétermination à deux reprises dans le préambule et les clauses. Une troisième référence à cette notion, proposée par la Russie, a été rejetée lors des tractations sur le mandat de la Minurso. Le Conseil de sécurité «réaffirme sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», souligne l’instance suprême des Nations unies dans le préambule de la résolution.
LE CONSEIL DOIT RÉAFFIRMER SON ATTACHEMENT, SANS RÉSERVE, AU DROIT DU PEUPLE SAHRAOUI À L’AUTODÉTERMINATION
L’ambassadeur sud-africain, Jerry Matthews Matjila, ne cache pas la préoccupation de son pays quant à l’utilisation d’expressions et de références tels que » compromis » et » réalisme » dans la résolution. «On ne saisit pas clairement ce qui est entendu par ces expressions car le principe de l’autodétermination du peuple du Sahara occidental est bien établi dans de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité», a déploré le représentant sud-africain, à l’issue de l’adoption de la résolution. «Nous ne souhaitons aucunement diluer ce principe par le biais d’un libellé ambigu et peu clair. Ce Conseil doit réaffirmer son attachement, sans réserve, au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination », a souligné l’ambassadeur Matjila. L’Afrique du Sud affirme que «la résolution ne doit pas chercher à influencer, de façon indue, la direction du processus politique», regrettant que le Conseil de sécurité continue de résister à la demande d’élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme. L’ambassadeur Matjila réaffirme «l’appui clair et ferme» de l’Afrique du Sud à la Minurso, tenant à rappeler que «cette mission a été principalement créée pour faciliter la tenue d’un référendum au Sahara occidental».Et non, comme le prétend le Maroc, la surveillance du cessez-le-feu. De son côté, la Russie a souligné que «le remplacement des principes de base du processus de paix par des généralités sur la nécessité de trouver des solutions réalistes ou des compromis ne fait que créer des ambigüités et sape la confiance vis-à-vis du Conseil de sécurité, assombrissant ainsi les perspectives du processus politique». «Nous ne pouvons accepter la dilution de paramètres déjà convenus et qui sont définis par les parties au conflit de façon à parvenir à une solution mutuellement acceptable garantissant l’autodétermination au peuple sahraoui », a réaffirmé, à ce propos, le représentant russe. «Nous sommes contre certains libellés et pour ce renouvellement comme pour les précédents, notre avis n’a pas été pris en compte, alors que nous voulions tout simplement le retour des libellés agréés par le Conseil», a-t-il précisé. La Russie rappelle qu’elle avait rejeté ces amendements lors des derniers renouvellements du mandat de la Minurso et qu’elle avait «exprimé, sans ambages, son refus d’une résolution qui remet en cause ces paramètres ».
L’OPACITÉ ENTOURE L’ÉLABORATION DES RÉSOLUTIONS SUR LA MINURSO
Moscou, «regrette que les arguments qu’elle a présenté, cette fois-ci pour rectifier le tir, soient ignorés». Dans le fond, les délégations russe et sudafricaine soulèvent l’opacité qui entoure l’élaboration des résolutions sur la Minurso, souvent marquées par l’empreinte de la France qui s’oppose à l’autodétermination du peuple sahraoui. Les projets de résolution sur la Minurso continuent d’être traités dans l’opacité, en excluant les autres membres du Conseil de sécurité, dénonce l’Afrique du Sud qui critique les méthodes de travail dont est chargé un « Groupe des Amis du Sahara occidental », non représentatif puisqu’aucun pays africain n’y siège. Pour la délégation russe, cette situation met en lumière le rôle du porte-plume, les États-Unis, qui a introduit des concepts imposés par un membre permanent du Conseil de sécurité et qui créent l’ambiguïté et sapent le travail même du Conseil de sécurité. Réagissant à l’adoption de cette résolution, le Front Polisario réaffirme que la seule solution réaliste et réalisable est celle qui accorde au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination. «Le Front Polisario réaffirme que la seule solution réalisable, réaliste et durable est celle qui accorde à notre peuple le droit inaliénable de décider de son propre destin de façon libre, démocratique et sans conditions préalables », souligne-t-il dans un communiqué. Par 13 voix pour et deux abstentions (la Russie et l’Afrique du Sud), l’instance suprême des Nations unies a adopté un projet de résolution appelant les parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à reprendre les négociations sous les auspices des Nations unies sans pré-conditions et de bonne foi.La résolution demande aux parties au conflit de coopérer pleinement avec la Minurso, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interagir avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir une totale liberté de circulation au personnel des Nations Unies dans les territoires sahraouis. L’émissaire onusien n’a pas pu accéder aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires occupés ; ce qui a limité, selon le secrétaire général, sa capacité d’évaluer en toute indépendance la situation dans les territoires occupés. Au-de là des piqures de rappel de la Russie et de l’Afrique du Sud, qui n’entendent pas laisser les États-Unis – soumis à une forte et intense pression du lobby sioniste protecteur avéré du Maroc – et la France agir à leur guise pour ce qui est de la décolonisation du Sahara occidental, l’adoption sans consensus de la résolution et la reconduction pour six mois et non un an comme demandé par Paris est un échec avéré de la diplomatie marocaine. D’autant que le MAE marocain, qui fait du mensonge l’axe de son action, a déployé une activité diplomatique sans précédent et liant la situation dans notre pays au danger que répéterait pour la région l’autodétermination du peuple sahraoui. Et comme de bien entendu les tambours de la propagande marocaine ont déployé leurs fiels infantilisant le peuple marocain. Peuple qui regarde vers l’Algérie et qui ne va pas tarder à généraliser son Hirak contre le makhzen et un roi prédateur dont le seul souci est son bon plaisir.
Mokhtar Bendib