Ira-t-on vers une forte dépréciation du dinar ? cette question est posée de plus en plus ces derniers temps au regard de l’évolution de la balance des paiements qui enregistre ses premiers déficits depuis plus d’une décennie. Le mauvais sort est donc jeté sur l’économie nationale. La baisse du prix du pétrole qui s’ajoute à la dévaluation du dinar contribuent fortement à la dégradation de l’économie du pays, selon les spécialistes. À en croire le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, des fluctuations ayant également induit une baisse de 4,32% de la parité moyenne dinar-euro au premier semestre 2014, laquelle s’est accompagnée d’une hausse de 2,31% de la parité dinar-dollar. Voulant être rassurant, cette baisse de la parité jugée est minime, si l’on prend en compte la situation des marchés des changes ainsi que le déficit de la balance des paiements. Cependant, dans la perspective de déficits plus importants de la balance des paiements, économistes et opérateurs économiques s’inquiètent de l’évolution du taux de change et de la répercussion sur les prix à la consommation finale. Selon l’économiste et ex-cadre de la Banque centrale, Mohamed Gharnaout, «si l’on s’en tient aux dernières statistiques du FMI, il y actuellement une appréciation de l’ordre de 5 à 16% du taux de change effectif réel selon les deux méthodes qui sont utilisées par la Banque centrale pour le calcul du niveau d’équilibre. Ce qui veut dire que le dinar est actuellement surévalué. Pour que le taux de change effectif réel retrouve son niveau d’équilibre, il faut une dévaluation». Il pense cependant qu’«une dévaluation conduit fatalement à un renchérissement des produits importés, qu’ils soient de consommation ou de production, et donc à l’inflation. Gharnaout estime également que «dans un pays comme le nôtre, où le taux d’intérêt ne joue pas son rôle normatif d’attraction de l’épargne pour agir sur le niveau des prix des biens et services et, par ricochet, juguler le niveau d’inflation, cette dernière devient inévitable avec des impacts au niveau du pouvoir d’achat des citoyens, notamment les plus vulnérables, alors que les transferts et les subventions des produits ont atteint des niveaux élevés. L’augmentation des taux d’intérêt pourrait remettre en cause toute la politique de maintien des entreprises publiques moribondes et la politique de l’investissement et donc de l’emploi». Mohamed Gharnaout pense aussi que «la dévaluation est inévitable si les pouvoirs publics veulent avoir une balance des paiements soutenable et promouvoir une politique des exportations hors hydrocarbures, c’est-à-dire une diversification de la base économique et, partant, des exportations alors que l’on s’approche des horizons de 2030 de la fin des exportations du pétrole et 2050 du gaz». Comme suggestion, il appelle les autorités à entamer des réformes sérieuses du climat des affaires et des autres contraintes qui entravent la création d’entreprises, qu’elles soient locales ou étrangères. Ce qui implique également une réforme du régime des importations et des mouvements de capitaux. Les opérateurs économiques, au-delà de l’impact de la dépréciation du dinar en termes de perte de change, ont du mal à comprendre les critères présidant à la gestion du taux de change. Un meilleur dialogue et une meilleure compréhension de la gestion du taux de change permettraient aux opérateurs économiques d’établir des prévisions et de mieux se prémunir contre les risques, au lieu de subir les fluctuations comme c’est le cas aujourd’hui.
Synthèse I. B.