En Algérie, il n’est un secret pour personne que les métiers, particulièrement manuels, soient boudés par les jeunes. De plus en plus de catégories professionnelles accusent un déficit important en matière de main-d’œuvre.
Afin d’y remédier, le directeur général de l’Agence nationale de l’emploi (Anem), Mohamed-Taher Chalal, a indiqué, hier, lors de son passage à l’émission «Service public» de la chaîne 3 de la Radio nationale, qu’une «nomenclature algérienne des métiers et emplois a été mise en place en vue de répondre aux besoins des différents acteurs du marché du travail ».
Rappelant que les enquêtes réalisées de l’Office national des statistiques (ONS) ont démontré que «plus de 52% de la population, qui est en situation de chômage, ne possède pas de qualification». Le DG de l’Anem a précisé que ladite nomenclature ne règle pas, à elle seule, le problème. À cet effet, il a rappelé que dans le cadre d’«un partenariat avec l’Organisme français de placement des demandeurs d’emploi, en l’occurrence Pôle emploi, qui vise à construire cette nomenclature, a permis de réduire le gap entre les offres et les placements. Mais ce n’est pas suffisant». Certes, la nomenclature est un «référentiel», mais ne peut éradiquer le phénomène, a-t-il alerté.
La solution, selon le DG, réside dans la revalorisation du travail et la reconversion de métiers. Le DG a, dans cette optique, souligné que le déficit de main-d’œuvre s’explique essentiellement par le manque d’information, quant aux formations les plus demandées sur le marché. Par ailleurs, au sujet des efforts déployés, il a noté que plus de 3 000 conseillers d’emploi, à travers 273 agences, sont au service des jeunes, afin de les orienter à choisir des formations adaptées au marché du travail. De même, il a expliqué que les ministères du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique «multiplient les efforts en vue de sensibiliser les citoyens, quant à l’importance de suivre des formations, et ce, même si ces derniers possèdent d’ores et déjà des diplômes». En effet, pour lui, le problème d’adaptation se pose pour de nombreux jeunes diplômés qui ne trouvent pas d’offres répondant à leurs qualifications. Pour l’hôte de la Radio, une «formation supplémentaire peut faire la différence au niveau d’un test de recrutement».
Plus loin, Tahar Chalal a déploré qu’en dépit de ces efforts de nombreux jeunes continuent à s’orienter vers des spécialités non demandées dans le marché du travail, et ce, en raison du manque d’information. D’où l’intérêt de la sensibilisation, juge-t-il, tout en expliquant que «les différents acteurs doivent expliquer aux jeunes qu’apprendre un métier c’est 50% déjà d’un emploi assuré». Cependant, il a expliqué que «le problème de déficit de main-d’œuvre ne se pose pas dans tout le territoire», mais seulement dans les zones urbaines.
Admettant que, de nos jours, il est plus facile de trouver un médecin qu’un plombier, ou un maçon, le DG a appelé à changer les regards, quant à ces métiers pénibles, et à valoriser le travail quelle que soit sa nature. Entre autres, l’hôte de la Radio n’a pas manqué de mettre l’accent sur la valeur ajoutée de ces emplois, en assurant que «c’est des métiers porteurs». Chiffres à l’appui, quant aux avancées enregistrées par l’Anem, le DG a indiqué que «98% des demandeurs d’emploi sont des primo-demandeurs». Ces derniers sont, donc, orientés pour faire des formations, afin d’accroître les chances de trouver un emploi. Faisant état de moins d’un million de demandeurs d’emploi au 30 novembre 2016, il dira que le secteur de l’industrie est le plus porteur. En effet, il a noté une hausse de l’ordre de plus de 24% des offres dans l’industrie, durant les onze premiers mois de 2016, comparativement à l’année précédente, alors que les placements ont connu dans ce secteur une hausse de 18%. S’agissant des offres d’emploi, enregistrées durant les onze premiers mois, il a affirmé que celles-ci se chiffrent à 442 000, alors que les placements sont de l’ordre de 381 612. Notant une hausse de 10 à 15% entre 2010 et 2015, l’intervenant a indiqué que ces chiffres témoignent de la dynamique que connaît l’économie.
Lamia Boufassa