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MESSAOUD BELAMBRI, PRÉSIDENT DU SNAPO, AU COURRIER D’ALGÉRIE : « C’est sûr qu’il y aura des incidences du coronavirus sur la disponibilité des médicaments en Algérie »

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Ce n’est que trop connu : l’Algérie, pour ses consommations en produits pharmaceutiques, dépend fortement de l’importation. L’on parle de plus d’un milliard – dans les un milliard et demi – de dollars annuellement. Cependant, une facture aussi salée n’a jamais été en mesure de régler les sempiternelles pénuries qui pénalisent les patients algériens. À cela s’ajoute, depuis quelques mois déjà, un autre aléa qui fait que la crise risque de s’accentuer : le nouveau coronavirus qui isole une bonne partie de l’Asie, où sont produites 80% des matières premières destinées à la production pharmaceutique, du reste du monde. Messaoud Belambri, président du Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO), n’écarte pas des incidences sur le marché algérien.

-Le Courrier d’Algérie : Le gros des médicaments est produit en Asie dont une grande partie est actuellement isolée du reste du monde. Cela a créé une grande pénurie, notamment en Europe. L’Algérie, en tant pays importateur, n’en est-elle pas touchée ?
-M. Messaoud Belambri : Pour le moment, nous n’avons reçu aucun signalement dans ce sens de la part de nos opérateurs. Il est vrai que la majorité de l’industrie pharmaceutique mondiale, même celles des pays occidentaux, importent leurs matières premières et autres intrants et excipients depuis la Chine et l’Inde, mais chez nous, nous n’avons reçu aucune information de la part de nos partenaires locaux faisant état de problèmes d’importation depuis l’Asie. Nous ignorons encore quelles proportions prendra cette épidémie de coronavirus. Notre pays reste en observation. Mais c’est sûr qu’il y aura des incidences directes ou indirectes du coronavirus sur la disponibilité des médicaments en Algérie. Elles ne sont peut-être pas encore perceptibles, mais le proche et moyen terme nous le diront. De notre côté, nous souhaitons qu’il y ait le moins d’impact possible sur notre marché, car déjà en situation normale, nous souffrons de tension et de pas mal de ruptures. Nous n’avons guère besoin de voir la situation s’aggraver.

-Justement, l’Algérie semble déterminée – notamment avec la politique du nouveau Président – de finir avec le « tout importé » et passer à une réelle production nationale. Qu’en est-il des produits pharmaceutiques ? Avons-nous les moyens matériels et humains d’assurer l’autosuffisance dans les années à venir?
-En finir avec le tout importé ne pourra pas se réaliser du jour au lendemain. C’est une politique qui doit s’inscrire dans la durée et la régularité. En 2016 et 2017, notre industrie pharmaceutique a connu un bond historique avec un taux de croissance de 17%. Mais, depuis, il y a une sorte de stagnation, pour ne pas dire de recul. D’abord la sécurité sociale a voulu supprimer les incitations à la production nationale dans le cadre du tiers payant, puis c’était une série de problèmes venus perturber le secteur de l’investissement en pharmacie industrielle qui a sérieusement mis à l’arrêt, sinon ralenti, la croissance des réalisations et des projet. Ajoutons à cela les difficultés de financement ou d’enregistrement des nouveaux produits inscrits dans le cadre de la production locale. L’année 2018 n’a pas été très favorable à l’épanouissement économique de notre pays, mais nous espérons que la stabilité politique enfin atteinte va permettre une stabilisation du marché et une relance de la production nationale. Les opérateurs en pharmacie ont établi, avec le concours du ministère de la Santé, une plateforme globale, contenant tous les problèmes rencontrés sur le plan réglementaire, technique et structurelle, avec des propositions de solutions. Nous espérons également que la création d’un ministère délégué à l’Industrie pharmaceutique qui, de plus, est géré par un connaisseur, va contribuer à réaliser les objectifs tracés aussi bien par le Gouvernement que par les acteurs de la pharmacie. Nous ne pensons pas assurer une totale autosuffisance, aucun pays n’a atteint cet objectif, mais au moins arriver à un taux de 70 à 75 %, surtout que l’Agence nationale des produits pharmaceutiques est en pleine restructuration avec une promesse enfin des Pouvoirs publics et du nouveau Gouvernement de la doter des moyens humains et matériels nécessaires pour son bon fonctionnement.
H. F.

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