Du cauchemar de Kiev au rêve de Madrid: en ouvrant le score contre Tottenham (2-0) dès l’entame de la finale, Mohamed Salah a tracé la voie du sixième succès de Liverpool en Ligue des champions, un an après être sorti sur blessure au pire moment de sa carrière.
Installé à quelques encablures du stade Metropolitano, Sergio Ramos, son bourreau de la finale 2018, a-t-il eu un regard attendri devant son écran au moment où le penalty de l’ailier égyptien a trompé de manière heureuse Hugo Lloris (2e) ? Qu’importe. La prise du judo fatale du défenseur du Real Madrid à Kiev, qui l’avait contraint à sortir du terrain à peine après une demi-heure de jeu, et la cuisante défaite 3-1 des siens n’est plus qu’un lointain mauvais souvenir !
«Mo Salah, Mo Salah, Mo Salah»… Le «Pharaon», déjà dans les coeurs des «Scousers» à l’image du fameux chant à sa gloire, est définitivement entré dans la légende des «Reds» en offrant à Liverpool son premier titre depuis 2005.
Deuxième but le plus rapide de l’histoire
Il faut dire qu’un an après ses déboires sur la pelouse de l’Olimpiski, tout lui a cette fois réussi.
Après le centre de Sadio Mané, dévié par la poitrine puis par le bras de Moussa Sissoko, l’arbitre de la rencontre, Damir Skomina, n’a pas hésité à accorder un penalty sévère à Liverpool après à peine trente secondes de jeu. Sans même avoir besoin de recourir à l’assistance vidéo !
Salah, qui a vu son tir puissant passer juste au-dessus de l’épaule de Lloris, est devenu le deuxième buteur le plus rapide en finale de C1 en ouvrant le score après 1 minute 48 secondes (1-0, 2e).
Le héros malheureux de Kiev, qui a vu cette saison le championnat d’Angleterre lui passer sous le nez pour un petit point d’écart avec Manchester City (98 contre 97) malgré un exercice remarquable, pensait-il pouvoir briser la malédiction aussi vite ?
«J’espère que cela deviendra une réalité, que je marquerai en finale, puis que je remporterai la Coupe d’Afrique des Nations (disputée en Égypte à la fin du mois, NDLR)», avait-t-il confié quelques jours avant le grand-rendez-vous.
Le Ballon d’Or en ligne de mire ?
En attendant de connaître le dénouement de la CAN-2019, ce scénario en C1 s’est réalisé comme dans un rêve. De quoi lui tracer maintenant une voie royale vers le Ballon d’Or ?
En se montrant décisif en finale de la prestigieuse «Coupe aux grandes oreilles», qui plus est dans une année impaire où les deux monstres Cristiano Ronaldo et Lionel Messi n’ont pas brillé de mille feux, Salah s’impose de fait comme le favori N.1. Car après son incroyable première saison à Anfield, où il avait inscrit 44 buts au total, la question était: peut-il confirmer ? Moins flamboyant sur le plan statistique, il a fait encore mieux sur le plan des titres, critère majeur dans l’obtention du titre honorifique du meilleur joueur de la planète. Mal remis de sa blessure à l’épaule ainsi que de son Mondial décevant et énergivore avec l’Egypte, Salah avait pourtant peiné à lancer son exercice 2018-2019.
Après une longue mise en route, la mobylette cairote a retrouvé son rythme de croisière durant la deuxième partie de saison pour finir avec 26 buts toutes compétitions confondues. Ses 22 buts en Premier League lui ont même permis de terminer à nouveau meilleur buteur de la compétition, à égalité avec Pierre-Emerick Aubameyang (Arsenal) et Sadio Mané (Liverpool). Une prouesse remarquable. Mais attention à ne pas s’enflammer. Si Messi et «CR7» venaient à être hors-course, la menace principale pourrait venir toutefois de son ami et coéquipier sénégalais, tant le «Lion de la Teranga» s’est montré comme le plus régulier des membres du trio d’attaque des «Reds». Ex-aequo au niveau des titres et des statistiques individuelles, les deux hommes devront-ils être départagés par la CAN ? Avec un but de plus (5 contre 4) inscrit en Ligue des champions, et ô combien important, l’Egyptien reste en ballottage très favorable… Réponse définitive fin juillet !