C’est dans un contexte de haute tension que près de 50 millions de Turcs ont été appelés, pour une seconde fois, en l’espace de moins de cinq mois, à aller voter, hier, pour les législatives. Scrutin-test, pour la seconde fois pour le parti du président, Recep Tayyip Erdogan qui, outre qu’il a perdu sa majorité, a du mal à construire des alliances pour qu’elles ne soient qu’en sa faveur. Situation peu confortable pour le parti islamiste qui a propulsé Recep Tayyip Erdogan pour occuper, depuis treize ans, les plus hautes fonctions dans les institutions, du Premier ministre, à celui de chef de d’état, mais que la conjoncture actuelle met la formation de Recep Tayyip Erdogan sur une nouvelle voie, autre que celle que le AKP a emprunté jusque-là. Ayant perdu la majorité parlementaire, lors du dernier scrutin, le bras droit du président Erdogan ayant échoué dans la mission de former un gouvernement avec d’autres forces politiques, les Turcs ont été appelés pour un autre vote législatif, «un scrutin de la crise», comme l’ont souligné des observateurs avisés. Lesquels experts ont indiqué, avant la tenue dudit scrutin, que les donnes et les raisons à l’origine du net recul enregistré par le parti islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, lors du précédent scrutin législatif, de juin dernier, sont les mêmes qui défieront la tendance des résultats du vote qui s’est déroulé, hier, et donc pas de majorité absolue pour l’AKP. Il sera très difficile, en effet, de voir le parti de la Justice et du développement (AKP) reprendre la majorité absolue qu’il a perdue en l’espace de moins de cinq mois, du rendez-vous électoral, qui s’est déroulé, hier, en Turquie, même si le président turc et sa formation politique ont misé sur la donne de la sécurité et de l’unité du pays, sur fond des tensions avec les Kurdes et les derniers attentats qu’a connus le pays. Les votants ont imposé, faut-il le souligner, une nouvelle situation politique et la tendance de l’opinion dans ce pays est de plus en plus en défaveur de la politique et des choix de l’AKP. En offrant, en effet, plus de sièges parlementaires à l’opposition, les électeurs ont décidé de ne plus voir la majorité absolue au Parlement revenir au parti islamo-conservateur d’Erdogan. Décision que si elle est porteuse de messages significatif et lourd de sens. Par ce refus de voir, en effet, encore l’AKP régner en maître sur la vie politique du pays, les Turcs ont exprimé fortement leur désaccord avec la politique et les orientations du parti d’Erdogan et aussi avec le traitement par l’AKP des questions sensibles, dont celles relatives à la politique étrangère et la notamment la question des Kurdes. Il est à noter que le scrutin d’hier intervient suite à l’incapacité du Parti de la justice et du développement (AKP), depuis 2002, de constituer un gouvernement, après avoir été mis en minorité au Parlement, lors du scrutin de juin dernier. Entre les deux élections, plusieurs régions de Turquie ont basculé dans l’insurrection suite à la reprise du conflit kurde en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdoğan espère renouer avec la majorité absolue, ce qui lui ouvrira la voix pour réformer la Constitution en vue de présidentialiser le régime turc. Le scrutin législatif, d’hier, en Turquie, ne va pas dans la tendance de ses résultats attendus, augmenter le nombre de siège parlementaire pour l’AKP, pour reconquérir la majorité absolue, qu’il semble avoir perdu pour longtemps, selon des observateurs avisés. Les sondages ont indiqué, à ce propos, avant le jour “J”, que l’AKP «ne ferait pas mieux dans les résultats, qu’il y a cinq mois». Pour plus de 50 millions d’électeurs, il y a eu hier, 75 000 bureaux de vote répartis à travers la Turquie, à l’occasion du scrutin législatif, décisif pour le pays et aussi pour la formation politique de Recep Tayyip Erdogan. Notons qu’il y a eu 16 partis et 21 candidats indépendants qui ont pris part à cette 26e élection législative, à laquelle ont assisté 300 observateurs internationaux et s’est déroulé sous haute surveillance, avec près de 400 000 policiers et gendarmes déployés pour sécuriser ce rendez-vous électoral. Il est à rappeler que les résultats du scrutin législatif, de juin dernier, ont donné quatre partis vainqueurs et ont dépassé le seuil de 10% des voix, alors que le Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 13 ans, venait de perdre 9% et donc la majorité absolue dont il jouissait auparavant, au Parlement turc, et que le AKP a de sérieuses difficultés pour reconquérir cette majorité absolue.
Karima Bennour