Le projet de loi d’orientation sur la recherche scientifique et le développement technologique consacre l’activité de la recherche scientifique et du développement technologique concernant les priorités nationales et oblige les opérateurs économiques à investir dans l’effort national de promotion de ces activités. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a indiqué que ce projet de loi vise à permettre à la recherche scientifique de répondre aux exigences économiques afin que l’université algérienne contribue au développement du pays. Dans ce contexte, il a invité les chercheurs à prendre attache avec l’Agence nationale de valorisation de la recherche dont le rôle est d’aider les chercheurs et les accompagner afin qu’ils matérialisent leurs recherches. Le ministre a également invité les recteurs et les responsables des bibliothèques universitaires à généraliser l’utilisation du système de documentation et d’archivage en ligne qui représente un réseau rassemblant les connaissances et informations produites à l’échelle nationale et mondiale. Hadjar a souligné la nécessité d’ouvrir des spécialités à vocation nationale au niveau de chaque université afin de remplacer les instituts de ce genre, aujourd’hui disparus, à l’exemple de l’institut d’agronomie. Selon lui, ces instituts accueilleront des jeunes venus de toutes les régions comme ce fut le cas dans les années 70 et 80. L’article 2 de ce projet de loi, dont l’APS a obtenu une copie, stipule que la recherche scientifique et le développement technologique sont des priorités nationales. Ce projet propose un examen de la composante du Conseil national d’évaluation qui devrait être principalement composé de scientifiques indépendants. Aussi, le texte propose la mise en place des mécanismes de sélection de programmes nationaux pour la recherche en fonction des priorités, en donnant à toutes les institutions concernées, la possibilité de proposer dans les différents domaines leurs sujets prioritaires. Par ailleurs, l’accent est mis, dans la nouvelle loi, sur la recherche scientifique et sur la promotion de la valorisation économique de l’activité de recherche et de développement technologique. Ceci étant la phase ultime du transfert des produits et du savoir, des espaces de recherche vers le monde économique. Dans cette optique, cette phase est considérée comme une préoccupation permanente et un facteur d’orientation et de modulation pour la politique nationale de recherche scientifique qui représente le principal segment de l’économie fondée sur la connaissance. L’article 4 de cette loi souligne que les opérateurs économiques s’obligent à investir dans l’effort national de promotion de la recherche scientifique et du développement technologique, tout en bénéficiant en contrepartie de mesures incitatives et d’encouragement définies annuellement par les lois de finances. La nouvelle loi consacre, ainsi, le soutien de l’État au profit de l’entreprise innovante dans toutes les phases, de l’incubation jusqu’à la sortie en passant par la mise en place et le développement. L’article 5 de ladite loi stipule que les opérateurs économiques assurant une activité de recherche-développement peuvent bénéficier de crédits émanant du budget national de la recherche scientifique et du développement technologique.
« La nouvelle loi institutionnalise la recherche dans le secteur socio-économique »
Le directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Hafidh Aourag, a déclaré que la nouvelle loi d’orientation sur la recherche scientifique et du développement technologique a été consacrée à la recherche dans le secteur économique et social. Dans une interview exclusive accordée à l’ APS, il a souligné que l’accent qui sera mis dans le cadre de la nouvelle loi sur la mise à niveau et l’activité d’évaluation de la recherche scientifique et le développement technologique dans le secteur social et la note économique que la nouvelle loi consacre la notion de chercheurs et de la recherche industrielle dans le milieu. Selon le même responsable, les nouvelles mesures contenues dans cette base ad hoc pour le développement du droit technologique vise à prendre des mesures au service de la recherche scientifique au profit de l’économie nationale. Aourag a affirmé que 250.000 sur les 350.000 chercheurs que compte la France, sont actifs dans le milieu industriel et que 88% des chercheurs sont dans l’industrie. D’autre part, il a souligné que pour faciliter le transfert des résultats de la recherche scientifique et du développement technologique vers le secteur socio-économique, la nouvelle loi introduit un nouveau concept : la thèse en industrie pour répondre au besoin du secteur. Aussi, la possibilité de réaliser des thèses de doctorat en milieu professionnel est ainsi consacrée dans le projet de loi d’orientation sur la recherche scientifique et le développement technologique qui consacre également le soutien de l’État au profit de l’entreprise innovante qu’elle soit publique ou privée. D’autre part, Aouareg a déclaré que 60.000 sont inscrits en doctorat. Si l’État parvient à les faire soutenir dans les délais impartis, il y aura une provision de 60.000 chercheurs pouvant être injectés dans le système de recherche scientifique. Au plan de la valorisation, Aourag a plaidé pour la mise en place d’un capital risque pour soutenir la recherche scientifique, particulièrement dans le secteur industriel.
Mobilisation des compétences humaines
Une évaluation des activités de recherche scientifique et de développement technologique sera menée désormais conformément aux dispositions de la nouvelle loi. Après la construction de l’édifice institutionnel de recherche à même de garantir la stabilité des institutions, la pérennité des missions et la cohérence des objectifs, ainsi que la mobilisation des compétences humaines et des moyens matériels et financiers, Aourag a estimé qu’il était temps de mettre en place une stratégie de recherche scientifique et de développement technologique pour le pays. Selon lui, un effort important doit être mené au niveau de l’enseignement supérieur pour la formation de docteurs dans la mesure où la capacité d’innovation d’un pays dépend largement de l’effectif et de la qualification du personnel qui se consacre à la recherche et au développement dans ses entreprises, ses universités et ses centres de recherches. Par conséquent, Aourag a annoncé la construction de 100 centres de recherche scientifique pour répondre au développement de soutien, au développement local ou régional pour le secteur social et économique, soulignant qu’ en plus des deux centres qui ont été réceptionnés, un nombre important le sera en 2016.
Il est à signaler qu’un total de 33.527 chercheurs ont été mobilisés et 2.842 projets ont été concrétisés entre 2008 et 2012 au titre de 34 Programmes nationaux de recherche (PNR), révèle un bilan de mise en œuvre du programme quinquennal de la recherche scientifique et du développement technologique.
Avec 33.527 chercheurs engagés (894 par million d’habitants), l’objectif de la loi 98-11 d’atteindre la moyenne universelle de 1.080 chercheurs par million d’habitants a été approché, souligne le document qui met en évidence l’évolution des effectifs d’enseignants-chercheurs dans les activités de recherche durant ce quinquennat. En cinq ans, le nombre d’enseignants-chercheurs a ainsi progressé de 80% passant de 15.000 en 2007 à plus de 25.000 en 2012, le nombre de ceux engagés dans des activités de recherche ayant atteint 31.212 dont 11.600 dans des programmes nationaux de recherche, selon ce document soumis à l’Assemblée populaire nationale (APN). Le bilan fait ressortir, par ailleurs, que près de 1.000 chercheurs issus de la communauté algérienne établie à l’étranger ont été approchés par la tutelle et ont exprimé leur disponibilité à adhérer aux efforts de promotion de la recherche scientifique dans leur pays d’origine.
Plus de 18.500 chercheurs mobilisés dans des projets nationaux
Sur les 5.200 projets soumis, 2.842 ont été sélectionnés puis concrétisés durant le quinquennat 2008-2012 mobilisant 18.539 chercheurs et domiciliés dans 85 établissements d’enseignement supérieur, est-il précisé de même source. Le financement de chaque projet a été fixé à hauteur de 1,5 million de dinars, assuré à travers les organismes pilotes chargés de la coordination de leur mise en œuvre, selon le document. La répartition des projets en question fait, par ailleurs, ressortir que sur les 2.842 projets aboutis, 344 relèvent des secteurs de l’agriculture, des ressources en eau et de la pêche alors que 160 autres de l’aménagement du territoire, de l’environnement et risques majeurs, suivis en troisième position, des domaines liés au droit, à l’économie et à la société avec 236 projets.
Renforcer l’adéquation entre la recherche et le développement
En guise de conclusion, le document fait état, entre autres, de la nécessité de redynamiser le Conseil national de la recherche scientifique et technique ainsi que celui de l’évaluation des activités liées au secteur. Il en est de même pour les comités sectoriels et autres commissions intersectorielles de programmation et d’évaluation des activités de recherche. Il est également préconisé la réalisation des facteurs permettant une meilleure adéquation entre les programmes nationaux de recherche (PNR) et les préoccupations du développement économique, social et culturel du pays. Le bilan quinquennal relève, enfin, l’impératif d’asseoir des mécanismes de priorisation susceptibles d’être appliqués aux programmes nationaux de recherche, tout autant que du suivi de l’état de la production scientifique et technologique.
Lazreg Aounallah /APS