Ils étaient plusieurs agriculteurs de la wilaya de Bouira qui ont pris part durant la matinée d’hier à un sit-in devant la ferme pilote Mohamed Bouhaarine d’El-Esnam à une dizaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de la wilaya afin de dénoncer la mise en place du projet de partenariat public-privé dans le domaine de l’agriculteur notamment au niveau des fermes pilotes. Les agriculteurs mécontents qualifient ce projet d’une tentative de « détournement » et de « bradage » du foncier agricole. De son coté M. Messaoud Boudhane, président de l’association des maraîchers de Bouira, dira que cet accord s’il venait a être concrétisé, signifierait pour « une mise à mort » des petits agriculteurs et surtout « un détournement déguisé » des terres agricoles. « Nous voyons en cet accord, une tentative de la part des barons du foncier agricole pour s’emparer de nos terres », a-t-il estimé, tout en refusant la moindre concession à ce sujet. Pour M. Boudhane interlocuteur, les hommes d’affaires, ou « les prédateurs », comme il les a qualifié, auraient selon ses dires, « conclu un deal » avec le gouvernement. Notre interlocuteur poursuivra : «Par cette action, nous disons halte à la mafia du foncier ! ». Les agriculteurs en colère notamment ceux issus de la ferme pilote d’Aïn-Bessam, qui ont pris part à ladite action de rue aucune garantie, selon eux, n’a été donnée aux agriculteurs au sujet de leur devenir et celui de leurs terres. « L’investisseur privé détiendrait 66% de l’exploitation et 34% pour l’État. C’est une aberration et une privatisation qui ne dit pas son nom », ont-ils affirmé. Et de poursuivre « Pourquoi pas l’inverse ? L’État détiendra la majorité des capitaux et l’investisseur sera actionnaire minoritaire. Là, on aurait eu des garanties solides » concluaient-t’ils. Le représentant local de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), El-agriculteurs Hamadache, s’est également joint à ce mouvement de grogne, en clamant haut et fort que ces terres « sont et resterons ceux des agriculteurs ». « Nous n’accepterons jamais que des investisseurs, dont on ne connaît ni l’origine, ni les intentions, viennent s’accaparer de notre bien le plus précieux (…) ces fermes doivent rester exclusivement la propriété de l’État et seul le président de la République peut statuer sur leur avenir ». Pourtant, le Conseil des participations de l’État (CPE), avait apporté des « garanties » concernant ce partenariat. Ainsi, le 18 mars dernier et lors de la réunion avec gérants des fermes pilotes et partenaires sociaux, il a été décidé que « tous les éclaircissements ayant trait au Partenariat public privé des fermes agricoles, notamment les aspects liés au maintien de l’emploi et à la préservation des intérêts des travailleurs qui sont pris en charge dans les différents documents à faire valider par les futurs partenaires (cahier des charges, pacte d’actionnaires et contrat de partenariat », était-il mentionné dans la charte de partenariat. Néanmoins, ces assurances ne semblent pas convaincre les agriculteurs de Bouira, qui menacent de recourir à des actions de rue pour faire barrage à cette initiative. Le gérant de la ferme pilote Mohamed Bouhaarine, M. Akli Ferradji, s’est montré plus que rassurant vis-à-vis de ce partenariat. « Notre ferme, laquelle s’étend sur une superficie de 1017 hectares pourrait avoir un avenir des plus prometteurs avec ce partenariat. De plus, les cahiers de charges, sont très clairs à ce sujet, aucune activité hors domaine de l’agriculture ou agroalimentaire ne sera tolérée », a-t-il assuré, avant de préciser que pas moins de 55 « prétendants investisseurs », ont signifié leur intérêt pour la ferme dont il a, la gestion.
Omar Soualah
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