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Nigeria : Boko Haram étend son emprise le long de la frontière camerounaise

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Les islamistes nigérians du groupe armé Boko Haram ont pris le contrôle d’une nouvelle ville du nord-est du Nigeria, étendant leur emprise le long de la frontière avec l’extrême-nord du Cameroun. « Les combattants de Boko Haram ont investi Ashigashiya » dans la nuit de lundi à mardi, a affirmé à l’AFP un responsable de la police camerounaise dans la région, sous couvert de l’anonymat. Il n’y a pas eu de combat, les militaires nigérians déployés sur place ayant fui la ville pendant le week-end pour se réfugier au Cameroun, a indiqué ce responsable. À cheval sur la frontière, Ashigashiya est coupée en deux par un petit cours d’eau qui marque la frontière entre les deux pays. « Les Boko Haram veulent aussi avoir la mainmise sur la partie camerounaise de la ville, ils y ont fait une incursion cette nuit et ont égorgé trois personnes devant l’église catholique », a raconté la même source. Après le raid islamiste, « les gendarmes camerounais ont fui la brigade pour dormir à l’école de la ville. Lorsqu’ils ont tenté de réintégrer la gendarmerie ce matin, ils ont été accueillis par les tirs des Boko Haram » positionnés du côté nigérian de la cité, selon ce policier. Les gendarmes camerounais ont ensuite « quitté la ville » et « la dizaine de soldats (camerounais) qui étaient positionnés là sont également partis », a précisé ce responsable, s’alarmant d’une « situation qui se dégrade de jour en jour dans les villes frontalières ». Les soldats nigérians faisaient partie d’un groupe de près de 500 militaires du Nigeria qui avaient fui ce week-end les villes nigérianes d’Ashigashiya et de Kerawa, à la frontière avec le Cameroun, pour se réfugier en territoire camerounais. Selon l’armée nigériane, il ne s’agissait pas d’une fuite mais d’une « manoeuvre tactique de charge à travers la frontière ». Ces militaires nigérians ont été convoyés à Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-Nord camerounais, et devaient rentrer mardi dans leur pays.
À environ 250 km au nord d’Ashigashiya, les militaires camerounais tentaient mardi soir de contenir les insurgés de Boko Haram qui avaient pris la veille le contrôle de la ville nigériane de Gamboru Ngala où ils ont essayé – en vain – de faire exploser un pont qui relie le Nigeria au Cameroun. Selon une source sécuritaire contactée mardi soir, les soldats camerounais postés le long de la frontière tirent « depuis le matin » et tentent d’empêcher toute incursion de Boko Haram dans la ville camerounaise voisine de Fotokol. Les islamistes nigérians avaient attaqué lundi Gamboru Ngala, provoquant le repli des militaires nigérians de la ville à Fotokol, au Cameroun.
C’est ensuite que les militants de Boko Haram ont essayé de faire exploser le pont reliant Fotokol et Gamboru. Plusieurs blindés camerounais sont arrivés en renfort lundi soir, selon une source policière camerounaise. « Nous pensons qu’il y a beaucoup » de tués dans les rangs de Boko Haram, « mais ce n’est pas aisé d’en déterminer le nombre », a ajouté la source sécuritaire.
Selon la même source, un soldat du Bataillon d’intervention rapide (BIR), l’unité d’élite de l’armée camerounaise, a également été blessé dans ces échanges de tirs. La télévision publique camerounaise (CRTV) a fait état d’une vingtaine d’islamistes nigérians tués lundi et mardi, mais ce bilan n’a été confirmé par aucune source indépendante. « Nous avons beaucoup peur. Les bruits courent dans la ville que les Boko Haram cherchent à entrer. Beaucoup d’habitants ont déjà fui », a témoigné un habitant de Fotokol.
Les combattants de Boko Haram se sont emparés ce week-end de plusieurs autres localités de cette partie du nord-est du Nigeria, proche de la frontière camerounaise, y commettant de nouvelles exactions, a indiqué mardi un responsable local nigérian à l’AFP. Les insurgés islamistes ont notamment progressé sur environ 25 kilomètres vers le sud depuis Gwoza (État de Borno), ville que le chef de Boko Haram a déclaré être placée sous le règne du « califat islamique », dans une récente vidéo.
L’insurrection de Boko Haram, qui frappe principalement le nord-est du Nigeria, dure depuis cinq ans et a fait au moins 10 000 morts. Les attaques du groupe se sont intensifiées cette année, malgré l’instauration de l’état d’urgence et l’envoi de renforts militaires.

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