En reconnaissant l’assassinat de l’avocat et militant FLN, Ali Boumendjel, par la France coloniale, le président français Emmanuel Macron n’a reconnu qu’un crime parmi les milliers d’abominations commises par l’armée coloniale contre le peuple algérien.
L’aveu qu’une certaine presse d’outre-mer voudrait présenter comme un geste fort qui mérite la réciprocité de la part de l’Algérie, s’inscrirait peut être dans une logique de repentance de la France, mais il n’est que symbolique tant la responsabilité des soldats français dans l’enlèvement et l’assassinat du nationaliste Boumendjel était établie depuis des lustres, bien avant l’indépendance. La France officielle s’attendrait, selon certains analystes français, à une contrepartie de la part des autorités algériennes, un geste qui laisserait espérer, selon eux, l’établissement de relations apaisées entre les deux pays.
Ces analystes qui se recrutent surtout dans le camp de la droite et l’extrême-droite espèrent que l’Algérie offre son pardon aux harkis en reconnaissant leur statut. Rien que ça… Mais ce qu’ils omettent de dire est que la reconnaissance du statut des harkis est un problème franco-français. L’Algérie considère les anciens supplétifs de l’armée française, les goumiers, les spahis et autres harkis, qui ont choisi de s’expatrier après l’indépendance comme des citoyens français qui ont renoncé à leur nationalité d’origine.
Vouloir imposer à l’Algérie de leur reconnaître un statut, celui-ci ne pourrait être que celui de traitre ayant combattu aux côtés de l’armée d’occupation et s’étant opposé, sous une forme ou une autre à la volonté d’indépendance du peuple, exprimée à travers la déclaration du 1e novembre 1954 et la révolution armée. Mieux encore, des journalistes français ont investi les plateaux de certaines télévisions pour affirmer que la reconnaissance de Macron de la responsabilité de l’armée de son pays dans l’enlèvement et l’assassinat d’Ali Boumendjel s’inscrit dans les recommandations du rapport de Benjamin Stora qui avait affirmé que la repentance passe par une reconnaissance des crimes commis de part et d‘autre.
L’armée coloniale est coupable de crimes contre l’humanité commis en Algérie et vouloir mettre sur un pied d’égalité un martyr de la révolution, assassiné froidement par les paras d’Aussaresses et un supplétif ou un soldat français tué au cours d’un combat où le rapport de force était inégal, est un non-sens et cela la France officielle devrait le comprendre une fois pour toute si elle aspire réellement à des relations apaisées avec l’Algérie. Le reste n’est que verbiage de Zemmour et ceux qui partagent ses idées et sa haine de tout ce qui n’est pas Gaulois (même si lui ne l’est pas) et qu’ils déversent à longueur de journées sur les chaînes de télévision et les colonnes de certains journaux.
Slimane Ben