Dans son rapport annuel 2020, consultable sur son site internet, lequel a été soumis au président de la République et aux chefs des deux Chambres parlementaires, la Cour des comptes a révélé ce qui pourrait être qualifié de scandale financier dans le projet de réalisation de 50 zones industrielles à travers le pays.
Sinon comment pouvoir expliquer, et justifier encore, le fait d’injecter des dizaines de milliards de dinars entre 2011 et 2018 pour récolter « zéro » résultat sur le terrain ? C’est dire toute l’étendue de la gabegie de l’argent public qui a, des années durant, servi plus à la corruption qu’il n’a profité à l’investissement rentable.
En effet, dans la première partie du rapport traitant du « Budget et des administrations de l’État », on pouvait constater sur le chapitre inhérent aux « Programmes publics de création et de réhabilitation des zones industrielles et des zones d’activité », les montants astronomiques engagées durant huit longues années alors que sur le terrain les projets n’ont été suivis d’aucun effet immédiat. Ainsi, pouvait-on y lire sur le rapport de la Cour des comptes, « Les notes d’insertion figurant dans le présent rapport annuel ont mis l’accent sur les défaillances récurrentes constatées dans la conception et la mise en œuvre des différents programmes d’équipement publics, à l’instar des programmes de création et de réhabilitation des zones industrielles et des zones d’activité. »
Pour ne citer que le programme de création d’un total de 50 nouvelles zones industrielles à travers plusieurs wilayas du pays, dont le programme a été confié en 2011 à l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière (ANIREF), la Cour des comptes a révélé, après contrôle, que plus de 290 milliards de dinars ont été alloués au projet. Mais, à la fin de l’année 2018, aucune zone industrielle en bonne et due forme n’a vu le jour, constate la Cour des comptes, alors que le programme devait être réceptionné en avril de cette même année.
Pas que, puisque la Cour des comptes a constaté de multiples malversations qui ont entaché la procédure de réalisation. Autrement dit, « l’exécution de ce programme a été confrontée, également à l’absence des outils de pilotage et des insuffisances dans l’encadrement et les procédures de sa mise en œuvre qui se sont traduites notamment par des choix des sites en contradiction avec les critères retenus et une faible maitrise des procédures de leur obtention, des changements fréquents de la procédure de cadrage du programme et un processus de contractualisation des études et des aménagements mal défini », détaille-t-on dans ce rapport 2020.
En tout état de cause, ce rapport de la Cour des comptes devrait donner du fil à retordre à tous les responsables impliqués durant cette période. En sus, les révélations ainsi faites devront, elles aussi, servir de base à toute affaire de corruption en lien avec ce programme qui, pour le moins que l’on puisse dire, renseigne sur le niveau de dilapidation de l’argent public.
Farid Guellil