Dans le secteur des mines en Algérie, la relance effective des activités, longtemps ralenties, voire arrêtée, a été concrétisée par les mégaprojets visant le renforcement de la contribution des richesses minières aux efforts de diversification de l’économie nationale.
Conformément aux orientations du président Abdelmadjid Tebboune, le secteur des mines est devenu prioritaire. Dans ce sens, 2023 peut être considérée comme « l’année du secteur minier par excellence », marquée par le début des opérations de traitement du minerai de fer du gisement stratégique de Gara Djebilet (Tindouf). L’intérêt pour l’exploitation des mines remonte aux premières années de l’indépendance. En décembre 1965, en tenant son congrès constitutif, la Fédération des travailleurs des mines et carrières a demandé l’ouverture des mines abandonnées en même temps que l’adoption du statut du mineur. Quelques mois après, en mai 1966, dans son allocution à l’occasion de la commémoration des massacres du 8 mai 1945, le regretté président Houari Boumediène affirmait la volonté de l’Algérie de reprendre possession de ses richesses naturelles et annonçait la nationalisation des entreprises minières (dont celle de Gara Djebilet, confiée au BAREM, Bureau algérien des recherches minières, créé en 1964). L’industrialisation doit s’appuyer sur l’exploitation des matières premières dont celles tirées des mines, expliquait le président Boumediène. Évidemment, cette mesure de souveraineté nationale n’a pas été du goût de tout le monde. Quelques jours après, une campagne anti algérienne a été déclenchée à partir du Maroc. Moins d’un an après, en février 1967, lors de la réunion des présidents d’Assemblée populaire communale (APC), le président BoumediÈne a révélé qu’une coalition de pays occidentaux a empêché la commercialisation des produits des mines nationalisées. La nationalisation des mines en mai 1966 a fait une exception: la société du Djebel Onk (SDO). Les raisons : la SDO a été créée après l’indépendance et l’Algérie a acquis 33% dans la société avec une clause pour une remontée vers 50% dès l’entrée en production et il était convenu que le président de la SDO serait nommé par les autorités algériennes. En 1966, la SDO est entrée en production et l’Algérie a eu 50% du capital. En mai 1967, le BAREM est dissous et remplacé par la SONAREM (Société nationale de recherches et d’exploitations minières) qui prend le relais dans la gestion des mines.
En novembre 1967, la Sonarem prend en charge l’exploitation de la mine du Djebel Onk. C’est dans ce contexte que les responsables algériens avaient formalisé un des principes de leur politique économique : « l’Algérie ne permettra plus qu’une richesse tirée de son sol soit génératrice d’effets économiques plus grands dans un autre pays que le sien ». La Sonarem s’est attelée à former son personnel qualifié et surtout à faire l’inventaire des ressources minières avec la coopération de pays amis qui avaient déjà aidé l’Algérie à se libérer du colonialisme français durant la lutte armée. Fin janvier 1968 le président Boumédiène visitait la mine du Zaccar et annonçait 50% d’augmentation des salaires.
En mai 2025, les richesses minières sont mises au service du développement économique national. Citons la mine de fer de Gara Djebilet à Béchar, en exploitation depuis juillet 2022, le projet de zinc et de plomb à Oued Amizour à Béjaïa (34 millions de tonnes de réserves), et le projet du phosphate intégré à Tébessa, visant à faire de l’Algérie un exportateur clé d’engrais. Au plan institutionnel, le remaniement ministériel opéré le 18 novembre dernier par le président Tebboune, a créé un secrétariat d’État chargé des Mines, confié à Mme Karima Tafer, auprès du ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables. Au plan réglementaire, le secteur minier sera renforcé par une nouvelle loi qui a pour objectif de créer un environnement juridique propice et favorable au développement de l’industrie minière et un cadre incitatif aux investisseurs, outre la promotion du transfert de la technologie.
M’hamed Rebah