La question du remaniement du gouvernement continue de tarauder les esprits au sein de l’opinion nationale et de la classe politique. Elle accentue davantage la suspicion autour de la date fixée à sa mise en œuvre.
Dans cette cacophonie, les médias de la presse nationale n’ont le choix que de traduire la moindre information, distillée çà et là, ou soutirée de la bouche d’une voix plus au moins au fait des confidences du sérail, et de la transformer en une nouvelle annonciatrice de l’arrivée «incessante» de l’échéance. De leur côté, les responsables politiques, tous niveaux confondus, poussent l’intrigue jusqu’à la confusion, et dénotent quand même l’éminence de la question, qui devrait intervenir «incessamment», selon eux, compte tenu, arguent-ils sur un fond de scepticisme, du contexte politique et économique actuels qui l’impose. Dans ce lot d’incertitudes, tout semble concourir à brouiller les pistes. Même les présidents des deux chambres parlementaires n’en savent pas plus que les députés siégeant au sein des institutions qu’ils dirigent. En effet, les déclarations se multiplient, mais aucune voix ne semble ressembler à l’autre, s’agissant de lever le voile sur le prochain lifting du gouvernement. Car, interrogés maintes fois à s’exprimer, aussi bien sur le projet de la révision de la Constitution que sur celui du remaniement ministériel, qui devrait suivre, ils se contentent de déclarer que les deux questions relèvent exclusivement de la volonté du chef de l’État, seul habilité à ordonner leur mise en œuvre et à fixer les échéances. «Le remaniement du gouvernement est une question sensible, donc, c’est le Président qui décidera de son sort», s’est contenté de dire Saïd Bouhadja, responsable à la communication du FLN, joint, hier, par téléphone. À l’origine, l’information était d’autant plus crédible qu’elle émane de sources présidentielles, rendue publique, pour rappel, l’été dernier. Plus que ça, l’on a annoncé au grand jour, et d’ores et déjà, la création de «supers» ou encore de «mégas» ministères à partir de la fusion de départements jugés «auxiliaires». Dans cette nouvelle approche, il conviendrait de constituer au moins cinq grands départements. Cela consiste en la création de ministères associant l’Économie et les Finances, un autre pour l’Énergie, l’Industrie et des Mines etc., pour n’en citer que ceux-là. Des noms ont même été dévoilés quant à la composante du prochain gouvernement. Ainsi, outre des ministres, dont la gestion de leurs secteurs respectifs est jugée «non satisfaisante», ce qui «justifierait », donc, leur remerciement, d’autres nouvelles têtes arriveraient dans cette nouvelle reconfiguration.
L’enjeu : le repositionnement politique
Les indices quant à cette option plausible ne manquent pas. Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, qui était le premier à avoir porté la question sur la scène du débat national, n’est sans doute pas le fait du hasard. En effet, étant à la tête d’un parti qui dispose de la majorité électorale, il n’était guère satisfait de l’actuelle configuration ministérielle, à travers laquelle sa formation politique est timidement représentée. Pour rappel, l’ancien remaniement ministériel est intervenu dans une conjoncture d’urgence, au lendemain notamment des élections présidentielles du 17 avril 2014, où le gouvernement dirigé par Abdelmalek Sellal est formée à partir des formations politiques moins influentes, mais dont les ministres sont issus des partis ayant mené une campagne électorale en faveur de Abdelaziz Bouteflika. C’est ce qui fait que cette situation a échappé au contrôle du FLN, d’où son désir justement, aujourd’hui, de tenter de «se réapproprier ce qui lui revient de droit», et essayer de se tailler la part du lion dans le prochain remaniement. D’autre part, si l’actuel chef de l’exécutif, Sellal, dispose de chances d’être reconduit à son poste, Abdesslam Bouchouareb est également pressenti pour le remplacer, indique des sources bien informées. Si tel serait le cas pour ce dernier, l’actuel ministre de l’Industrie et des Mines serait chargé, contexte économique oblige, de mettre en œuvre les nouvelles réformes opérées dans plusieurs secteurs, qui souffrent, jusque-là, d’une traduction effective sur le terrain. Cela étant dit, l’impérative urgence de répondre aux aspirations du peuple en matière de développement socio-économique, est la mission principale dont serait chargé le prochain gouvernement. En fait, l’enjeu réside dans le choix à faire, entre un gouvernement d’essence politique ou purement technique. C’est là un paramètre déterminant l’option de l’un ou l’autre de ces deux responsables, à porter à la tête du prochain exécutif national. Dans cette cacophonie, il conviendrait aussi de rappeler que des sources concordantes parlent de certains parlementaires du FLN, qui pourraient prétendre à des postes ministériels. Ainsi, si l’on croit des informations émanant de responsables hauts placés de ce parti, Bahaeddine Tliba, Tahar Khawa et Ahmed Kharchi, respectivement députés d’Annaba, Batna et de Constantine, seraient cochés sur la liste du prochain gouvernement. L’actuel chargé de communication au FLN, Saïd Bouhadja, pourrait lui aussi être désigné aux règnes du département des Moudjahidine, indiquent les mêmes sources. Par contre, ce qui est certain, c’est que ce changement consacrera plusieurs portefeuilles ministériels au FLN, dont le parton a décrié longtemps la gestion de l’actuel gouvernement, lequel, semble-t-il, est dépassé par les événements ayant émaillé la scène nationale, et surtout par la crise née de la fluctuation des marchés pétroliers. Dans cette reconfiguration, le FLN pourrait profiter de la mise à l’écart «annoncée» de Dalila Boudjemâa, Nadia Labidi ou encore de Aïcha Tagabou, pour glaner des lauriers, en plaçant ses propres cadres aux seins des ministères respectifs qu’elles dirigent. Car, autrement, il ne serait possible d’écarter des ministres qui reviennent aux partis comme le TAJ de Amar Ghoul, du MPA de Amara Benyounès, et encore moins du RND que dirige Abdelkader Bensalah. Autres «grosses surprises» promises par le prochain lifting du gouvernement, Amar Saâdani serait nommé ministre d’État, conseiller spécial auprès du président de la République. Cela est d’autant plus possible, que son prédécesseur à la tête du FLN, en l’occurrence Abdelaziz Belkhadem, a déjà occupé cette fonction avant qu’il ne soit évincé.
Farid Guellil