Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est allé au bout de ses engagements en approuvant dimanche, en Conseil des ministres, les nouveaux statuts particuliers des travailleurs de l’Éducation nationale et de la Santé (voir article ci-dessous).
Une décision que les partenaires sociaux n’ont pas manqué de saluer tout en remerciant le Président de l’importance qu’il accorde à ces deux secteurs stratégiques.
Lyès Mérabet, Président du SNPSP : Dans ce sens, le Président du syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyès Mérabet, a exprimé hier dans un entretient téléphonique qu’il a accordé au Courrier d’Algérie, ses remerciement envers le Président de la République pour l’engagement qu’il a tenu notamment envers les professionnels de la Santé et pour son accompagnement durant tout ce processus qui a abouti dimanche à l’approbation des statuts particuliers et son engagement à ce qu’il soit concrétiser avant la fin de l’année. Mérabet espère que l’application de ces statuts se fasse rapidement et avec effet rétroactif à partir de janvier 2024.
Une demande d’audience auprès de Saihi
Le représentant du SNPSP a toutefois souligné que les regards sont maintenant tournés vers le ministre de la Santé afin qu’il organise une réunion et donner aux partenaires sociaux plus d’informations et de détails autour de ces nouveaux statuts. « Notre syndicat a demandé audience auprès du ministre. Nous attendons d’être reçus pour discuter de ces nouveaux textes dont nous ignorons le contenu. Cela nous permettra de faire l’évaluation à notre niveau », a expliqué Mérabet. Il a été question, à cette occasion pour notre interlocuteur, de rappeler que les syndicats de la santé n’ont pas été associés au travail de révision des statuts. « Les discussions autour de ce dossier ont très vite été interrompues et ce depuis le mois d’août 2022 », a regretté Mérabet avant de relever que le syndicat avait à l’époque fait part de ses propositions dans l’espoir de les voir aboutir dans le cadre des nouveaux textes. Il citera, entre autres, la création de nouveaux grades, la création de nouveaux postes supérieurs, la révision des conditions d’accessibilité aux promotions aux grades et aux postes supérieurs. Le syndicat avait aussi proposé, ajoute Mérabet, de revoir les dispositions réglementaires qui régissent le volume horaire des professionnels de la Santé de manière générale et le corps médical en particulier et aussi des propositions dans le cadre du régime indemnitaire.
Messaoud Boudiba, porte-parole du CNAPEST : De son côté, le porte-parole du Cnapest, Messaoud Boudiba, a émis le souhait de voir la consolidation des acquis sociaux arrachés par le passé dans le nouveau texte approuvé, hier, en Conseil des ministres. «Maintenant que le texte est approuvé par le Conseil des ministres, il ne nous reste qu’à souhaiter qu’il n’y a pas eu de retour sur les acquis en faveur des enseignants qui ont été arrachés par le passé. Espérons qu’il sera à la hauteur des attentes», a-t-il souligné. Boudiba a tenu à noter, dans ce sens, que les partenaires sociaux n’ont pas été conviés à l’élaboration du texte avant son approbation, et ce depuis le début du processus il y a trois ans. « Nous ne pouvons faire part de notre point de vu final tant que nous n’avons pas pris connaissance des nouveaux textes », a-t-il ajouté.
Boualem Amoura, SG du SATEF : Pour sa part, le Secrétaire général des travailleurs de l’éducation et de la formation, Boualem Amoura, a estimé que bien que le nouveau statut permettra « certainement » de mieux organiser la vie professionnelle des travailleurs en fixant les missions et les prérogatives de chacun, il ne réglera pas, selon lui, le problème de « l’érosion » du pouvoir d’achat. Regrettant d’avoir été écarté du processus de révision élaboré par une commission (adhoc), Amoura a affirmé ne pas pouvoir apporter de jugement sur un dossier dont il ignore le contenu. Ce qui est sûr en tout cas, pour le syndicaliste, c’est que l’accent devait être mis sur la nécessité de revoir le régime indemnitaire qui a, selon lui, plus d’impact sur le pouvoir d’achat des professionnels du secteur. «Il est plus important de revoir le régime indemnitaire, car il a un impact direct sur le pouvoir d’achat des enseignants. Vous savez, la révision des statuts se fait dans les limites de la Fonction publique où le secteur de l’Éducation nationale est un des maillons parmi tant d’autres. La marge de manœuvre dans le cadre de la Fonction publique reste restreinte. C’est pour cela que nous appelons à revoir le régime indemnitaire car c’est par son biais qu’on peut améliorer les conditions des enseignants», a-t-il préconisé.
Ania N.
AUSSITÔT LES NOUVEAUX STATUTS APPROUVÉS
Saâdaoui réunit les syndicats de son secteur
Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Seghir Saâdaoui, a réuni hier l’ensemble des représentants des syndicats de l’Éducation nationale, aussitôt après l’approbation du nouveau statut du secteur en Conseil des ministres. Les syndicats ont été invités par le ministre afin de prendre connaissance de la nouvelle mouture et de ses grands axes. À noter qu’à l’heure où nous mettons sous presse, la réunion se poursuit toujours.
Ania N.
Ce que prévoient les nouveaux textes
Le président de la République a tenu son engagement selon lequel les statuts de l’Éducation nationale et de la Santé soient finalisés et approuvés avant la fin de l’année 2024.
Après avoir été renvoyés pour révision et enrichissement à plusieurs reprises, les textes relatifs aux statuts des travailleurs de l’éducation et de la santé ont été approuvés, dimanche, en Conseil des ministres. Le Président a, auparavant, exigé à chaque fois des textes qui soient à la hauteur des attentes des affiliés de ces deux secteurs auxquels il accorde une grande importance. Le Président a à cet effet ordonné au gouvernement de prendre des mesures supplémentaires concernant la retraite des enseignants, en tenant compte de la spécificité de cette noble profession et des difficultés de son exercice, à condition que ces mesures soient détaillées dans un décret exécutif. Il a en outre souhaité que le nouveau statut de la santé contribue à une meilleure compréhension et prise en charge des préoccupations des hommes et des femmes du secteur, et à l’amélioration de leurs performances. Rappelant que l’approbation de ses deux projets est le couronnement d’un effort soutenu auquel ont contribué les organisations syndicales agrées auprès des deux secteurs, en prenant en considération les remarques et avis formulés lors des récentes rencontres de concertation avec certains syndicats.
Éducation: un nouveau grade et possibilité de réduction de l’âge de départ à la retraite
Pour le projet de loi portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l’Éducation nationale, prévoit, entre autres, «le maintien des acquis positifs contenus dans le texte en vigueur couvrant l’ensemble des catégories, corps et grades, la définition des missions essentielles, tous grades et corps confondus, l’attribution des missions pédagogiques et éducatives aux personnels enseignants en fonction de la spécialité , le mérite et la compétitivité, l’amélioration de la classification des grades de base, tout en bénéficiant des dispositions transitoires qui permettent l’intégration dans des grades supérieurs, la création d’un nouveau grade (enseignant distingué) dans le parcours professionnel des enseignants, la valorisation des diplômes pour la promotion et l’intégration dans le parcours professionnel », et la possibilité de bénéficier d’une réduction de l’âge de départ à la retraite de 3 à 5 ans. Selon le communiqué, le projet prévoit également de «définir les passerelles et les voies de promotion », avec « la possibilité pour les enseignants de bénéficier d’une adaptation du volume horaire en vue de préparer une qualification scientifique dans leur domaine de spécialité ». Le projet offre également «la possibilité pour le personnel enseignant d’occuper des postes supérieurs structurels au sein de l’administration centrale, des services décentralisés et des établissements publics sous tutelle en rapport avec leurs missions », ainsi que d’un congé de mobilité professionnelle rémunéré pour approfondir leurs connaissances dans leur domaine de spécialisation ». Parmi les mesures figurent également «la réduction du volume horaire hebdomadaire pour les enseignants des trois cycles éducatifs et les employés de l’Éducation classée dans la 10e catégorie ou plus, et la diminution, à deux ans scolaires au minimum, de la durée d’exercice dans le poste pour participer aux mouvements de transfert ». En outre, le projet prévoit «la mise en place d’un parcours professionnel pour le personnel de la restauration scolaire, la prise en charge des employés insérés via le dispositif d’aide à l’insertion professionnelle dans l’enseignement primaire à travers la promotion de leur classification tout en leur créant un parcours professionnel ».La même source a affirmé que «l’État protège les employés contre les menaces et les agressions ». Ces droits et obligations «entreront en vigueur dès la promulgation du texte conformément aux modalités prévues par la loi», ajoute la même source.
Santé : motiver les corps médicaux et paramédicaux
L’adoption du Conseil des ministres du statut particulier des corps médical et paramédical, qui englobe les médecins spécialistes, les médecins généralistes, les chirurgiens-dentistes, les pharmaciens, les paramédicaux, les sages-femmes, les anesthésistes, les biologistes, les psychologues, les professeurs d’enseignement paramédical, et les physiologistes, joui d’une attention particulière du Président de la République. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il a été renvoyé à la révision pour l’enrichir après un passage rejeté en Conseil des ministres il y a quelques mois. Le Président de la République a félicité les corps de ce secteur stratégique et vital de la nation, pour l’achèvement de l’élaboration de la mouture finale de la loi, souhaitant que cette dernière contribue à une meilleure compréhension et prise en charge des préoccupations des hommes et des femmes du secteur, et à l’amélioration de leurs performances. Le Président Tebboune a, en outre, salué le haut degré de responsabilité ayant prévalu entre toutes les parties pour aboutir à cette mouture finale de la loi. Cette approbation des nouveaux statuts devrait entrer en vigueur dès la parution du décret présidentiel le concernant. C’était donc l’étape finale avant l’entrée en application de ce texte tant attendu. Alors que les syndicats du secteur de la santé avaient formulé certaines revendications, le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi, s’était à chaque fois montré rassurant sur le contenu du nouveau texte promettant une mouture très avantageuse pour les professionnels de santé. C’était d’ailleurs la volonté du président Tebboune qui a insisté à maintes reprises dans ses interventions sur la nécessité de prendre en charge les préoccupations des professionnels de la santé. Le président Tebboune avait mis l’accent notamment sur l’importance de «motiver les médecins et les paramédicaux en créant une atmosphère socioprofessionnelle optimale» dans un contexte marqué par le départ chaque année de milliers de médecins vers l’étranger à la recherche de meilleures conditions économiques. Dans ce sens, il avait instruit le ministère de la Santé de présenter un texte qui soit à la hauteur de l’importance du secteur sanitaire et aux attentes de ses affiliés. En novembre dernier, le ministre de la Santé Abdelhak Saïhi avait déclaré au Parlement que les nouveaux statuts allaient comporter «des mesures avantageuses, notamment en ce qui concerne la valorisation de la carrière professionnelle des personnels du secteur». Il avait promis que le nouveau texte allait assurer une «prise en charge totale des préoccupations des travailleurs du secteur» et garantir «un meilleur parcours professionnel».
Sarah O.