Le Maroc entretenait une hostilité « implacable » envers l’Algérie bien avant les accords d’Abraham, mais le seuil de tolérance d’Alger contre cette hostile attitude a été atteint en juillet lorsque l’ambassadeur marocain à l’ONU a distribué une note exprimant son soutien au mouvement terroriste MAK, estime l’expert en relations internationales, Yahia Zoubir.
Dans une analyse publiée lundi sur le site spécialisé The conversation.com, Zoubir, relève qu’ « avant les accords d’Abraham, les responsables marocains affichaient une hostilité implacable envers l’Algérie et à laquelle le gouvernement algérien n’a pas répondu ». Néanmoins, le seuil de tolérance d’Alger contre cette hostilité a été atteint à la mi-juillet lorsque l’ambassadeur du Maroc à l’ONU a distribué une note exprimant son soutien à l’organisation terroriste MAK. Cela a conduit l’Algérie à rappeler son ambassadeur au Maroc pour des « consultations et à demander au Maroc une clarification officielle, ce qu’Alger n’a jamais reçu’’. À compter du 24 août 2021, l’Algérie a décidé alors de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc. En effet, selon Yahia Zoubir, cette rupture est « le produit d’une longue histoire de tensions ». Au cours de la dernière décennie, » le Maroc a fait avancer ses intérêts, souvent au détriment de l’Algérie ». Ces « actes hostiles » envers l’Algérie sont à l’origine de cette rupture. En 1994, durant la décennie noire qu’a traversée l’Algérie, les autorités marocaines ont accusé à tort l’Algérie d’être à l’origine des attentats terroristes de l’hôtel Asni à Marrakech et a imposé, par la suite, des visas aux Algériens. Par réciprocité, l’Algérie a imposé des visas et a fermé ses frontières terrestres avec le Maroc, rappelle-t-il. Au cours des derniers mois, le professeur de relations internationales à Kedge Business School, relève deux événements qui ont exacerbé les tensions. Le premier était l’agression menée par les forces marocaines, le 13 novembre 2020, contre des Sahraouis qui manifestaient pacifiquement à El-Guerguerat. Ensuite, il y a eu le tweet de l’ex-président des États-Unis, Donald Trump, annonçant sa reconnaissance unilatérale de la prétendue souveraineté marocaine au Sahara occidental. L’Algérie a perçu ces deux décisions comme « une menace réelle pour sa sécurité nationale », note l’auteur. L’autre acte hostile a été le scandale d’espionnage révélé par un consortium de médias « Forbidden Stories » et Amnesty International. Selon les révélations sur l’affaire Pegasus, du nom du logiciel espion commercialisé par la société israélienne NSO, le Maroc a ciblé 6 000 Algériens, dont de hauts responsables. En termes d’impact, Zoubir estime que le projet de l’Union du Maghreb, créé en 1989 est devenu depuis 1996 « moribond en raison des tensions répétées.’’ La rupture risque aussi, pour lui, d’ « entraîner des réalignements géopolitiques. » Mais tout dépendra de savoir si le Maroc intensifiera les tensions en utilisant la carte israélienne contre l’Algérie, ou s’il cherchera à réduire les tensions ».
M. Bendib