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LE YÉMEN ATTEINT TROIS CIBLES ISRAÉLIENNES PAR DRONES : Une riposte à portée stratégique et symbolique

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En une seule journée, le Yémen a démontré que sa solidarité avec la Palestine ne relevait pas seulement de la rhétorique.

Les forces armées yéménites ont frappé vendredi trois cibles stratégiques israéliennes par drones, tandis que des marées humaines déferlaient dans les Prues de Sanaâ et d’autres villes pour affirmer un soutien massif à Ghaza. Cette double action — militaire et populaire — porte un message fort : l’occupation israélienne est désormais contestée bien au-delà des frontières palestiniennes, et l’inaction des puissances régionales ou internationales ne fera que nourrir la détermination des peuples.

Selon le général Yahya Saree, porte-parole des forces armées yéménites, trois drones ont été déployés pour frapper simultanément l’aéroport de Lod, dans la région de Yaffa occupée, ainsi que deux infrastructures vitales à Beer Sheva et Asqalan. Ces cibles ne sont pas choisies au hasard. L’aéroport de Lod est une porte d’entrée majeure vers Israël, à haute valeur économique et symbolique. Beer Sheva et Asqalan, situées en profondeur du territoire occupé, sont des nœuds logistiques et énergétiques essentiels. Ces frappes ne visent pas uniquement à infliger des dégâts matériels. Elles sont pensées comme une démonstration de capacité : la résistance yéménite, malgré le blocus et la guerre qui l’assaillent depuis près d’une décennie, conserve la maîtrise de technologies capables de traverser des centaines de kilomètres pour atteindre des objectifs précis. Ce message n’est pas seulement destiné à Israël, mais aussi aux autres forces de la région, pour rappeler que la résistance n’est pas cantonnée à Ghaza ou au Liban. Le général Saree l’a affirmé sans détour : ces opérations sont une réponse aux crimes de génocide et à la famine imposée aux Palestiniens. En les plaçant dans le cadre d’une riposte morale et politique, il ancre ces frappes dans une logique de « défense des opprimés » qui transcende les frontières nationales. Ces frappes ajoutent une pression supplémentaire à Israël, déjà confronté à des tensions sur plusieurs lignes de front : Ghaza, la frontière nord avec le Liban, et désormais des menaces venues du sud de la péninsule Arabique. La multiplication des points de tension réduit la capacité israélienne à concentrer ses ressources militaires sur un seul théâtre d’opération. Sur le plan militaire, les attaques de drones ont une valeur tactique limitée comparée aux bombardements massifs subis par Ghaza. Mais leur portée stratégique est bien plus importante : elles sapent l’image d’Israël comme forteresse invulnérable et montrent que la technologie des drones n’est plus l’apanage des grandes puissances. Ce changement de paradigme militaire renforce le sentiment, dans le camp de la résistance, que la suprématie technologique israélienne et occidentale peut être contournée. L’avertissement lancé par les forces yéménites aux compagnies maritimes constitue un autre front de la confrontation. En menaçant de cibler tout navire en lien avec les ports de la Palestine occupée, le Yémen se positionne sur le terrain économique et logistique. Dans un contexte où le commerce maritime reste vital pour l’économie israélienne, la perspective de voir ses routes d’approvisionnement perturbées par des attaques ciblées fait planer un risque financier et politique considérable. La portée symbolique est également forte : bloquer l’accès maritime, c’est réactiver le spectre d’un isolement international qui touche directement la population et les élites économiques.

La rue comme champ de bataille politique

Pendant que les drones sillonnaient le ciel, les rues de Sanaâ et de nombreuses villes yéménites vibraient au rythme de manifestations massives. La « millioniya » organisée à la place du 70 à Sanaâ, intitulée « Fermes aux côtés de Ghaza… et pleinement prêts à affronter toutes les conspirations », a réuni des foules impressionnantes, brandissant drapeaux palestiniens et slogans contre l’occupation. Ces mobilisations populaires ne sont pas de simples gestes de compassion. Elles constituent un acte politique en soi. En occupant massivement l’espace public, les manifestants réaffirment que la cause palestinienne reste au cœur des priorités populaires, même dans un pays ravagé par la guerre et la crise humanitaire. Cette constance a une portée régionale : elle met en lumière le fossé croissant entre la volonté des peuples et les choix politiques de certains régimes arabes qui se rapprochent d’Israël. Les discours prononcés à Sanaa ont placé la question d’Al-Aqsa, de La Mecque et de Médine au centre du débat. Les manifestants ont averti que l’abandon de la défense d’AlQods ne ferait qu’encourager l’ennemi à avancer dans son projet d’« Israël élargie », menaçant les lieux saints de l’islam. Ce lien direct entre Ghaza, Al-Aqsa et les sanctuaires de La Mecque et Médine inscrit la lutte dans une dimension civilisationnelle, mobilisant des références religieuses capables de toucher l’ensemble du monde musulman. Ce discours a une portée mobilisatrice considérable : il transforme la solidarité avec la Palestine en un devoir religieux et moral, au-delà des considérations politiques ou géographiques. Les manifestants yéménites ont également dénoncé les pressions internationales visant à désarmer les mouvements de résistance en Palestine et au Liban. Ils voient dans ces manœuvres une extension directe de l’agression contre la nation arabe et islamique. En plaçant cette revendication dans le contexte global de l’offensive israélo-américaine, le Yémen relie la lutte palestinienne à une bataille plus large contre ce qu’il perçoit comme une stratégie de domination régionale. La mobilisation populaire agit ici comme un contrepoids symbolique aux négociations politiques et diplomatiques qui cherchent à neutraliser la résistance.

L’action militaire se conjugue à la mobilisation populaire

La journée de vendredi illustre une articulation rare entre action militaire et mobilisation populaire. Les frappes de drones et les manifestations ne sont pas deux événements isolés : ils se renforcent mutuellement. Les opérations militaires donnent un contenu concret au soutien proclamé dans la rue, tandis que la mobilisation populaire légitime et amplifie la portée politique des frappes. Cette complémentarité envoie un message stratégique : la résistance ne se limite pas aux actions armées, et le soutien populaire ne se réduit pas à un simple geste symbolique. Ensemble, ils construisent une force politique et militaire capable de peser sur la dynamique régionale. Le Yémen, en agissant simultanément sur le plan militaire et populaire, adresse un avertissement clair aux puissances régionales et internationales : la cause palestinienne ne peut être étouffée par des accords diplomatiques ou des campagnes médiatiques. Le message est double. D’un côté, il s’adresse aux peuples arabes et musulmans : « Si vous ne vous levez pas aujourd’hui pour Ghaza, quand le ferez-vous ? » De l’autre, il vise les régimes accusés de trahison ou de complicité, leur rappelant que l’histoire retiendra non seulement les crimes, mais aussi les silences et les abandons. Enfin, la portée symbolique de ces événements réside aussi dans la guerre de récits. Les images de drones frappant des cibles israéliennes, combinées à celles de foules immenses en soutien à Ghaza, façonnent une contre-narration puissante face aux discours occidentaux qui cherchent à isoler la résistance palestinienne. Dans ce récit, le Yémen apparaît comme un acteur central d’un front élargi, prêt à assumer des coûts économiques, politiques et militaires pour soutenir la Palestine. Cette image, relayée dans le monde arabe et au-delà, nourrit un capital symbolique que ni les bombes ni les blocus ne peuvent effacer.

M. Seghilani 

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