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MEDJAHED PARLE DE L’ÉLITE ET SON RÔLE DANS LA CONCRÉTISATION DES ASPIRATIONS DU PEUPLE ALGÉRIEN : «Elle doit éclairer, orienter et guider et non pas se contenter de suivre !»

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Observateur très attentif de la situation politique et sécuritaire du pays, Abdelaziz Medjahed, général-major à la retraite et ancien commandant de la prestigieuse Académie interarmes de Cherchell, est revenu, hier, lors du  Forum du Courrier d’Algérie, sur la crise politique que traverse le pays depuis le mouvement de protestation des citoyens depuis plusieurs semaines contre le système en place.
Il a critiqué notamment, et en général, l’élite politique qui semble «en panne» de diriger et de transformer les revendications citoyennes sur le terrain politique, répondant ainsi aux politiques qui demandent à l’Institution militaire de mener seule le processus de transition politique dans le pays. Ce qui explique qu’aujourd’hui la voix du peuple est toujours enfermée dans l’anonymat, sans de véritables représentants et de porte-paroles.
Nombre d’observateurs soulignent en outre le fossé de taille qui s’est creusé entre une partie de la population et son élite politique. «Les élites doivent jouer leur rôle. Elles sont en retard parce qu’elles ont suivi le mouvement. Théoriquement, elles devaient être à la tête pour éclairer, orienter et guider et non pas se contenter de suivre», analyse Medjahed. «Si l’élite dans le pays veut jouer son rôle, c’est le moment, parce que les élites historiques sont celles qui font l’Histoire et non pas celles qui subissent l’Histoire», a-t-il ajouté.
Medjahed s’offusque aussi contre les partis politiques, aujourd’hui empêtrés dans leurs incohérences et la recherche de positionnement politique qui se traduisent à travers les nombreuses feuilles de route mises sur la table. «Les partis politiques, il faut aussi leur donner leur rôle. Il me semble qu’on est dans une phase où il faut se transcender et oublier le parti et penser à la patrie. C’est la patrie qui doit guider toutes nos actions. Le parti c’est OK, mais le parti n’est qu’une partie de la Patrie. Il faut s’élever au niveau de la Patrie pour bâtir l’Algérie souhaitée par notre peuple», a-t-il indiqué.
«Certains parmi eux [les hommes politiques] parlaient de la faillite du système depuis 1962. Qu’un jeune dise cela aujourd’hui, il a peut-être raison parce qu’on a failli à notre devoir et on n’a pas transmis. Mais que quelqu’un, prétendant être un homme politique, le dise, il n’a pas le droit. Pourquoi ? Parce que ce comportement ne permet pas de situer les erreurs et les insuffisances afin que l’on puisse les traiter», a-t-il noté.
«Pour qu’elles prennent leur destin en main, il faut premièrement qu’elles méritent la qualification d’élite (…). Mais le problème, on constate que beaucoup de ceux qui prétendent être l’élite, le peuple ne les suit pas», souligne-t-il, pointant comme argument le taux de participation durant les rendez-vous électoraux qui est le signe de la faillite des partis à mobiliser. Medjahed a fait savoir que les erreurs du passé peuvent se comprendre, étant donné que l’Etat algérien était jeune à l’époque (à l’Indépendance en 1962) et que « malgré cela, on a réalisé des miracles et l’Algérie a pu se maintenir debout ».

«On ne doit pas perdre les meilleurs des fils de l’Algérie»
Medjahed est revenu aussi sur le rejet, par une partie des manifestants dans la rue à travers les slogans soulevés, de certaines figures politiques et partisanes qui étaient pourtant des militants de première heure pour la démocratie en Algérie. « Quand je vois les slogans qui sont brandis, je me dis qu’il faut des fois peut-être rafraÎchir la mémoire aux jeunes et leur dire que durant notre histoire nationale on a fait des erreurs qui nous ont fait perdre les meilleurs des fils de l’Algérie. Ce n’était pas l’adversaire ou l’ennemi qui les a tués, mais ce sont malheureusement leurs frères», regrette Medjahed, citant les cas des martyrs Abane Ramtane, Chihani Bachir… etc, et Ramdane Lamamra, un diplomate chevronné qui a su défendre l’Algérie, notamment à l’ONU durant la décennie noire, rappelle l’invité du Forum, mais qui «aujourd’hui fait face à une vague de colère populaire».  Si l’Algérie a tenu à ce jour, «c’est qu’il y a des hommes et des femmes qui ont porté l’État malgré toutes les dérives des responsables», a-t-il souligné. Ajoutant, plus loin dans ses propos, qu’«une armée solide et bien équipée, avec un front interne soudé, c’est le véritable rempart contre toute tentative d’intrusion étrangère».
Hamid Mecheri

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