Les élections législatives anticipées se dessinent à l’horizon depuis l’annonce de la dissolution de la très contestée Assemblée populaire nationale.
La loi électorale étant amendée en attendant la publication de la mouture finale. Et les prochaines joutes électorales auront lieu au plus tard le mois de juin. Sans trop tarder, les partis politiques intéressés s’y mettent déjà et se frottent les mains pour rafler la mise lors de ce scrutin, les formations politiques d’obédience islamique notamment et celles connues proches du pouvoir. Pour ces dernières, peu importe qui incarne ce pouvoir, car elles s’adaptent, telles des caméléons, à toutes les situations. Mais qu’a-t-il réellement à offrir le champ politique national actuel comme alternative à ce qui a été vécu par le passé, soit en dehors du FLN, RND et les partis islamistes ? Cette question mérite peut être de remonter un peu dans le temps pour comprendre le reflexe politique de l’Algérien. Si les élections depuis pratiquement les années 90, à commencer par les législatives de 1997 jusqu’au jour d’aujourd’hui, hormis peut-être la présidentielle de 2019 et le référendum sur la nouvelle Constitution, ont été toutes émaillées d’irrégularités, et une fraude massive, il n’en demeure pas moins que les élections à venir n’on pas grand choses à proposer. Hormis le triste choix entre la peste FLN/RND ou le choléra des islamistes mené par le MSP de Abderzak Makri et la montée en puissance de parti El Binaa de l’autre islamiste Abdelkader Bengrina. Ce dernier est arrivé, rappelle-t-on, deuxième juste derrière le président actuel Abdelmadjid Tebboune lors de l’élection présidentielle de 2019. Quant aux partis de l’opposition démocratique, ils sont marginalisés, mal compris ou carrément décriés comme apostats, laïcs, porteurs d’idées importées de l’Occident, déconnectés de la réalité de la société algérienne.
Quels choix pour les électeurs
Les Algériens, du moins ceux qui sont impliqués dans la chose politique sont une denrée rare dans les autres structures politiques partisanes en dehors du cercle des partis du pouvoir FLN-RND ou les partis islamistes. Ils ne s’impliquent pas en nombre dans les partis politiques de l’opposition démocratiques progressiste, alors qu’ils jouent le coude pour se frayer une place dans les autres partis déjà cités. Certes l’achat des consciences est monnaie courante chez les partis au pouvoir. Pour les islamistes il y a aussi la perspective de se retrouver au paradis entourés de plusieurs vierges sans pour autant attendre le jugement final, car il faut aussi profiter de la vie : de ce que le présent et le pouvoir ont à leur offrir.
Loin de faire du marketing politique pour qui que ce soit, il est clair que les partis traditionnels de l’opposition, pourtant connus, n’arrivent toujours pas à drainer du monde. Certains diront que c’est par laxisme, manque de stratégie ou carrément par absence de projet de société captant. Une réflexion qui ne tient pas la route car les partis islamistes ou au pouvoir n’ont jamais brillé par leur projet de société. Aujourd’hui encore et en dépit du mouvement populaire, qui avait balayé l’ancien régime, la scène politique demeure figée avec les mêmes formations politiques de l’époque. Même si on imagine un instant que le tandem FLN-RND soit sanctionné lors des prochaines élections, le risque de voir l’hémicycle de Zighoud Youcef tomber dans les bras des islamistes est grand. Pour illustrer cette probabilité, il est important de revoir les incessantes déclarations de Abderzak Makri, chef de file du parti MSP. Ce dernier a toujours clamé pour qui veut l’entendre que sa formation a été spoliée d’une victoire certaine lors de la présidentielle de 1995 remportée par Liamine-Zeroual face au défunt dirigeant du parti et son fondateur, Mahfoud Nahnah. Il estime également qu’il a été privé de la victoire lors des élections législatives de 2017 remportées par le FLN et le RND grâce à une fraude massive au profit des partis au pouvoir, poussant le bouchon plus loin en affirmant qu’il tient cet aveu de l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal himself. Le successeur d’Abou Djera Soltani croit dur comme fer que le MSP est la première force politique du pays. C’est pour cela peut être qu’il a toujours réclamé un régime parlementaire. Et dans le besoin, les partis islamistes peuvent faire cause commune au sein du Parlement. Il se peut aussi que le parti joue l’intéressant, mais ce qui est par contre sûr c’est que l’opposition démocratique moderniste qui est pourtant la seule alternative aux projets moyenâgeux des islamistes, est toujours marginalisée et diabolisée et par le peuple et par les pouvoirs successifs.
Brahim Oubellil