Tout en réfutant la proposition d’aller vers une Assemblée constituante, pour pouvoir assurer la transition politique dans le pays, le Pr Chems Eddine Chitour a plaidé hier, pour la mise en place d’un Comité de sages qui sera dirigée par des personnalités pouvant faire l’unanimité, tels, cite-t-il, Mouloud Hamrouche, Ahmed Benbitour ou encore Mokdad Sifi.
Intervenant, au Forum du journal El Moudjahid, le professeur à l’École Polytechnique d’Alger a indiqué qu’on «n’a pas de temps à perdre pour sortir de la crise actuelle». «Le système est buté et c’est dommage qu’il continue à vouloir rester», a-t-il analysé, considérant que celui-ci doit partir «de manière élégante» selon son propos.
Assurant que les solutions existent, l’intervenant a signalé que «les juristes peuvent faire des lectures pour pouvoir trouver une issue conformément à la Loi fondamentale du pays, mais si cela n’est pas possible, la Constitution n’est pas le Coran». «Si la Constitution risque de démolir mon pays, je démolirais la Constitution», a-t-il encore martelé. Tout en rappelant que le pouvoir a, à plusieurs reprises, tordu la Constitution et qu’il peut le faire encore une fois pour redresser les choses. L’ancien conseiller de Mouloud Hamrouche a indiqué qu’il est temps de «déconstruire ce qu’ils nous ont forcé à admettre depuis 57 ans».
Pour ce qui est des solutions proposées, l’hôte du Forum d’El Moudjahid, a plaidé pour «la mise en place d’un Comité de sages conduit par une personnalité acceptée par le Hirak». Donnant des noms sur les personnalités qui peuvent diriger ce comité, le Pr Chitour a cité les anciens chefs de gouvernement. Ce n’est pas tout, celui-ci a également proposé de nommer des représentants du Hirak au sein de ce comité, mais à condition qu’ils ne soient pas des «agitateurs». En ce qui concerne les propositions formulées par les juristes pour la sortie de crise, l’intervenant a approuvé la proposition qu’Abdelkader Bensalah nomme une personnalité de consensus à la tête du Conseil constitutionnel et démissionner par la suite. «Cette personnalité assurera la transition pour une période définie», a-t-il,observé.
Également, dans son plan de sortie de crise, le Pr Chitour a, en outre, reconnu que les élections ne peuvent avoir lieu le 4 juillet prochain. «Le 4 juillet n’est pas une date fatidique. On peut aller à des élections le 1er Novembre ce qui nous permettra de souffler», a-t-il proposé en indiquant que le plus important est de définir la manière avec laquelle la transition sera gérée. Invité à donner son avis sur le rôle de l’Armée dans la transition, le Pr Chitour a assuré que «l’ANP n’est pas une force de répression». «L’Armée est populaire, elle a la mission de protéger le pays», a-t-il soutenu en reconnaissant, toutefois, que celle-ci n’est pas sortie du pouvoir. En ce qui concerne la grève des étudiants, le professeur de thermodynamique à l’École Polytechnique d’Alger, a appelé à trouver «d’autres moyens de contestations tout en préservant l’université et l’économie nationale». D’ailleurs, en termes de défis auxquels est confronté le pays, l’hôte du Forum a précisé que «deux problèmes se profilent à l’horizon, à savoir la transition économique et la refonte de l’École». «Il est temps d’aller vers la légitimité du savoir et de la connaissance», a-t-il préconisé, en appelant «à tenir l’École loin des perturbations».
Lamia Boufassa