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Sa pêche en forte pression à Alger : Le poulpe a le vent en poupe !

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Les professionnels dénoncent un «braconnage avéré» du poulpe, moins tout au long de la Baie d’Alger. Facile à capturer, tous les moyens sont permis pour l’attraper. Filets, fusil harpon, piège à poulpe, ligne de pêche, etc., et le poulpe fini par être domestiqué par les pêcheurs dans l’espace marin algérois.
En effet, l’octopus vulgaris (nom scientifique) est entrain de faire l’objet d’une campagne de pêche effrénée qui laisse planer des inquiétudes. C’est au-delà même de ce qu’on a tendance à qualifier de «pêche intensive» de cette espèce marine. Tel que nous l’avons constaté de visu au cours d’une virée à la Pêcherie d’Alger, où des explications ont été également recueillies par nos soins.
La pêche du poulpe suscite une convoitise qui prête à suspicion. Faut-il réagir pour canaliser l’activité ? Comment le faire ? Afin de trouver réponses à ces questions, seule une visite sur le terrain est à même de faire remonter le dessus du dessous. En effet, sur le quai de la Pêcherie d’Alger, vers une heure tardive de la nuit, l’activité commerciale du poulpe se met en marche entre les mandataires d’un côté et les acheteurs de l’autre. Les négoces doivent être conclus avant l’aurore du matin. C’est là que se fixe d’abord, de bouche à oreille, les prix des produits de la mer frais, et les rares prises dont fait parti le poulpe. «Le poulpe a le vent en poupe !», explique, «Errayess Madjid», capitaine d’un sardinier en langage marin pour dire toute la razzia sur cette espèce marine.

La star de la cuisine bistrot
Le poulpe est cédé à pas moins de 1000 DA le kilogramme, avant même que la marchandise n’arrive sur les étales des revendeurs, et, plus tard dans l’assiette du restaurant du coin. Là, la commande s’avérerait hors de portée des petites bourses. Du coup, le légendaire «petit monstre de la mer» devient une denrée fortement convoitée par les consommateurs. Chez le restaurateur, on peut y trouver une variété de mets qui va de «la salade de poulpes à l’espagnole» en passant par les «tançons de poulpes grillés accompagnés de la mozzarella», jusqu’au «poulpe en sauce et riz en safran». C’est bon marché pour les restaurateurs aussi bien pour les intervenants dans le circuit fermé de la vente. Ainsi, hormis une dizaine de jeunes espèces du poulpe proposés à 1400 DA le kilo, la marchandise risque de s’écouler en quelques heures de la soirée. Alors que l’aiguille de la montre pointe à 3 heures de cette matinée de jeudi, l’un des rares chanceux pêcheurs venait tout juste de capturer le précieux mollusque! Dahmane a dû passer toute la nuit sur place dans l’espoir d’attraper un poulpe, le vendre pour pouvoir arrondir sa fin de mois.
La prise fait un plus de 2 kg. Elle sera aussitôt mise sous froid dans le but d’atteindre un quota de 100 kg. «Je vendrais ma marchandise à raison de 12 000 DA le kilo. Ce poulpe que vous voyez rejoindra l’autre rive de la Méditerranée, et finira en Espagne ou en Italie», a confié, sans trop s’étaler, cet amateur de pêche.

Une espèce non protégée de plus en plus rare !
A la levée du jour, nous avons pris attache avec le directeur de la Chambre de pêche de la wilaya d’Alger dont le siège est sis sur place, au port de la Pêcherie. Il s’agit de l’interroger sur l’état des lieux, la réglementation en vigueur et l’encadrement juridique de l’activité de la pêche en général et puis celle des espèces protégées en particulier. D’emblée, il explique qu’«aujourd’hui, à longueur de l’année, il n’est pas rare de voir des pêcheurs proposer jusqu’à 100 ou 200 kilos de poulpes à des établissements de commerce. Tout le monde s’adonne à l’activité vu ses avantages sur le plan rentabilité immédiate. Pire, la pêche au poulpe ne se limitera pas à la taille des prises, de plus en plus petites», déplore le responsable. «À ce rythme, le poulpe pourrait disparaitre de nos mers!», a-t-il tiré la sonnette d’alarme au sujet d’une campagne de pêche qui échappe au contrôle des autorités. Pour notre interlocuteur, «la situation est grave. Il faudra prendre une décision immédiate afin de protéger cette espèce, maillon important dans la chaîne de la flore et la faune marines».
Y a-t-il néanmoins un espoir de protéger cette espèce ? Le même responsable révèlera que le poulpe n’est malheureusement pas inscrit sur la liste des espèces menacées de disparition, du moins en Algérie. D’où la surpêche qu’il subit présentement. Cependant, «la réglementation prévoit la protection de cette espèce. Le Journal officiel de la République, datant du 24 mars 2004, exige la taille de 14 cm comme seuil minimum pour la pêche au poulpe», a expliqué le directeur, qui appelle les pouvoir publics à la mise en place d’une réglementation sur les prélèvements qui devra impliquer l’aspect plaisance pour supplanter la pression sur la pêche de cette espèce marine.
Aussi, il préconise de «réétudier l’écosystème marin car la période de repos biologique se soumet à de nouveaux éléments tels que la pollution, le réchauffement climatique et la montée du niveau de l’eau dans la mer qui obligent les poissons à rejoindre d’autres zones». Enfin, pour sensibiliser les amateurs face aux menaces de disparition du poulpe, le responsable de la Chambre de pêche d’Alger rappelle que la période de reproduction de cette espèce est comprise entre le 1er juin et le 28 septembre de chaque année. Même si, il soutien l’élargissement de cette période qui lui semble «insuffisante». Autrement, «le poulpe a besoin de faire objet, au plus vite, d’un projet pilote de fermeture de la pêche, sur une immense zones de la Baie d’Alger afin de permettre le renouvellement de la biodiversité».
M. A.

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