Le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Mohamed Loukal a présenté, hier, à l’Assemblée populaire nationale (APN), le rapport relatif aux évolutions économiques et monétaires du pays en 2015 et les neufs premiers mois de 2016.
À cette occasion, il a insisté sur le caractère « vulnérable » de la situation financière du pays face aux chocs externes, et ce, trois ans après le début de la chute des prix du baril du pétrole. D’emblée, le gouverneur a affirmé qu’en dépit des mesures prises par le gouvernement, afin de faire face au choc, il n’en demeure pas moins que la situation économique a été marquée par l’érosion du Fonds de régulation des recettes (FRR), la contraction des réserves de change, la dépréciation du dinar face au dollar, et la hausse de l’inflation. Pour lui, tous les indicateurs macroéconomiques se sont détériorés, conséquence de la chute des prix mondiaux de pétrole. « Les réserves de change de l’Algérie ont baissé à 114,1 milliards de dollars (mds usd) à fin décembre 2016 contre 144,1 milliards usd à fin 2015, a indiqué le gouverneur de la Banque d’Algérie. Entre fin décembre 2015 et fin décembre 2016, le matelas de devises de l’Algérie a ainsi baissé de 30 milliards de dollars, a-t-il encore révélé. Aussi, le gouverneur de la BA a indiqué que « le prix moyen du prix du pétrole l’année 2015 s’était établi à 42.69 dollars le baril contre 102 dollars le baril pour la même période de 2014 ». Conjuguée à la contraction des quantités d’hydrocarbures exportées, l’acuité de la chute des prix du pétrole s’est traduite par un niveau d’exportations d’hydrocarbures de seulement 33 milliards de dollars en 2015 contre 58.46 milliards de dollars, une année auparavant, soit une baisse de 43.7%.
Cependant, le gouverneur a fait savoir que les importations se sont établies à 20.38 milliards de dollars, au cours des neufs premiers mois de 2016, alors que les exportations se sont chiffrées à 37.20 milliards de dollars. Ces chiffres révèlent donc que la balance commerciale a enregistré une baisse de 16.80 milliards de dollars au cours de cette période. Toujours en chiffres alarmants, Mohamed Loukal a indiqué, dans sa présentation que la balance de paiements a enregistré un déficit de 27.53 milliards de dollars.
« Situation économique relativement solide et confortable vers l’extérieur »
En dépit des chiffres avancés par le gouverneur de la Banque d’Algérie, celui-ci reste optimiste quant à la situation économique vers l’extérieur qu’il qualifie de
« solide et confortable relativement ». Et pour cause, la dette extérieure de l’Algérie ne représente que 1.87% du PIB, soit 3 milliards de dollars. Par ailleurs, la baisse des importations, à 52.5 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de l’année dernière, contre 59 milliards de dollars durant la même période de 2014, n’a compensé que partiellement la baisse des exportations des hydrocarbures. Par ailleurs, le gouverneur a rappelé que la balance commerciale a connu un déficit de 18 milliards de dollars en 2015, or il était équilibré en 2014. En matière d’inflation, le rapport souligne que l’inflation au rythme annuel moyen est de nouveau croissante et elle a atteint 4,8% fin 2015.
Lamia Boufassa
