Emportés par le vent de la révolte du mouvement populaire, qui souffle sur le pays depuis près de dix (10) mois maintenant, les anciens partis de la « défunte » alliance présidentielle peinent à se relever et à refaire surface.
Orphelins depuis l’incarcération de leurs chefs pour des affaires de corruption, les deux soi-disant premières forces politiques du pays, le tandem FLN- RND, qui jadis, rien ne se faisait dans le pays sans leurs cautions, dans les boîtes à résonnance, de la chambre basse du Parlement et du Sénat, dont ils sont majoritaires, aujourd’hui, ils donnent cette image d’avoir perdu la boussole. Ces deux formations politiques, peuplées d’opportunistes, sont à présent gérées par des secrétaires généraux intérimaires, à défaut de tenir leurs congrès respectifs pour l’élection de nouveaux responsables à la tête de leurs instances respectives. Si le RND a pu se présenter à l’élection présidentielle à travers son SG par intérim, Azzedine Mihoubi, arrivé 4e du podium avec une marge insignifiante, le plus vieux parti, quant à lui, s’attelle à remettre de l’ordre dans la maison FLN. Ce dernier, qui n’a pas réussi à avancer un candidat du parti au scrutin présidentiel de jeudi passé, doit tenir prochainement son congrès national pour désigner un successeur à son SG par intérim, Ali Seddiki.
Et le FLN a commis, par ailleurs, une autre erreur monumentale, en soutenant un candidat qui n’est pas des siens, au détriment de l’actuel Président, qui est pourtant membre du Comité central du parti. Ironie du sort, ces deux partis politiques sont rattrapés par l’histoire de leurs méfaits, dont les sigles seront inscrits sur les annales des partis ayant troqué l’intérêt général contre d’énormes privilèges, en succombant au charme de la vie et de ses caprices. Aujourd’hui, ils ne sont que l’ombre d’eux-mêmes, sans aucun réel ancrage populaire, mais juste de simples spectateurs qui, certes, tentent tant bien que mal de sortir la tête de l’eau. Mais ce sera, à coup sûr, peine perdue. À l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune aux commandes du pays, le Front de libération nationale, un parti symbole de la lutte contre la France coloniale, désormais « vomi » par tout un peuple, s’est précipité de le féliciter et a affiché sa disponibilité à travailler avec lui pour le bien de l’Algérie. Une tentative malsaine mais tactique, pour se refaire une virginité auprès de celui qui, à en croire des indiscrétions, avait refusé un soutien franc de ce parti, tout comme ses concurrents, Ali Benflis et Abdelaziz Belaïd, autres enfants du parti.
Mihoubi dans le collimateur de ses pairs
Les retombées de la débâcle du « poulain » du RND à la course présidentielle, commencent déjà à se faire sentir et ne tarderont pas à éclater au grand jour. Selon des informations rapportées par des médias, le candidat malheureux à ce scrutin Azeddine Mihoubi, et son staff de campagne, subissent les foudres des membres du parti, qui se sont hissés contre ses positions par rapport au mouvement populaire et réclament sa tête.
Le processus de sa destitution est déjà en cours, à en croire ces sources, qui évoquent un communiqué non signé, qui fait état de l’existence d’une aile formée de cadres et militants du parti, qui reprochent à leur SG de n’avoir pas « pris au sérieux la nouvelle donne constituée par le mouvement populaire » qui, selon eux, « serait à l’origine du résultat catastrophique de cette élection ». Une défaite qui s’est répercutée négativement sur les esprits des militants, selon le communiqué. À se fier à ces sources, une délégation de cadres et de secrétaires des bureaux de wilayas est chargée de prendre attache avec Mihoubi, tenu pour responsable de la déroute du parti, pour « l’exhorter à déposer sa démission » dans les touts prochains jours. La gestion du parti telle que souhaitée par les frondeurs du RND devrait revenir à un membre du Conseil national, dans l’attente de la tenue d’une session extraordinaire du conseil national, au mois de janvier 2020. Au cours de cette session, un autre secrétaire général par intérim sera élu dans le seul but de préparer un congrès extraordinaire lors du premier trimestre 2020.
Ce groupe de cadres et de militants du RND a, d’ailleurs, lancé un appel « aux cadres intègres du parti pour s’allier à cette démarche afin que “le parti recouvre sa ligne originelle” qui consiste en “la défense des intérêts suprêmes de la patrie pour laquelle il a été créé, dont la défense des constantes nationales, les préoccupations et les aspirations du peuple”.
Autres griefs retenus contre le recalé Mihoubi, et pas des moindres, c’est que, selon les membres signataires du communiqué, le SG du parti, Azeddine Mihoubi a adhéré au processus de candidature à l’élection présidentielle de son propre chef. Autrement dit, sans y avoir été mandaté. Est-ce une vérité absolue, ou une tentative de démarcation du parti, après l’échec de leur mentor, afin de se refaire une estime auprès de la population, et lui pardonner sa démarche ? Difficile de le dire. Mais le parti RND est connu pour son allégeance au pouvoir, qui tombe, à chaque fois, à bras ouverts, sur tout ce qui vient du système. Quelles que soient les motivations de Mihoubi et du parti face à cette élection, le parti a subi un sacré coup, dont il ne se relèvera pas de sitôt.
Pour les autres partis de l’ex-Alliance, à savoir, le MPA de Amara Benyounès, et le TAJ de Amar Ghoul, qui croupissent à la prison d’El-Harrach pour des affaires de corruption, ils se sont tout simplement éclipsés de la scène politique depuis que les têtes ont été coupées, hormis peut être cette sortie du TAJ au lendemain de la présidentielle, en souhaitant un succès au nouveau locataire du palais d’El-Mouradia.
Apparemment, le scrutin présidentiel du 12 décembre n’en finit pas de faire tomber des têtes, et ses répercussions se font ressentir au plus haut niveau des instances des partis politiques ayant pris part. Deux autres candidats malheureux à cette élection ont déjà jeté l’éponge de la direction de leurs partis respectifs, qui sont Ali Benflis du parti Talaïe El Hourriet et Abdelkader Bengrina du parti El bina.
Quant à Mihoubi, il sera poussé à la porte. Une sortie plutôt humiliante, qui s’ajoute à l’affront subi lors du scrutin présidentiel.
Brahim Oubellil