Il est dix heures ce jeudi au conseil de wilaya. Le hall est noir de monde et l’hémicycle est archi comble. Les présidents d’APC des 45 communes et les chefs des douze daïras sont là aux côtés des directeurs d’exécutif, les bureaux d’étude, le CAPIREF etc. En face , le secrétaire général de la wilaya et le wali qui préside le conseil. Le SG annonce la couleur : l’investissement dans le secteur de l’industrie, le foncier et les obstacles rencontrés dans la réalisation de certains projets.
Un long aperçu sur la zone industrielle
Considéré comme le fleuron de l’industrie à l’échelle locale, la zone industrielle de Sidi-Khaled, à douze km au sud de Bouira, est l’objet de toutes attentions, de tous les soins. Le wali et le ministre de tutelle ne jurent que par elle. Créée en 1979 par décret ministériel, elle connait un véritable boom sous la formidable impulsion donnée par le nouveau wali. Celui-ci, à peine installé, avait dévoilé sa stratégie en matière de développement : il fallait rompre avec cette politique qui limitait jusqu’alors l’horizon économique de la wilaya à la seule agriculture.
Moderniser celle-ci, l’arracher à son destin qui la faisait dépendre d’un climat très capricieux, c’était assurément une bonne chose. Mais ce n’était pas forcément tout. Il fallait diversifier la palette économique en misant globalement sur l’industrie. Aujourd’hui, après deux ans d’efforts intenses, les résultats sont plus que satisfaisants. Ayant tombé la veste, ce matin, le wali peut suivre le long aperçu donné par la direction de l’investissement sur les datashows fixés aux quatre coins de la salle en forme de fer à cheval. Initialement, la zone industrielle s’étendait sur 225 ha. La décennie noire l’avait considérablement freinée. Rien ne bougeait ou peu de choses alors. Si peu que l’on préférait ne pas trop en parler. L’espoir d’un développement rapide venait du BTPH. Le bâtiment, les routes, l’hydraulique, voilà l’avenir en un mot. La devise alors, chez nos responsables n’était-elle pas celle-ci : «Quand le bâtiment va, tout va?» Mais bien vite ce secteur a montré ses limites. Force a été de constater qu’il fallait revenir à ce projet d’industrialisation de la wilaya. Le seul qui soit capable de tirer la croissance vers le haut d’une façon rapide et durable. Intervenant dans ce cadre, l’Etat, mettant la main à la poche, a alloué au secteur une importante enveloppe débitée en quatre tranches. La première tranche d’un montant de 24 065 700 DA est affectée en 2002. En 2004, suivait la deuxième tranche de 146 038 190, 22 DA, soit cinq fois plus. En 2007, le montant doublait presque avec 247 000 000 DA. En 2014, il est de 275 000 000 DA. En suivant sur le datashow ces données chiffrées, on se rend compte que le souci de doter la wilaya d’un tissu industriel ne datait pas d’hier. Il a, cependant, fallu attendre douze ans pour qu’il trouve en l’actuel wali la volonté et les capacités nécessaires pour le traduire dans les faits. La dynamique insufflée par lui au secteur en gestation a porté ses premiers fruits. L’engouement provoqué chez les investisseurs est tel que l’extension de la zone industrielle est jugée absolument nécessaire pour accueillir de nouveaux projets. L’exposé qui revient sur cette extension pour montrer que le secteur est en pleine croissance estime le terrain mobilisé à cet effet à 190 ha. Le nombre de projets recensés dans la zone est de 82, dont 21 seulement en activité. Soulignant les motifs à l’origine de ces retards, le document fait remarquer que 33 projets sont en cours de réalisation, 7 en cours d’annulation et 6 à l’arrêt. Lors de sa visite en juin-visite à laquelle nous étions présents, la zone industrielle, répartie en 105 lots, accueillait 81 projets : 18 projets en activité, 33 en cours, 10 à l’arrêt et 8 en cours d’annulation. Nous remarquons le progrès intervenu en l’espace de quelques petits mois. Nouveaux projets en vue L’exposé est fastidieux et long. Trop de détails l’émaillent. Trop de termes techniques en obscurcissent le sens. Le wali qui apprécie la clarté, demande qu’on aille à l’essentiel. On en vient vite aux zones d’activité. Le rapport en énumère 13 à travers la wilaya. On en a, à peu près, une dans chaque daïra. Le nombre de projets identifiés est de 275 : 120 projets en activité, 41 en cours de réalisation, 50 en cours de lancement, 50 en cours d’annulation et 5 à l’arrêt. L’assiette foncière accordée sous forme de vente ou de concession est de 119 ha. Certains projets sont de grande envergure, comme la cimenterie ou l’usine de détergents de Sour El-Ghozlane. Mais on sent que les vrais enjeux se situent au niveau de la zone industrielle. Déjà saturée, elle incite à regarder ailleurs. La commune de Dirah, où le pétrole affleure et forme un oued –l’oued Gétrini-a éveillé l’intérêt des responsables, ou plutôt du seul responsable qui a vraiment à cœur de réussir dans ce secteur d’avenir. C’est ainsi qu’est né le projet d’une seconde zone industrielle. Si l’on estime la superficie totale de l’actuelle zone industrielle et des 13 zones d’activité à 534 ha, la zone industrielle à l’étude a requis à elle seule 750 ha ! Comme elle est desservie par la RN8 et que cette route nationale est reliée à hauteur de Sour El Ghozlane au chemin de wilaya 127, lui-même desservant la zone industrielle de Sidi-Khaled, on s’attend à ce que, grâce aux avantages qu’offrent les infrastructures routières, le même engouement se manifeste chez les investisseurs pour la nouvelle zone industrielle. Mais l’ambition de la wilaya ne s’arrête pas là. Profitant de l’élan impulsé par cette révolution industrielle en marche, les responsables planchent sur la création de 13 nouvelles zones industrielles. Leur nombre pourra passer ainsi à 26 zones. A titre d’exemple, la commune d’El-Hachiia aura la sienne au lieu-dit Karba où elle a réservé une assiette foncière estimée à 44 ha, tandis qu’à Draâ Aïssa, dans la commune de Bir Ghbalou, ce sont 50 ha qui ont été affectés à la nouvelle zone d’activité. Mais on en verra d’autres à Aïn El-Hadjar, Aïn-Bessem, Sour El-Ghozlane, Lakhdaria, Bouira, M’Chedellah, El-Adjiba etc… Ainsi comme on peut le voir, la wilaya jette les bases d’une industrie moderne pour un développement local durable. Les résultats de cette politique industrielle sont déjà là et se résument en deux mots ou plutôt en deux chiffres : le total global d’investissement est de 38 265 216,31 DA, tandis que, en terme d’emplois, les 82 projets de la zone industrielle et les 275 projets des 13 zones d’activité ont permis de créer 8 566 postes. Pour les projets en cours, on a investi déjà 21 780 543,71 DA qui créeront 4 137 postes. Les créneaux dans lesquels on a investi présentent un large éventail qui va du bâtiment à l’industrie diverse en passant par le commerce, l’agroalimentaire etc.. CAPIREF et ANDI la main dans la main ces deux entités administratives qui veillent sur le devenir du secteur, sur son développement et , partant, sur celui de toute la wilaya. Le datashow qui maintenant par souci d’abréger laisse filer sur son écran les informations à un train d’enfer sans rien arranger, montre que depuis 2011, le CAPIREF a réceptionné 439 dossiers. Ainsi, la commission, dans sa tâche harassante, a pu délivrer 190 actes de propriété assortis de 70 décisions de concession. Par ailleurs, ayant reçu 204 dossiers pour le permis de construire, elle en a délivré 191 dont 8 ont été rejetés. De son côté, l’ANDI a reçu 1 929 dossiers pour la réalisation de 3 467 projets. Elle a rendu 545 décisions pour 1072 projets qui représentent la valeur de 9 630 milliards de dinars d’investissements. L’exposé s’est attaché ensuite à éclaircir la situation héritée de l’URBAB, une autre entité qui gérait une partie du foncier et qui a délivré un grand nombre d’actes et de décisions de concession. Cette partie du foncier revenant à l’Etat depuis la dissolution de cette entité, les dossiers en cours seront traités par le CAPIREF. Il a souligné aussi l’importance des sorties sur le terrain pour faire avancer certains dossiers relatifs à l’installation de l’eau, de l’électricité, du gaz, du téléphone. Ces visites ont permis, selon notre source, de délivrer et d’en annuler 14 autres. De même qu’il a tenté d’expliquer la nature du blocage rencontré dans la réalisation des projets dus à la lenteur administrative, aû changement d’activité des entreprises agréées etc. Enfin, le directeur de l’investissement n’a pas oublié dans son exposé de dresser un petit tableau concernant les ressources minières dont dispose la wilaya. Ce potentiel minier constitue une richesse fabuleuse pour une wilaya qui a figuré longtemps au bas de la liste des wilayas les plus pauvres. Les entreprises se disputent déjà les concessions des sites. Il fait savoir qu’il existe 51 sites d’argile gypsée, 32 gisements d’argile rouge, et au moins 3 gisements de gypse (Ahnif, Mesdour et El Hachimia.) Mais à côté des ces minerais, il y a de la baryte et du plomb à Boukhram, du verre blanc à Mesdour et Taghdit, et surtout de l’argile rouge avec 5 gisements, dont deux à Aïn El-Hadjar et à Aomar. Pour la seule année 2015, 25 autorisations d’exploitations ont été délivrées. Entre 2014 et 2015, le rapport qui cite cette grande entreprise installée à Sour El-Ghozlane et qui va fabriquer du ciment, du verre, de l’argile, du gypse, du verre, rappelle que ce sont 985 postes qui ont été créés dans ce cadre. L’exposé prend fin vers midi ! Les débats auxquels il a donné lieu, eux se poursuivront jusqu’à 16 heures environ. Un nouvel Eldorado. Pour conclure, nous avons pris la liberté de citer quelques projets en activité ou en cours, visités il y a peu de temps à la zone industrielle de Sidi-Khaled. Ils aideront à mieux saisir les enjeux de ces investissements : l’unité de fabrication des appareils électroménagers qui regroupera 9 ateliers prévoit la création de 150 postes. Le complexe avicole intégré qui fabriquera 6 tonnes d’aliments par heure et produira 150 000 poulets emploiera 70 ouvriers. L’entreprise Asmidal qui produira 120 000 tonnes d’engrais solides par an créera 100 postes d’emploi dans une première phase et 200 autres dans une deuxième phase. Ce fabriquant de céramique monocouche compte faire appel à 350 employés. Cette tuilerie qui va produire 15 millions de tuiles par an aura besoin de 100 ouvriers pour tourner. Faut-il poursuivre encore cette énumération ? L’investisseur émirati qui fabrique 26 000 de tonnes de câbles par an en exportant 6 000 tonnes vers le Maroc, la Tunisie et la Libye emploie 208 travailleurs. Ce fabricant de tuyauterie, lui, embauchera 60 ouvriers. Ce centre enfûteur qui livre les bouteilles de gaz à toute la wilaya dispose d’une capacité de production de 1 000 tonnes qui assure une autonomie d’une semaine de consommation. Il est équipé aussi pour le stockage de butane de deux cigares (Fûts en forme de cigare) d’une capacité de 70 tonnes chacune. Il est également chargé de la distribution de propane et de GPL carburant en vrac. Le carrousel d’emplissage butane (bouteilles effectuant un large circuit au terme duquel, arrivées vides, elles sont remplies et contrôlées) est d’une capacité de 25 000 t/an. Il faut noter aussi que certains projets sont d’une importance capitale et visent à réduire la facture d’importation ou à favoriser la rentrée de devises. L’unité de production de câbles émiratie, celle de la production de chlore, celle de la production de semence céréalière et de légumineuses et bien d’autres sont là pour témoigner de l’ambition et de la volonté de la wilaya d’écrire une nouvelle page dans l’histoire de son développement. Autant par leur taille que par leur impact économique pour le court et le long terme ces projets méritent une mention à part.
Ali D.