Les institutions palestiniennes de défense des prisonniers ont révélé un bilan accablant des campagnes d’arrestations menées par l’occupation israélienne. Selon leur dernier rapport mensuel, 540 Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie occupée, y compris à El-Qods, durant le mois d’août 2025, parmi eux 49 enfants et 19 femmes.
Avec ces nouvelles arrestations, le nombre total de détenus palestiniens en Cisjordanie depuis le déclenchement de la guerre d’extermination dépasse les 19 000 personnes, dont plus de 590 femmes et environ 1 550 enfants. Ces chiffres incluent ceux qui ont été libérés après leur arrestation, mais excluent les milliers de détenus originaires de Ghaza.
Méthodes systématiques
Les institutions – la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers, le Club des prisonniers palestiniens et l’association Addameer – dénoncent une politique d’arrestations devenue systématique : incursions nocturnes, destruction de biens, vols d’argent et d’objets de valeur, violences contre les détenus et leurs familles, menaces de mort, prises d’otages, interrogatoires dans les maisons ou dans des bases militaires improvisées, et exécutions sommaires. Les colons ont eux aussi joué un rôle direct dans l’élargissement des campagnes d’arrestations, multipliant les agressions contre les Palestiniens dans les villages et zones ciblées par la colonisation.
Explosion des détentions administratives
L’occupation poursuit également son recours massif à la détention administrative, mesure arbitraire qui permet d’incarcérer sans charge ni procès. Près de 32 % des prisonniers palestiniens sont détenus sous ce régime, parmi eux des femmes et des enfants.
Depuis le début de la guerre, environ 90 % des recours déposés contre ces détentions ont été rejetés par les tribunaux israéliens, confirmant, selon les organisations, le rôle de façade de cette justice entièrement soumise aux services de renseignement.
Conditions carcérales alarmantes
Les témoignages collectés par les équipes juridiques décrivent une situation sanitaire dramatique : propagation de maladies, amaigrissement extrême lié à la faim imposée, et apparition d’épidémies comme la gale, particulièrement dans la prison d’« Ofer ». Dans la prison de « Ramon », les autorités ont menacé directement le leader palestinien Marwan Barghouti, une démarche perçue comme une tentative d’intimidation et un appel au meurtre. Les femmes détenues ne sont pas épargnées : quatre opérations de répression de grande ampleur ont été recensées en août, impliquant passages à tabac, fouilles humiliantes, gaz lacrymogènes et mises à genoux forcées.
Martyrs derrière les barreaux
Au mois d’août, deux jeunes prisonniers ont succombé : Ahmed Saïd Tazazaa (20 ans), détenu administratif originaire de Jénine, et Moussab Abdel Mounim Al-Aida (20 ans), blessé par balles à Hébron avant son arrestation. Les organisations rappellent également que l’occupation continue de retenir les dépouilles de 85 prisonniers martyrs, dont 74 depuis le début de la guerre, en violation flagrante du droit international.
Torture et disparitions forcées à Ghaza
Les témoignages les plus récents sur les prisonniers de Ghaza sont particulièrement alarmants.
Dans la section souterraine « Rakevet » de la prison de Ramla, les détenus ont décrit un régime de torture et de privation extrême, allant jusqu’à des agressions sexuelles et des viols.
Par ailleurs, le recours à la loi israélienne sur les « combattants illégaux » – modifiée après le début de la guerre – a institutionnalisé la pratique de la disparition forcée, particulièrement contre les détenus de Ghaza.
Chiffres actualisés au 1er septembre 2025
Les prisons israéliennes comptent désormais plus de 11 100 prisonniers palestiniens, un chiffre record depuis l’Intifada d’Al-Aqsa en 2000. Parmi eux 53 femmes (dont deux de Ghaza), plus de 400 enfants, 3 577 détenus administratifs, 2 662 considérés comme « combattants illégaux », incluant des Palestiniens de Ghaza ainsi que des ressortissants libanais et syriens.
Les institutions soulignent que ces chiffres ne prennent pas en compte les milliers de Palestiniens encore détenus dans les camps militaires sonistes.
M. S.