Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, Lyès Merabet, invité hier au forum du Courrier d’Algérie, a qualifié la situation sanitaire actuelle d’inquiétante signalant que celle-ci risque de se compliquer davantage dans les prochains jours, voire les prochaines semaines.
Pour le Dr Merabet, il n’y a pas de doutes, il y a tous les éléments d’une nouvelle vague de la pandémie, ce qui veut dire que la quatrième vague a officiellement commencé. Il expliquera, dans ce sens, que le nombre des contaminations a commencé à augmenter depuis la mi-novembre dernier. Au niveau des structures de santé, notamment dans les wilayas du Nord et du Centre du pays, les consultations et les hospitalisations augmentent de manière constante, a-t-il ajouté, soulignant que c’est à partir du mois de décembre 2021 que la tension a commencé sérieusement à se faire sentir au niveau des structures hospitalières, à la faveur de la chute des températures.
« Des manquements en moyens dans les hôpitaux »
Pour faire face à cette nouvelle vague, Lyès Merabet a fait savoir que des recommandations ont été retenues le 4 novembre dernier, lors d’une journée d’évaluation organisée par le ministère de la Santé, où il a été question de la nécessité de mieux organiser la prise en charge des malades Covid-19, mais pour ce qui est de la mobilisation des moyens de traitement et d’exploration, il a, cependant, fait état de plusieurs manquements dans ce domaine. Dr Merabet dira que depuis la troisième vague, vécue le mois de juillet dernier, il n’y a pas eu de grands efforts dans ce sens.
À l’exception des concentrateurs et des générateurs d’oxygène déployés grâce à la solidarité nationale et la contribution des donateurs, des associations et de la diaspora, beaucoup de matériels utilisés pour la prise en charge des malades mais aussi pour assurer la protection des soignants vient toujours à manquer. Le président du SNPSP évoque, dans ce cadre, le problème de stockage et de l’entretien des équipements, à commencer par le masque à oxygène qui fait défaut dans beaucoup d’hôpitaux. Il évoque également les médicaments, les lits d’hospitalisation et les lits de réanimations, qu’il faut mettre en place rapidement, pour faire face à cette situation d’urgence.
Il évoque également les médicaments, les lits d’hospitalisation et les lits de réanimations, qu’il faut mettre en place rapidement, pour faire face à cette situation d’urgence.
Pour Dr Merabet, il n’est pas possible de dire si l’on est prêt ou pas à faire face à une nouvelle vague car chaque situation est différente, rappellant au passage que la deuxième et la troisième vague n’étaient pas du tout vécues de la même façon.
« Le pass vaccinal boostera l’opération de vaccination »
Réitérant son appel sur la nécessité de se faire vacciner, Lyes Merabet a estimé que la mise en place du pass vaccinal est l’un des moyens qui permettra de booster la campagne de vaccination contre le Covid qui est à l’arrêt en Algérie, en raison, a-t-il regretté, de la réticence exprimée par les citoyens mais aussi par les professionnels de la Santé. Il rappellera, dans ce sens, avoir été depuis son lancement, adepte pour la vaccination qui représente, a-t-il estimé, le meilleur moyen de protection. « C’est prouvé ! Dans tous les pays qui ont avancé dans la campagne vaccinale, et malgré qu’ils subissent d’autres vagues, ils arrivent à maitriser la situation. Le nombre de décès dans ces pays est très acceptable. Ceci montre que la vaccination a un intérêt majeur », dira l’invité du forum. Pour atteindre les objectifs en matière de vaccination, permettant d’arriver à l’immunité collective, Merabet recommande d’aller vers cette démarche à savoir le pass vaccinal de manière graduelle et ciblée, comme cela s’est fait en Europe.
443 morts et 20 000 cas parmi le personnel médical
Évoquant, par ailleurs, la situation des professionnels de la Santé, qui sont en première ligne dans la lutte contre la pandémie depuis son avènement en 2019, Lyes Merabet décrit un personnel fatigué et dépassé par la pression du travail. D’ailleurs, il a fait état de 20 000 cas de contaminations au Covid-19 parmi le personnel soignant tous corps confondus et dans les deux secteurs (public et privé). « Il y a eu des cas qui ont nécessité l’hospitalisation, l’admission en réanimation, et il y a eu aussi 443 cas de décès » a-t-il déploré. « Rien que pour cette dernière semaine, nous avons enregistré 4 décès », a-t-il ajouté. Une occasion pour l’invité du forum de lancer un appel aux autorités afin de mettre à la disposition du personnel soignant plus de moyens de protection, et surtout un accompagnement sur le plan psychologique et médical. Le président du SNPSP a également appelé à dispenser du travail les femmes enceintes de la corporation à partir du 6ème mois de grossesse.
Ania Nch.