Alors qu’une campagne d’éradication de l’informel et des marchés parallèles avait été engagée en 2012, le phénomène n’a malheureusement pas disparu. L’UGCAA, qui signale l’augmentation de ces points de vente, propose le renforcement de contrôle, mais aussi de la rigueur dans l’opération.
Le commerce informel a été et continue d’être au centre des débats. Un sujet quotidiennement traité par les titres de presse puisque le phénomène existe toujours et prend de plus en plus d’ampleur, et ce, malgré la lutte entamée par les autorités, il y a trois ans. C’était en tout cas ce qui a été abordé, hier, au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), aile El-Hadj-Tahar Boulenouar lors d’une conférence de presse consacrée, en effet, au commerce informel et l’organisation des marchés de gros. À ce titre, Boulenouar a considéré que la méthode engagée par le ministère du Commerce et celui de l’Intérieur dans l’éradication et la lutte contre ce fléau a «échoué». «La solution n’est pas de déployer des agents de sécurité ou d’employer la force avec ces commerçants, mais plutôt de se tourner vers la source d’où provient la marchandise», a-t-il souligné. Ces marchés informels, poursuit Boulenouar, sont automatiquement approvisionnés par des fournisseurs qui sont la principale cause de ce fléau. Il serait donc plus juste, selon le conférencier, «s’il ya réellement une volonté de lutter contre l’informel», de renforcer le contrôle et d’appliquer les lois sur ces fournisseurs qu’ils soient importateurs ou producteurs locaux. De plus, il est nécessaire, propose Boulenouar, de procéder rapidement à la mise en place du réseau national de distribution, qui tarde à voir le jour, puisque le taux de réalisation de ce projet n’a même pas atteint les 30%. Si ce réseau a été installé dans les délais fixés, il aurait pu éradiquer au moins 60% de ces points de vente illégaux, explique le représentant de l’UGCCA, précisant qu’au niveau national il existe plus de 30 marchés de gros, 800 marchés de détail et, enfin, 1 000 marchés de proximité. Il existe cependant, déplore Boulenouar, plus de 1 500 points de vente informels à travers le pays. S’agissant d’autre part de l’organisation de marchés de gros en Algérie, celle-ci laisserait à désirer, révèle le porte-parole de l’UGCAA. Il reconnaît que l’opération nécessite un effort considérable de la part des responsables, tenant compte de la situation désastreuse qui y règne. Les marchés de gros sont gérés anarchiquement et n’ont même pas une bonne administration. Boulenouar considère que ces marchés non-organisés sont la cause de l’inflation et la non-stabilité des prix. Pour remédier à la situation, le conférencier propose en premier lieu de soustraire la gestion de ces marchés aux communes et la soumettre aux institutions étatiques, affiliées au ministère du Commerce. «Il n’est plus possible que les APC continuent de gérer ces marchés qui approvisionnent plusieurs régions dans le pays», s’est-il indigné. Il faudra également, insiste-t-il, d’assainir l’Entreprise de gestion des marchés de gros de fruits et légumes, Magro, de la bureaucratie. Boulenouar considère, dans le même cadre d’idées, qu’il n’est pas possible d’adhérer à l’Organisation mondiale du commerce, OMC, si l’Algérie n’arrive même pas à organiser son commerce intérieur.
Ania Nait Chalal