Le bonheur des uns fait le malheur des autres. L’Algérie qui fait face depuis quelques mois, à la chute des prix du pétrole, se voit décidément confrontée à une nouvelle concurrence dans le marché du gaz naturel.
La nouvelle de la découverte du plus grand gisement de gaz en Méditerranée en Egypte ne pouvait pas mieux tomber pour le président égyptien, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, au moment où son pays fait face à une crise économique lancinante, liée à une forte poussée démographique et à une demande en énergie croissante que ses ressources et ses infrastructures sont incapables de satisfaire. Mais quelles sont les répercussions de cette découverte sur l’économie algérienne ? Une chose est sûre, l’Algérie qui fait face à la concurrence qatarie et russe pour l’approvisionnement du marché européen en gaz naturel sera confrontée à un nouvel adversaire, d’ici quelques années, à savoir l’égypte. Pour rappel, le groupe pétrolier italien ENI a annoncé, dimanche 30 août, la découverte d’un énorme gisement gazier à une centaine de kilomètres des côtes de l’Egypte. La compagnie le présente comme « le plus important jamais trouvé en Méditerranée ». Il dépasserait la taille de « Léviathan », le gisement mis à jour au large d’Israël en 2010 mais qui, lui, fait l’objet d’un litige entre l’Etat hébreu, le Liban et Chypre. Baptisé « Zohr », ce nouveau champ géant renfermerait 850 milliards de mètres cubes, l’équivalent de 5,5 milliards de barils de pétrole. C’est une excellente nouvelle pour l’ENI, société fortement implantée en Egypte (et dans la Libye voisine), où elle prospecte depuis sa création en 1953. Elle détient 100 % de la licence d’exploitation et son patron, Claudio Descalzi, a indiqué que les coûts d’exploitation relativement bas l’incitaient à faire cavalier seul, sans partager les risques et les coûts avec d’autres majors, comme le font souvent les groupes pétroliers. ENI devrait avoir comme seul partenaire la compagnie nationale égyptienne du pétrole et du gaz.
Il est à noter que le plus important marché gazier pour l’Algérie est le sud de l’Europe mais la concurrence qatarie et russe est là, en attendant, que l’Egypte rentre en lice. L’Égypte pourrait facilement éclipser l’Algérie sur le marché du gaz naturel d’ici quelques années, en lui limitant ses exportations futures de cette matière qui a fait d’elle l’un des plus importants exportateurs au monde. Surtout que l’égypte se situe dans une région stratégique, lui permettant de transporter le gaz à bas prix vers l’autre côté de la Méditerranée.
Dans tous les cas de figures, la nouvelle découverte impose à l’Algérie de revoir la feuille de route énergétique, vu que celle-ci vient bouleverser la carte énergétique de la région, d’autant plus que l’Egypte faisait partie de ses clients en termes de gaz naturel.
Aussi, selon les spécialistes, les besoins européens sont grands et pourraient arriver 550 milliards de m3 en 2030, s’élever à ce qui veut dire que l’Europe restera dépendante à 85%, ce qui nous pousse à affirmer la nécessité de se repositionner rapidement. L’Algérie a enregistré une baisse de sa production gazière ces dernières années, due essentiellement au recul de la production de Hassi R’mel, plus grand champ gazier qui est en production depuis 1961.
Face au déclin de la production, Sonatrach a décidé d’intensifier l’exploration et le développement de nouveaux gisements. Son plan d’investissement qui s’étale de 2015 à 2019 est doté de 90 milliards de dollars. Elle prévoit à travers ce plan l’augmentation des réserves, l’intensification de l’effort de recherche et la réalisation de forages en offshore. Reste à savoir, si ce plan répondra aux nouvelles données du marché !
Lamia Boufassa
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