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« PLUS DE 1,2 MILLION D’HECTARES TRANSFÉRÉS AUX EUROPÉENS », SELON UN UNIVERSITAIRE FRANÇAIS : La France a aussi spolié nos terres 

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De nombreux historiens, aussi bien algériens que français ont traité de la guerre d’Algérie et ses nombreux effets sur la population et sur la nature. Nombreux sont ceux qui ont épluché le sujet des essais nucléaires français dans le sud algérien et leurs répercussions sur l’environnement et les populations de la région. Mais les crimes de la France coloniale vont au-delà de ces essais et vont au-delà de la guerre chimique utilisée pour faire plier les tribus algériennes qui ont résisté à l’ordre coloniale et ses lois scélérates.

Il y a quelques jours, un journal français, «Reporterre », a publié un article dans lequel il met en cause le colonialisme français dans les atteintes à l’environnement et la nature dans les contrées conquises à coups de crimes coloniaux. Dans le préambule de son article, le journal souligne que « face aux tentatives de révisionnisme historique, Reporterre s’est intéressé à un pan méconnu de la colonisation française en Algérie : ses dégâts sur la nature ».

Le discours des révisionnistes 

Il rappelle que le discours de l’extrême droite, révisionniste et négationniste veut aseptiser l’histoire de la France coloniale en l’expurgeant de ses crimes les plus abjects. « Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie. « Reporterre » souligne que, « à l’aube de la colonisation, le socle de la société algérienne reposait sur la paysannerie, l’agriculture était la principale source de richesse et rythmait la vie des populations qui alternait entre le travail de la terre et les transhumances saisonnières. Mais de 1830 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’accaparement des terres par les colons a complètement bouleversé cet équilibre ». Ce fut une véritable colonisation de peuplement par l’expulsion de populations, chassées de leur terre et offertes aux nouveaux colons, à coups de décret et autres lois. Ces colons en maîtres des lieux ont changé même la nature du couvert végétal qui était essentiellement constitué d’étendue céréalière, d’oliviers. La vigne fut largement introduite par ces colons, faut-il le rappeler.

De l’expropriation du foncier à l’accaparement des richesses 

« L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférences à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales. Au total, d’après ses calculs, plus de 1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique », note le journal précisant que pour parvenir à ses fins, la puissance coloniale a usé d’un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière ».

Le journal indique que,  « la doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire et une violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole », une doctrine coloniale qui a servi l’installation de cohortes de colons venues de toute l’Europe ».

« Reporterre » rappelle qu’au final, il s’agissait de punir tous ceux qui tentaient de se révolter, et de dissuader ceux qui en avaient l’intention. « En 1838, l’ordonnance royale du maréchal Bugeaud indiquait que toute tribu s’insurgeant contre la domination française pouvait voir ses terres séquestrées. Cette politique monta encore d’un cran en 1871 à la suite d’une insurrection initiée contre la puissance coloniale ». Cette « tempête des spoliations », selon l’expression d’Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre » a noté le média français.

« Des paysans sans terre, sans bétail, sans abris … »

 Evoquant les conséquences de la politique coloniale  menée depuis le débarquement des troupes françaises en Algérie, « Reporterre » affirme que,  « devenus des paysans sans terre, sans bétail, sans abris, n’ayant que la force de leurs bras à vendre, ils vont alimenter la masse des candidats à toutes les servitudes », écrit Hosni Kitouni. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. « Des paysans algériens vont revenir cultiver la terre, fournir les semences, et les instruments agraires, en échange de quoi ils vont pouvoir récupérer un ou deux cinquièmes de la récolte, le reste revenant au propriétaire », raconte à Reporterre Antonin Plarier. Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés ».

Les effets de la colonisation ont été aggravés par un arsenal juridique conçu pour asseoir l’hégémonie des colons qui peuvent profiter, à leur guise de toutes les richesses des populations spoliées de leurs terres et leurs biens. Cet état de misère installé en Algérie par l’ordre colonial s’est étendu pour assécher les cours, d’eau, détourner els lits de rivières, changer les caractéristiques podologiques d’une région. Ce sont ces réalités du colonialisme que l’extrême droite veut passer à la trappe pour se gargariser du gros mensonge de la dimension civilisatrice du colonialisme un mythe déconstruit par Jean -Michel Apathie et le média « Reporterre ».

Synthèse Slimane B.

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