Ces derniers jours, les affaires judiciaires relatives à la corruption sont devenues pratiquement une des mœurs. En effet, le tribunal criminel d’Alger a traité, hier, l’une des affaires les plus scabreuses que la Justice algérienne n’ait jamais eues à traiter. Il s’agit de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest. Au total, ce sont seize (16) personnes, en majorité des fonctionnaires du ministère des Travaux publics et de consortiums étrangers, qui sont poursuivies pour corruption dans cette affaire liée au projet du siècle. Ainsi, lors de ce procès, qualifié d’historique, et qui se tient au tribunal criminel d’Alger, le procureur a requis des peines d’une année à 20 ans de prison ferme, et des amendes allant d’un (1) à 8 millions de dinars contre les seize (16) personnes impliquées dans l’affaire. Dans cet ordre d’idées, une peine de 20 ans de prison ferme incompressible et 8 millions de dinars d’amende ont été requises contre le principal accusé, Chani Medjdoub. Une semblable peine a été requise par le procureur et une amende de 5 millions de dinars contre Mohamed Khelladi qui a fait éclater le scandale. De surcroît, une peine de 15 ans de prison ferme incompressible et une amende de 8 millions de dinars ont été requises contre Rachid Hamdane et Tadj-Eddine Addou. Le procureur a également requis une peine de 8 ans de prison ferme et une amende d’un(1) million de dinars contre Allab El-Khier, 3 ans de prison ferme et une amende d’un (1) million de dinars contre Mohamed Ouzen, alias colonel Khaled, ainsi que 2 ans de prison ferme et une amende d’un (1) million de dinars à l’encontre de Mohamed Bouchama, Ghezali et Belkacem Ferachi. Une année de prison ferme et une amende d’un (1) million de dinars ont été demandées contre Widad Gherieb, Fella et Radia, tandis qu’il a été requis une peine d’un an de prison ferme contre Bouzenacha Madani et Naïm. Le procureur général n’a pas émis de réquisitions concernant le 16e inculpé en fuite Tayeb Kouidri. Le ministère public a demandé également dans son réquisitoire une amende de 5 millions de dinars contre chacune des sept entreprises étrangères, dont la chinoise Citic-CRCC et la japonaise Cojaal, impliquées dans la même affaire. Il est à rappeler que, selon l’arrêt de renvoi, les accusés avaient reçu des pots-de-vin versés par des compagnies étrangères en contrepartie de l’attribution des marchés dans les secteurs des travaux publics et transports. Cela concerne les projets de réalisation de l’autoroute Est-Ouest, le barrage de Kef-Eddir dans la wilaya de Tipasa, de tramways et enfin des projets d’ascenseurs à Constantine, Tlemcen, Skikda et Oued-Qoreich à Alger. Parmi les sociétés étrangères citées pendant l’instruction figurent le groupe chinois Citic-CRCC, réalisatrice de l’autoroute Est-Ouest, le consortium italien Pizarrotti, le groupe espagnol ISOLUX Corsan, le japonais Cojaal, le canadien SMINC, le suisse Caraventa et le portugais COBA. Initialement, le projet de l’autoroute Est-Ouest avait été évalué à 6 milliards de dollars. De réévaluation en réévaluation, l’enveloppe financière avait atteint les 11 milliards de dollars en 2011-2012, puis fin 2014 plus de 13 milliards de dollars. La genèse de cette affaire a éclaté en 2009, et plusieurs ex-hauts responsables, dont des ministres, avaient été cités dans le volumineux arrêt de renvoi de 250 pages lors du début dimanche dernier du procès. Ce procès a été reporté à deux reprises au cours de la session criminelle 2014 du tribunal criminel d’Alger. À l’heure où nous mettons sous presse, il se poursuit toujours.
Lamia Boufassa