Apres avoir attendu patiemment que leur conditions de vie s’améliorent ,les non-voyants, notamment ceux ou celles qui habitent les zones rurales, interpellent pour la énième fois les pouvoirs publics et particulièrement le wali pour leur venir en aide, à travers des actions concrètes.
Se sentant marginalisée, cette frange de la société évoque le droit à un enseignement spécialisé, à un logement décent et un travail, à défaut d’une majoration de la pension fixée actuellement à 3000 Da/mois. Concernant le travail, il faut souligner que la loi oblige les entreprises publiques et privées à embaucher 1% de handicapés parmi les employés. Mais cette loi demeure toutefois non-appliquée. Pour ce qui est de l’apprentissage, il faut noter que ces ruraux non-voyants ne sont pas logés à la même enseigne que leurs camardes résidant le chef lieu de wilaya où il existe une école spécialisée qui leur apprend l’écriture en braille. Pour Lyes, un jeune non-voyant d’un village rural côtier âgé à peine de 14 ans, « vu qu’il n’existe pas d’école spécialisée au niveau de ma commune il m’est impossible de me déplacer quotidiennement à Ténès ou à Chlef distants respectivement de 45 et 80 kms pour suivre les cours appropriés, en sus, dira-t-il, qu’il me faut un accompagnateur pour me déplacer, d’autant plus confia-t-il que les revenus modestes de mes parents ne me permettent pas de réaliser mon rêve, à savoir étudier et fréquenter l’université». Quant au président ce l’association des non-voyants de Chlef, qui reconnait d’ailleurs que les revendications de ses pairs sont tout à fait légitimes dans un pays où devrait régner la justice sociale, il dira que «les non-voyants des zones rurales sont doublement pénalisés par rapport à leurs homologues des grands centres urbains car ne bénéficiant d’aucune structure spécialisée, de logement social, n’accèdent pas facilement au monde du travail, n’a de la gratuité des soins et le remboursement à 100% des médicaments». A cela s’ajoute, note le président de l’association des non-voyants, au niveau des zones rurales il n’existe malheureusement pas de lieux de rencontre pour cette catégorie de personnes pour qu’elle puisse se distraire à l’instar des autres citoyens». Par ailleurs si les mineurs non-voyants sont pris en charge par leurs parents respectifs, il en est autrement pour les personnes âgées et de surcroît mariées et ayant des enfants dont elles doivent impérativement subvenir aux besoins quotidiens en matière d’habillement, de nourriture, de soins ou de frais de scolarisation. Un cas parmi tant d’autres, celui d’un non-voyant répondant aux initiales A.M, âgé de 67 ans et père de 8 enfants qui dira en parlant au nom de ses camarades «nous sommes les damnés de la terre, sinon que peut-on faire avec une pension dont le montant frise le ridicule où le kilo d’haricot sec est vendu à 180 DA où un seul pantalon de qualité médiocre revient à plus de 1600 DA/pièce». Un autre non-voyant fera remarquer que «nous sommes marginalisés tout au long de l’année, sauf un jour (allusion faite à la célébration de la journée mondiale de l’handicapé) où comme par enchantement les pouvoirs publics découvrent qu’on existe ». Enfin il savoir que la wilaya de Chlef compte 2480 personnes non-voyantes recensées. Toutefois ce nombre estiment certains observateurs ne reflète pas la réalité sachant que les montagnards considèrent que la cécité d’un des leurs est « un destin de Dieu » et qu’ils ont l’obligation de les prendre en charge à n’importe quel prix.
Bencherki Otsmane