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L’EXPERT BOUDERBA CONTREDIT LE GOUVERNEMENT : «Le système de la Sécurité sociale n’est pas au bout de la faillite»

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L’ancien syndicaliste et expert en questions sociales, Nourredine Bouderba, a passé au crible le système de sécurité sociale en Algérie, essentiellement, le volet relatif aux déficits des caisses, considérant que celui-ci est « loin d’être au bout de la faillite». Et pour cause, l’Algérie possède un «potentiel énorme» en mesure de préserver la pérennité du système. Dans le détail, il a précisé que «la population algérienne est dans son ensemble, très jeune», d’autant plus que «les Algériens âgés de plus de 60 ans ne représentent que 9% et les dépenses de retraite ne dépassent pas 6% du PIB». Par conséquent, reconnaissant que les caisses connaissent des déficits, Bouderba, qui s’exprimait hier, sur les ondes de la Radio algérienne, dans l’émission l’Invité de la Rédaction, a, toutefois, considéré qu’il «n’y a pas de nécessité à entreprendre des réformes tel ce que l’on veut nous imposer». Analysant les raisons du déficit que connaît la Caisse nationale des retraites (CNR), l’expert a précisé que «les pouvoirs publics n’ont rien fait pour mobiliser des ressources financières dormantes au profit de la CNAS». «Entre 40% et 50% des recettes actuelles de la CNAS ne sont pas récoltées », a-t-il avancé en langue des chiffres, avant de pointer du doigt le fait que «beaucoup de dépenses effectuées par la sécurité sociale, sont au dos de la CNAS», or qu’elles «auraient dû être à la charge du Trésor public». À cela s’ajoutent les «frais de gestion énormes des caisses, qu’on peut réduire de la moitié et la mauvaise gouvernance». «LA SUPPRESSION DE LA RETRAITE ANTICIPÉE A AGGRAVÉ LA SITUATION» En ce qui concerne la question de la suppression de la retraite anticipée, l’intervenant a précisé que «celle-ci a contribué à l’aggravation du déficit ». Donnant plus d’explications à ce sujet, il a rappelé que «l’ordonnance 97-04 qui a institué la retraite anticipée date de 1997. Or, la CNR, de 2000 à 2012, n’a jamais eu de problèmes, elle a toujours été équilibrée». «Comment expliquer que de 2012 à ce jour, tout d’un coup tous les voyants deviennent rouges ? On ne peut pas dire que c’est à cause de ces deux retraites parce que jusqu’à 2012 il n’y avait pas de problèmes», s’est-il étonné. «Le ministre du Travail de l’époque, Mohamed El Ghazi avait déclaré devant le Conseil de la nation qu’avec la suppression des deux retraites (sous condition d’âge et proportionnelle), le système va retrouver ses équilibres, à l’horizon 2019- 2020. Nous sommes en 2019, non seulement le système n’a pas retrouvé son équilibre mais la situation s’est aggravée», a-t-il déclaré, en indiquant que «la moindre des choses, c’est d’analyser les raisons de cet échec».

600 MILLIARDS DE DINARS DE RESSOURCES NON MOBILISÉS

Poussant plus loin, l’intervenant a fait observer que le «le premier problème que connait le système de la Sécurité sociale est un problème de mobilisation des ressources». En effet, en langue des chiffres Bouderba a rappelé qu’en 2018, la masse salariale nationale était de 5 300 milliards de dinars et dans la mesure où «toute cette masse salariale était soumise à la cotisation sociale dont le taux est fixé à 34,5%, les recettes potentielles de tous les systèmes seraient de 1 825 milliards de dinars». L’expert a expliqué que «si on enlève les 225 milliards de dinars affectés à la caisse des militaires et à la caisse des cadres supérieurs de l’État, il devrait rester à la CNR et à la CNAS 1 600 milliards de dinars par année», sachant que les recettes réelles s’élèvent à 1 000 milliards de dinars. Ainsi, il a signalé que «600 milliards de dinars sont dans la nature», considérant que «si on arrive à les mobiliser, on peut arriver à l’équilibre ». Autrement, selon lui, les problèmes de la Sécurité sociale sont «le faible taux d’activité, l’évasion sociale et les sous-déclarations».

Lamia Boufassa

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