La numérisation de toutes les Institutions de l’État et l’utilisation des nouvelles technologies pour simplifier les procédures, est une des plus importantes instructions données par le président Abdelmadjid Tebboune au gouvernement. Elle a été certainement suivie d’effet puisque l’on apprend que le processus de transformation numérique en Algérie a connu en 2022 une accélération soutenue avec le lancement du portail gouvernemental des services publics et de la plateforme de l’investisseur visant à rapprocher davantage l’administration du citoyen en assurant des prestations de qualité. Mais, en apparence, la Protection civile fait exception si l’on en juge par l’appel lancé par cette institution pour annoncer l’organisation d’un concours de recrutement de 50 médecins au grade de lieutenant. La lecture de la liste des documents à fournir pour constituer le dossier d’inscription au concours, est en elle-même une véritable épreuve. Un nombre impressionnant de documents est exigé, cela est normal pour une institution aussi sensible que la Protection civile qui doit veiller scrupuleusement à la bonne qualité de ses recrutements. Mais ce qui devrait sembler anormal, c’est que les documents sont exigés sous forme papier alors que la démarche de numérisation est censée conduire à un allègement substantiel de la quantité de papiers utilisés pour un dossier de recrutement, la paperasse, comme on dit. Voilà le cas d’un concours de recrutement dans le secteur public, habituel, banal, qui n’a rien d’exceptionnel, mais qui se distingue par la somme de papiers qui sera utilisée. Dans d’autres secteurs en contact direct avec le citoyen, il y a aussi encore du chemin à faire pour lui épargner les papiers à remplir au stylo et à la main, parfois les mêmes papiers remis en deux exemplaires à des administrations différentes pour le même problème, les allers-retours fatigants et qui font perdre du temps à cause d’une information mal donnée par l’administration ou mal comprise par l’administré,… La simplification des mesures administratives et la garantie de services publics de qualité au citoyen, reste un objectif à atteindre. On l’a peut-être vite oublié, le Sommet arabe tenu à Alger les 1er et 2 novembre 2022, avec 21 États représentés par 17 chefs d’État et de gouvernement (3e sommet le plus représentatif dans les annales des sommets arabes), a été le premier sommet sans papier. Lors des précédents sommets, jusqu’à une tonne et demie de papier ont été utilisées, avec la distribution, à chaque réunion, de 150 exemplaires aux responsables présents. L’exploit- un Sommet arabe « zéro papier »-, l’Algérie l’a réussi grâce au développement réalisé dans le domaine numérique dans plusieurs secteurs, avait expliqué à ce moment le directeur de la modernisation de l’action diplomatique au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Okba Chabi. Cette expérience qui a permis de faire de grandes économies sur le papier et le matériel d’impression, a nécessité moins de ressources humaines et a fait gagner un temps précieux, autant de facteurs qui ont encouragé la dématérialisation de l’opération et la tenue d’un sommet zéro papier, en l’occurrence le sommet que l’Algérie a l’honneur d’abriter, avait-il précisé. Mais il a fallu beaucoup travailler pour concrétiser ce qui était une simple idée au départ : constituer un groupe de travail technique et spécialisé, tenir des réunions préparatoires de manière dématérialisée grâce à des logiciels prévus à cet effet, préparer des écrans d’affichage dynamiques diffusant du contenu et permettant d’informer les délégations en temps réel d’éventuels changements, mise à disposition de toutes les délégations d’ordinateurs dotés d’une technologie de pointe pour pouvoir consulter directement sur ces appareils les projets de décisions et suivre toute modification en temps réel, et au final, la préservation de l’environnement à travers le stockage et l’archivage des documents et le recours à la signature électronique. Si l’Algérie a réussi à tenir un Sommet arabe, sans utiliser de papier, une institution peut organiser un concours de recrutement avec moins de papier qu’avant. Qui peut le plus, peut le moins.
M’hamed Rebah