Des dirigeants africains ont appelé dimanche à une action d’envergure régionale pour résoudre la crise en République démocratique du Congo (RDC), ajoutant que les initiatives internationales devaient quant à elles jouer un rôle de soutien.
Cet appel a été lancé lors d’un sommet régional d’une journée à Entebbe en Ouganda, qui a réuni les dirigeants et émissaires de divers pays pour discuter de la dégradation rapide de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et de ses répercussions sur la région des Grands Lacs. Le ministre d’Etat ougandais aux Affaires étrangères, John Mulimba, a déclaré que les participants s’étaient accordés sur le fait que la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) devaient prendre la tête des efforts de paix visant à endiguer l’escalade du conflit. « Nous avons convenu que malgré l’existence d’initiatives comme les processus de paix de Doha et de Washington, la région devait jouer un rôle de premier plan, et quand nous parlons de la région, nous parlons de la CAE et de la SADC », a indiqué M. Mulimba. Le sommet a ordonné la publication d’un document révisé dans un délai de dix jours, ainsi que la convocation d’une réunion de suivi dans les deux semaines suivantes afin d’intégrer le nouveau cadre de paix régional proposé, a-t-il ajouté. Dans une déclaration publiée lors du sommet, le Rwanda a affirmé qu’il n’était pas nécessaire d’établir de nouveaux mécanismes de paix, arguant que les cadres existants étaient suffisants pour résoudre ce conflit long de plusieurs décennies. Le ministre rwandais des Affaires étrangères Vincent Biruta a déclaré que le principal défi résidait dans le manque de mise en œuvre des accords déjà conclus, et a décrit l’accord de Washington et les initiatives de paix de Doha comme les cadres les plus viables pour régler les dimensions interne et régionale du conflit. M. Biruta a également réitéré la préoccupation du Rwanda concernant les activités des Forces démocratiques de libération du Rwanda, un groupe dissident lié au génocide de 1994 contre les Tutsis. Ne pas régler cette question « mine la confiance et continue à constituer une grave menace pour la sécurité régionale », a-t-il souligné. Un peu plus tôt ce mois-ci, le Rwanda et la RDC ont signé à Washington un accord de paix négocié par les Etats-Unis en vue de mettre fin à des décennies de combats. Depuis lors, les affrontements se sont cependant intensifiés dans l’est de la RDC, le groupe rebelle Mouvement du 23 mars (M23) ayant notamment progressé vers de nouvelles positions.
Les rebelles du M23 ne se sont pas encore retirés de la ville d’Uvira
De son côté, le président congolais Félix Tshisekedi a déclaré que les rebelles du M23 ne s’étaient pas encore retirés de la ville frontalière stratégique d’Uvira, dans l’est de la RDC, malgré leurs annonces précédentes. S’exprimant dimanche par visioconférence lors d’un sommet ad hoc de dirigeants régionaux convoqué par le président ougandais Yoweri Museveni pour examiner la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, Tshisekedi a estimé que « ce prétendu retrait ne correspond ni aux faits ni aux observations faites sur le terrain ». « Nos informations établissent que des éléments armés demeurent présents dans la ville et ses environs immédiats, que des positions stratégiques restent occupées et que la population continue d’être exposée à des exactions », a déclaré, Tshisekedi devant le sommet. Il a ajouté: « Certes, un retrait a été annoncé, mais il n’est ni effectif, ni vérifié, ni suivi du rétablissement de l’autorité des forces régulières. Il ne peut être considéré comme un véritable retrait », faisant remarquer que » la crédibilité de tout processus de paix repose sur des actes vérifiables et non sur des déclarations de circonstance ». Pour rappel, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), coalition rebelle opérant dans l’est du pays et incluant le M23, avait annoncé en fin de semaine dernière avoir entamé le retrait de ses forces d’Uvira, affirmant que l’opération serait achevée le lendemain, à la suite d’une demande des Etats-Unis, médiateurs des pourparlers de paix.
R. I./Agences













































